Vaillants couturiers de nos blessures
tirez sur le fil
resserrez bien les bords
et ne lésinez pas sur la force du nœud
Ouverts comme nous sommes
à cause d’une guerre
nous n’avons plus que la parole
pour remercier d’être encore de ce monde
Je suis ouvert de la gorge au bas-ventre
Le fer a plongé en moi comme dans le feu
et le Poème en est trempé comme l’acier
L’herbe ou les draps peu m’importe
puisque je suis vivant autant que mort
et que ma voix s’est enfin forgée
dans la réalité qui est ma seule offrande
Cousez sans ménager le fil
ô couturiers de mes lendemains
On ne meurt pas d’avoir écrit un poème
On dit même qu’on y gagne quelquefois l’éternité