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Poésies de Pascal Leray
Une hérésie du givre

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 Article publié le 20 juillet 2014.

oOo

Je suis la boue de sous tes doigts. Écrase-moi avec ton œil et rebelote avec l’autre œil, tu ne me reconnaitras pas. Je suis un agent secret.

Je suis le sol de ta mémoire. Pas de trottoir mais une pièce de viande congelée pour y marcher. Et heureusement ! Tu ne me connais pas.

Je suis le sel de tes paupières. Je brûle. Je fomente l’inventaire de tes regards. Ah ah ! Tu n’as rien vu ! Rien du tout ! Donc je recompte.

Je sucerai longtemps et longuement le sang de tes rêves pour qu’ils chantent avec moi l’anémie de tes vertèbres, le jeune repos de tes nerfs.

Je suis encore sous ta langue avec ce goût âcre, inépuisable mais enfin, sur les rotules sur le chemin qui va de la conscience à la parole.

Si je brûle réellement au point que tu ne puisses plus dire " je souffre ", sache que quelque chose est là, toujours, orchestre mal et ment.

Je suis l’enfant pas détesté mais détestable d’un morceau de serment énoncé en des circonstances autres et je dis - un prêté pour un rendu.

Si le sol ne sèche pas sous tes pas, c’est aussi que je suis de près l’urine de tes rêves dont je suis l’or et le whisky. C’est compliqué ?

Ce qui ne précède pas le souvenir pourrait bien lui donner rendez-vous dans un jardin public. On croiserait les doigts pour ne pas être vus.

On croisera les doigts en vain. La mémoire plie bagage vite fait sous le gel, vois-tu ? Estime que c’est peut-être mieux ainsi. Adieu !

J’attends la floraison des crues. Ça ne va pas tarder. Veux-tu attendre avec moi comme l’autre qui te flanquait une balle dans la nuque ?

Ah non. C’est à son camarade qu’il faisait ça. Toi, tu ne pouvais plus parler. Tu regardais la tronçonneuse qu’on surnommait " la poésie ".

Ensuite, l’autre il a pris le piolet. Toi tu ne pouvais plus parler. On allait te marier à un baltringue. Et la cérémonie serait gentille.

Tous les gens réunis ici sont gentils, crois-moi. Ils comptent les bubons. Ils dénombrent les bubons, pas les victimes. Ils veulent chose.

Ma tronçonneuse ma poésie ô mon organe jardinal - regarde le reproche qu’on fait à l’autre qui s’écoule ! Pas à la tronçonneuse nonobstant.

On ne te tuera pas. Ça ne sera pas moi qui te la flanquerai cette balle dans la nuque. Dans ton moteur mouillé, je lubrifie l’essence, là.

Je hurlais au-dehors de toute lumière. Pourquoi faire ? J’avais soif, simplement. Et toi. Si tu me donnes à boire je mangerai tes lèvres.

Je serai le sol de ta mémoire décapitée. Mais toi, tu diras : " Hé le bourrin ! J’attends la floraison des crues ! " Pourquoi pas en effet.

Pourquoi pas, là. En attendant on a le sang. Le sang. Rien. Tu viens, Aimée ? Je te transpercerai mes lèvres pour de rire. Tu y riras aussi.

Le sang. Rien. On aura le temps de le prendre. Le vol fêlé aussi. L’horizon vespéral est maladif, il pourrait témoigner. Le sang. Le sang.

Dé gorge.

 

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