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Cette trop brève impression lui en fut délicieuse
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 Article publié le 8 juin 2014.

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La naissance d’un beau vice en une cervelle naïve est pour moi aussi poignante qu’un soleil levant.

Elle était pourtant alors bien hideuse à voir. Et surtout à entendre. Comme elle tentait d’échapper par tous les moyens à son rôle imposé. Ses jérémiades même proférées avec douceur n’étaient pas facilement tenables. C’était en elle. Alors. Enfin. Bien installé. Comme l’âcre révolution de tous ses refoulements qui la reprenait sans prévenir. A l’image des manies de grand-mère, soudain saisie de démence tranquille, comme entichée du son lointain des javas.

Il n’y fallait plus devoir résister. Son instinct la poussa ainsi à se laisser porter par des envies trop longtemps réprimées, ainsi que la yole se laissant entraîner d’une voile gonflée soudain avec vigueur. Un acteur, le visage recouvert de fard, aurait alors put ressortir ce même discours en vue d’effrayer son auditoire jusqu’en ses entrailles digestives... Avec un effet très efficace... Une grande force d’évidence. Cela par ses seules expressions. La surface des mots employés. Discours. Répliques. Monologues dont le sens importait moins que le déferlement d’éloquence rare.

 Puisqu’ils étaient somme toutes convenus. Déjà rabâchés tant de fois par tant de personnes avant eux. C’était cette sempiternelle et incurable basse de caverne grave des respectabilités dont la frêle jeune femme se faisait en changeant de voix l’étrange, l’inénarrable, l’implacable, la délicieuse et très cruelle autant qu’involontaire interprète.

Bien entendu, le mérite ne lui en revenait pas directement (La puissance de son imagination équivalent de fait au sursaut d’une poule de basse court évitant un coup de bec rival...).

Non, non, il n’y avait rien là qui révélait de son initiative. De fait c’était simplement là l’esprit des Familles agissant. Tout puissant. En son petit corps. Si riche et bigarré. Esprit dont elle se faisait à l’instant l’implacable porte-voix... Toujours fidèle et appliquée dans sa tache de transmetteur zélé...

Elle continua longtemps de parler ainsi suivant ce ton nouveau. Celui simulé bien des mois auparavant face à la glace de sa chambre solitaire.

Le génie du lieu, le génie familial s’emparait d’elle, dictant à ses membres leurs gestes, dictant à ses paroles leur inflexion. Des sous-entendus. Des remarques imprégnées de vilenies.

Des scènes qu’elle aurait dû vivre autrefois. Des époques dont elle aurait dû humer l’air sous d’autres costumes et côtoyant bien d’autres figurants.

Tout un désordre de manigances. Tout ce que l’on peut concevoir de plus écœurant chez quelqu’un que l’on estimait ou révérait précédemment. Mais qui se mettrait à vous trahir avec toute l’application d’un écolier torchant avec soin une gentille composition devant lui obtenir la moyenne pour sauver son trimestre. Un véritable concert de dissonances alors s’imposa à son esprit. Son crâne était une caverne gorgée de chauve-souris. Sa verve tenait de l’image délétère. Des restants d’une vase allant toujours l’écœurant. En refluant vers sa gorge, ainsi qu’un trop long remords... L’eau de la rade boueuse toute entière remontant vers sa glotte. Tel un repas mal digéré. Paroles mêlées d’un limon dont on ne connaîtrait jamais l’exacte composition. Ils semblait qu’une somme d’écœurements inédits et millénaires s’emparaient d’elle toute entière pour la perdre vers des confins de rancune... Mais cependant cette énergie en elle se manifestait.

(Depuis longtemps cela oppressait sa conscience... Ainsi qu’une canicule... Ses membres de fait avaient bien du mal à coordonner leurs gestes. Une pesanteur en fixait la célérité. Elle ne parvenait plus à se mouvoir avec tant d’aisance...). Ses proches même étaient surpris de la voir comme convulsée intérieurement. Malgré ce sympathique air volontaire qu’elle essayait à tous moments de se donner. Comme maman se retroussant les manches pour repasser. Aller chercher le courrier. Accompagner sa mère aux courses. Riant comme autrefois. Le front toujours ébloui d’un beau jour de printemps. (Elle paraissait aussi tranquille que maman, convenablement sautée encore, comme elles adoraient l’être lorsqu’elles s’étaient montrées assez garces pour qu’on veuille très à fond les punir une fois abolies les ennuyeuses conventions du jour... Lorsqu’au fond des lits à baldaquins l’heure de vérité sonne enfin pour des corps excédés de démarches sans issue ou de labeur sans intérêt... Autre que celui du plaisir seul légitime pour ce type de consciences.

Toutes ces apparences de sa voix ou de ses gestes, des pétales couvrant chaudement leur vipère, antique image trouvant là une nouvelle fois sa vérification...

Et c’était sa voix. Toujours. C’étaient ses mêmes gestes. C’étaient ses mêmes mots. C’était encore cette diversité fleurie constituant jusque là sa personne dressée sur ses talons bien plantés au sol... C’était son activité d’abeille ne trompant plus. Autrefois tous ses faits dédiés aux plus adorables complicités. Ces mouvements involontaires qu’elle se surprenait à voir servir à la destruction d’un être l’époque d’avant encore béni sous le déferlement de ses soins.

Sous couver de sagesse et d’assurance. Un petit chiard ne met pas c’est certain plus de hargne à détruire les débuts d’un travail méritant. Par seul désir d’envoyer foutre les efforts soigneux de son pédagogue. Oisillon chieur sur sa branche soudain tout satisfait de son adresse négative.

On ne soupçonne pas la puissance de l’instinct de conservation dans un petit crâne bourgeois.

Ni la force de ses désirs. Ou de ses violences. De celles calquées sur les autres. Ou de tous les poisons fermentant en ses fibres.

Sous sa chevelure toujours bien peignée on comprend quelle petite révolution c’était... Le ciel embrasé du jour de l’an par tous ses superbes feux d’artifice était soufflé largement en comparaison de toute cette lutte intérieure... Ces horreurs, ces épouvantes, tout ces masques devaient avoir pour origine des souvenirs d’enfance mal éteints. Comme on n’arrive pas à faire totalement taire l’obscurité dans une pièce qu’étoilent ça et là de trop perfides lumignons.

 

Non, tous les mignons parfums ne pourraient couvrir ces senteurs fatales encore bien longtemps.

Alors qu’elle se croyait jusqu’alors bien vierge de toute perfidie. Toujours propre. Pleine d’égards pour tous. À sourire sans fin dans les réceptions. Surtout bien incapable d’une mauvaise pensée. La raie des fesses toujours bien savonnée. Pour fleurer toujours si bon la rose au nez de ses prétendants. Faire reluire ses bracelets sous le lustre en fleur d’éclats. Il fallut revenir illico de ce rôle de confort. Elle demeura des mois interdite. Suite à la rupture qu’elle déclencha... Ce merdouillage dont elle était toute chose de se savoir l’auteur... Comme on se débarrasse d’une menace en plongeant son visage dans la nuit des rideaux... Ou de la couette ornée de grandes fleurs mauves toujours superbement dessinées. Comment avait-elle pu ? Louise se voyait donc enfin capable d’une action énergique. Il fallait qu’elle s’isole. En conséquence. Afin d’oublier son méchant rôle. Cette crasse à laquelle elle se trouvait en butte. Crasse de meule impossible à effacer de ses mains pures. Il fallait que quelqu’un se décide enfin à l’emporter au loin. Explorer la profondeur d’un refuge. Loin des atteintes sombres du monde extérieur...

Filer le cap de cet esprit si persuasif de ce conjoint désigné par le ciel pour asseoir les repères de sa plate existence. Puis, passer le temps des palabres graves, retrouver ses petites copines. Rallumer le foyer des confidences.

Pour papoter des heures. Sur des riens. S’étourdir de vide et d’aperçus mièvres de réalités sans consistance. Comme à saint-germain. À s’en tartiner la cervelle sur les petits fours des réceptions. Cela pour à tout prix oublier cette inconsistance de son passé. Se rénover toute une mémoire traversée de pauvres, de erres ombrageux, de prières ou de savants bouquets.

 Ne voulant plus rien entendre. S’échapper pour une fois à soi même.

Il en fallait passer par ce type de trahison pour devenir enfin femme. Et femme comme il faut. Allez !

 Sans doute que cette diarrhée violente qu’elle subissait depuis un mois serait l’unique et seul effet secondaire épiloguant toute cette romance. Espérons le. Elle si constipée autrefois, elle ne décollait plus de la selle depuis quelques temps. C’était jusqu’à s’en sentir entièrement vidée de la substance de sa santé. Telle une clepsydre le serait de son temps précieux. En attendant il lui fallait très souvent se coller sur le trône, afin d’y vider à point toute la matière de son désarroi...

D’y sentir en excréments chauds, onctueux, se vider encore toute sa misère si pesante à son estomac. Aussi vidée alors qu’une tragédienne de toute sa verve onctueuse à verser aux oreilles pâmées des esthètes assoupis.

L’heure enfin du plus entier soulagement.

Comme on se met à mordre un bout de bois. Alors que l’on vous extrait la balle fichée dans votre chair. Mal nécessaire et incontournable qui vous brûlera en vitesse, avant de vous trouver libérée, et cela au prix d’un peu de mercurochrome. Pour vous trouver à nouveau disposée à de nouvelles aventures à pouvoir rêver jusqu’au soir. On ne fait pas plus pratique, en fait de belle conscience.

L’air maussade et piteux, elle alla même, ironie des actes, prier pour le malheureux, l’exilé de l’an nouveau. Le banni total des joyeuses fêtes de village. Histoire de sceller cette bonne conscience à laquelle elle avait droit comme une autre après tout... Visant ce faisant cet assentiment du ciel indispensable pour pouvoir à nouveau convoiter l’avenir d’un œil vainqueur. À nouveau fière et gourmande. Prête à rendre si fiers tous ses proches. Parfaisant son maquillage.

Convoitant sous la pesanteur des braguettes les roustons chauds des plus solides possédants.

Le piège serait ainsi prêt à se refermer sur une autre personne.

 La fleur carnivore affûtait à nouveau son mécanisme. Quelques bizarreries seraient à nouveau permises. L’atavisme malsain où l’on devinait l’intrication de nouveaux crimes, de nouvelles résolutions aussitôt évanouies que jurées par des lèvres de sang.

Cela empêchait à une véritable épure de pouvoir retentir et filer les comportements de la jolie famille.

La complication des pensées devait continuer de couver sous les motifs simples des phrases.

Des choses inavouées. Un désordre dont on ne pouvait se montrer si fier.

Des étourderies dans l’œil, longues à chavirer vers les régions du malaise le plus tranquille. (Ainsi sa consistance fondait, asperge offerte aux canicules, affaissée sans plus de fixité...

La chair maigre de son corps exsangue, amaigrie, nourrie seulement le midi d’une bien mince laitue... Qu’elle s’annonce d’une certaine façon. Le mal. L’ombre des arbres enflée de pluie. L’ambiance de la nuit autour d’elle n’en avait pas fini d’agiter son repos ni sa tranquillité.

Il lui fallut coucher alors dans son lit lugubre et froid... Puis encore émettre nombre de vocalises étouffées, tout en mordant l’édredon trempé des pleurs de la peau d’une toute nouvelle solitude.

 

Accroître un chant tissé d’astres sonores par ses blessures.

Murmurer son horreur seule dans cette obscurité de cloître ou d’hospice.

Un séjour nouveau et rénové dans le placard de l’enfance.

Un nouvel exil funèbre et paradoxal, puisque voisiné de tant de connaissances assidues à vous tourmenter, depuis le temps qu’on se les imagine. Mais des connaissances dont les paroles à elle adressées ne signifiaient pas grand chose, perdues qu’elles étaient dans un flux continu de redites piteuses et de potins rebattus. Elle se figurait pour échapper à ce mal toutes sortes d’images...

Les jovialités rassurantes. Les rires lents des compagnies faciles. Les aperçus de campagne incendiées de gloire. Les ambiances n’ayant plus jamais eu lieu vraiment, depuis les boudoirs du XVIIIème. Et toute la ville emportée par un grand vent de musique, lorsque chacun pouvait se croire relié à tous et un peu plus tous les jours, sans ce faisant imaginer jamais devoir crever sous un carton, enseveli sous l’effet des piquettes, tout près des devantures illuminées par les noëls prospères. Elle suscitât autour d’elle nombre de mirages. Le souvenir de ses lectures la reprit.

Les héroïnes indépendantes, les courses dans la campagne, fraîche, et voisinée toujours d’astres et de lunes pleureuses sur ses épaules.

Afin de nourrir la diversion à laquelle elle cherchait sans fin à s’offrir. Toute une somme de motifs à puiser pour donner pâture à son imagination rendue malade par l’arrêt du temps et l’absence de joies.

Des anges. Des saints secourables. Des élans de superstitions devant consolider sa conscience pourtant si fissurée par ses actes ne répondant jamais complètement à la conviction supposée manœuvrer tout son gentil rôle. C’était à croire ne plus s’avancer que dans tes ténèbres sans fin.

 Afin de parfaire cette évasion rêvée, les simples regards de ses parents auraient dû pourtant pouvoir amplement suffire à la sauver de ce marasme. Toute la miséricorde d’un recours au ciel... Mais sans l’artifice d’aucune phrase. Elle s’absorba dans cette fixité d’une dévotion sourde. S’étourdissant de grands mots et de fins dernières. Tout en laissant son corps la mener, compagnon pressé, vers de plus nocturnes appétits.

La marotte de toutes les saintes aspirées par des ardeurs jugées saintes aussi. Les gestes et l’énervement de tous autour d’elle ne devaient pas compter plus que cela. Toutes les nuits. Elle espérait fuir ainsi la médiocrité de sa vie. La laisser loin derrière elle. Voir la rehausser d’un orgueil que rien autour d’elle hors un certain confort ne parût suffisamment accréditer. (C’était comme le sortilège d’un mauvais démon issu d’un conte). La mégère anticipée s’éveilla en un seul soir sous les pétales de cette enfant vorace et songeuse. Autrefois tendre, elle se fit en conséquence de son revirement d’humeur bien rancunière. On l’avait lésée quelque part.

 

Je vois les élans les plus funèbres la colorer pour moi, et l’emplir, ainsi que la bouteille que les bagnards se font circuler en y ayant expiré de la fumée au préalable, pour en savourer tour à tour les saveurs à pouvoir expirer entre les grilles vers la liberté.

Plus décidée du tout à prodiguer les tendresses elle était. Dans la grande demeure elle se fît alors bien consciente de son rang. Il n’était plus question de frayer avec de jeunes hommes d’un autre milieu... La caste et ses impératifs devaient être respectés sans faillir. On refermait la mâchoire sur la cuillère d’argent. Cette fierté ne fut pas partie de nulle part. Elle tenait sa source des lèvres de ceux qui lui brodaient des compliments tous les jours, sur les terrasses des cafés, cela en vue d’accéder à ses formes comme à toutes ses pulsions dirigées vers le plaisir comme autant de flèches dirigée d’une adresse violente. Abreuvée de ces compliments, toute petite cervelle de princesse devient telle un fruit confit, baignant dans un crâne qu’aucune imagination n’embarrasse.

Comme il est tout sucre, il est incapable enlisé qu’il est de sentiments d’infléchir une réflexion nourrie.

Et le Fernand non plus ne vit rien venir (il ne prévit pas la baisse de régime dans toute cette passion surjouée...). Il continuait de tourner dans sa cage, hamster si fier d’inspirer, et pour de vrai, une véritable passion.

Lorsqu’on joue les passions... qu’on repose au creux des consciences (comme on aspire dans ses narines l’arôme enivrant des aisselles rousses), on devient tout entêté, incapable de formuler à nouveau un jugement droit. On dirige son désir, bandant vers une illusion qu’on ne conçoit pas.

On marche dans un territoire où l’on s’est destitué de sa capacité de décision. C’est qu’il est si bon de se reposer sur une autre personne. D’abdiquer pour un coup toute la sale odeur de ses regrets mal fermentés. Enfin, on en réclame toujours davantage, de cette ivresse, on ne peut s’en lasser. Comme de promenades au cœur de Paris, lorsqu’on est désœuvré, puis qu’on a le temps. 

 

On n’est pas de ce monde, et on les voit se léchouiller, ces jeunes ivres de leur jeunesse dorée.

On les observe. Bien repus et sans inquiétudes réelles, bien qu’il se donnent des airs « peuples », à tant se croire incroyables, et si méritoires à si peu de frais...

Un peu envieux. De rester à piétiner dans son désir... A voir cette jeunesse sans complexe toujours s’épanouir sans réserve. Parmi les cuisses offertes, les croupes somptueuses et les parfums coûteux. À profiter de l’argent de papa, des attentions de maman, tout en se montrant ingrat, obscène à l’occasion, autant que l’adolescence peut nous paraître vous l’autoriser, « puisque la jeunesse... »

On est bien content, même, pour eux, de se trouver formidable tellement. C’est à raviser son jugement, de voir tellement de contentement s’afficher sans complexe. Fort heureusement, on en sent aussi la vulgarité, à toute cette jeunesse choyée bientôt emportées dans ses luxueuses bagnoles vers la côte. On voit bien qu’au fond, il ne leur a rien coûté, de se trouver tellement au centre des attentions, et de savourer si fort la vie. Il n’ont jamais payé la moindre joie de leur sang. Ils sont au fond gratuits, vulgaires, sans profondeur.

 

Dans une procession... S’avancer... Des théories de couples mieux assorties que les fleurs composant le bouquet de notre vieille tante. On les voit, longtemps, ces mignons, se lécher le museau... Tentant par là désespérément de soutirer d’eux-mêmes de neuves façons de sentir... De humer de nouvelles températures de leur sang.

Au gré de son humeur se poursuivirent sans fin ces précieux revirements. Auparavant conciliante, sa pensée se fit sournoise, pointilleuse.

Exactement comme la réalité, tout d’abord facile d’accès et sans hostilité, ainsi qu’une douce fiancée, puis sans pitié aucune, et comme gouverné par un esprit qui vous serait extérieur entièrement, ainsi que le platane à la face pulvérisée de l’adolescent s’étant cru invincible au point de jouer impunément avec la vitesse sur un chemin tortueux de campagne pourtant bien tranquille d’aspect.

 

Elle voguait depuis longtemps hors de ce rôle passé de passion précoce.

Éprise de milles défauts à savoir repérer chez son amant déjà si lassant à ses yeux. (Cela pour pouvoir se donner du grain à moudre, exciter sans vergogne sa sensation de supériorité préludant cette fin de la relation pour laquelle il fallait bien se trouver un support suffisant pour s’élancer vers des cieux bien plus prometteurs...).

Son imagination ne connaissait pas de limite pour se mettre à haïr comme il fallait ce futur éconduit. Il était si tarte soudain, cet éphèbe autrefois si plein de magnificences.

Pour ce faire, intérieurement, elle se mit à moucheter le visage de son idole de crachats. À l’exemple des bagnards faisant subir milles outrages à l’image du despote responsable de leur enfermement.

C’est qu’elle avait de plus en plus la sensation d’être étouffée. Oppressée. Sans trouver de latitude où laisser s’éployer l’essor de son immense amour propre. C’était comme ne plus pouvoir écarter les cuisses, à l’instant où l’on ne se contente plus de postures conventionnelles pour s’entraîner comme il faut au plaisir.

C’est qu’en fait l’esbroufe de ses sentiments commençait à sérieusement se dégonfler. A l’image d’une montgolfière dont on présuma de la consistance pour une trop longue balade en l’air... Un ressentiment vague et curieux commença de surcroît à s’emparer de son cœur.

Le jeu avec elle même avait quelque chose du vertige d’un funambule se balançant au dessus d’une étendue neigeuse.

Il fallait alors pour éviter qu’elle ne se démolisse son joli minois sur le sol rude sans pitié du réel qu’elle lâche enfin un peu de lest... c’est à dire qu’elle revienne au plus tôt sur ses belles promesses. Qu’elle s’en défasse comme d’une chose un peu sale qui n’était pas vraiment ce qu’elle voulait après tout... Ni ce qu’elle avait vraiment promis, pensez donc... il faut être un peu sérieux suite aux emballement faciles, aux valses, aux veillées où l’on boit de trop. Si l’on a cru se torcher à fond la raie, il n’est pas toujours mauvais d’utiliser encore deux petits carrés de papier neigeux, pour être certaine d’aborder la journée d’une pensée plus sereine.

Et puis, l’existence est bien assez longue pour qu’on puisse se raviser tant qu’on le souhaite, n’est-ce pas une vérité assez évidente ?

Le manège n’est-il pas sans fin, ainsi que l’impulsion bariolée de ses envies ?

 

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