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Revue en ligne

vendredi 19 avril 2024

Revue d'art et de littérature, musique
Directeur: Patrick CINTAS
Cahiers de la RAL,M

Le chasseur abstrait


présentera ses trois derniers

Cahiers de la RAL,M

Direction : Valérie Constantin

Préface de Jean MÉTELLUS

A sa manière l’entreprise que réalise ce livre est plus qu’un dialogue, plus qu’un échange, c’est une communion, un repas pris en commun autour d’un seul et même menu : Haïti et l’amour, l’amour entre les êtres , l’amour de son pays d’origine.Certains auteurs qui figurent dans cette revue ne sont plus à présenter. Ils sont connus et souvent traduits dans plusieurs langues et de toutes façons, ils ont déjà essaimé et la jeune génération s’en est nourrie.Il faudrait peut-être alors s’attarder sur les nouveaux venus, ceux qui ont 20 ans ou à peine plus. Je ne pense pas froisser des susceptibilités en disant des textes offerts ici qu’ils font honneur à leurs aînés et qu’ils sont porteurs de fruits savoureux.

Ce cahier de plus de cinq cents pages se propose de donner une idée de la création artistique en Haïti après les années 1920. Malgré cette limitation, le projet paraît encore presque utopique, vu la richesse de la production littéraire et picturale dans ce pays depuis cette époque. Mais en segmentant l’histoire des réalisations artistiques et littéraires par générations d’âge, les concepteurs de ce document ont fait preuve de réalisme et d’efficacité, leur entreprise acquiert une véritable crédibilité et force l’admiration. Ce faisant ils instaurent un dialogue entre les générations : Génération 1, Années 20-40 ; Génération 2, années 50-60 ; Génération 3, Années 60-80.

Certes il est impossible de mentionner tous les noms de créateurs à l’intérieur d’une même génération. Dommage ! diront certains, surtout ceux qui ne connaissent pas la vitalité, le dynamisme et l’énergie propres à ces artistes. Tant mieux ! Répondront d’autres, surtout les connaisseurs et ceux qui vont lire, regarder ou simplement parcourir cette énorme rétrospective et qui pourront à leur manière prendre l’exacte mesure de cette activité créative. Les textes et les tableaux de chaque artiste sont précédés d’une courte notice bio-bibliographique très instructive. Nous apprenons ainsi que plusieurs auteurs publient aussi bien en Français qu’en Créole ou en Anglais. On ne peut plus parler de littérature haïtienne tout court mais de littérature haïtienne d’expression française, de littérature haïtienne d’expression créole et de littérature haïtienne d’expression anglaise. Mais si dans une revue générale rapide la littérature haïtienne peut et même doit être rangée dans la rubrique dite francophone, cette littérature est avant tout une littérature vivante certes produite par des Haïtiens mais qui touche à l’universel. 

A sa manière l’entreprise que réalise ce livre est plus qu’un dialogue, plus qu’un échange, c’est une communion, un repas pris en commun autour d’un seul et même menu : Haïti et l’amour, l’amour entre les êtres , l’amour de son pays d’origine.

Certains auteurs qui figurent dans cette revue ne sont plus à présenter. Ils sont connus et souvent traduits dans plusieurs langues et de toutes façons, ils ont déjà essaimé et la jeune génération s’en est nourrie.

Il faudrait peut-être alors s’attarder sur les nouveaux venus, ceux qui ont 20 ans ou à peine plus. Je ne pense pas froisser des susceptibilités en disant des textes offerts ici qu’ils font honneur à leurs aînés et qu’ils sont porteurs de fruits savoureux.

Je ne les connais pas tous, loin de là. J’en ai rencontré deux ou trois, très jeunes, qui étaient de passage à Paris, avec qui j’ai fait des photos, je ne citerai aucun nom mais je suis sûr qu’ils tiendront bien haut la flamme que notre génération s’est efforcée d’allumer. Pour notre génération, Jean Brierre, Roussan Camille, Aimé Césaire, Haïtien de cœur, Magloire Saint-Aude tous de grands bardes nous ont profondément marqué. Espérons que notre empreinte sur les générations à venir restera lisible aussi un certain temps.

Pour ma part, je n’ai pas remarqué de différences nettes entre les générations répertoriées dans cette revue. La seule qui me frappe vraiment – et c’est peut-être capital – c’est, sinon l’envahissement de l’écrit par la peinture, une espèce de présence obsédante du graphisme, de la mise en page, chez plusieurs jeunes poètes.

Un seul auteur a mêlé texte et tableaux.Je ne me souviens pas avoir remarqué - quand j’ai commencé à lire attentivement et activement la poésie – cette présence de portraits, paysages, figures animales ou humaines et des couleurs, dans la poésie. On pourrait dire que cette génération ouvre toutes les portes, d’un seul coup, dans un même mouvement, avec une certaine furie pour respirer, s’exprimer et maîtriser le réel. Peut-être ont-ils fréquenté plus que nous les poètes-peintres comme Hugo, Michaux ? De toutes façons, ce serait bon signe. Mais ce petit fait méritait d’être signalé, peut-être que cet événement marque un tournant sinon décisif, du moins majeur dans la fonction et la réalisation du dire ou du faire poétique. Nous assistons peut-être à ce processus d’"énantiomorphose ", parfaitement décrit par E. Canetti et au cours duquel dissimuler et démasquer se tiennent. Il y a dans cette démarche un désir profond de ne pas parler et simultanément une nécessité impérieuse de révéler ce que l’on tait. Cela peut créer une tension extrême chez l’individu. Michaux a eu beaucoup d’expériences de ce genre parfois sous neuroleptiques et hallucinogènes. Mais nos jeunes n’en sont pas là, ils sont au stade de l’expérimentation pure dans une société par ailleurs déchirée. Leurs textes manifestent avec intensité ce sentiment de rupture, de déchirure.

Mais nous voudrions insister sur la richesse de l’inspiration de ces artistes - le pays et son histoire, le vaudou, l’amour, la mort… -, sur la variété des expressions picturales ou poétiques. Si nombre d’artistes présents dans ce cahier ne produisent pas de tableaux naïfs, cependant les couleurs explosent dans la plupart de leurs œuvres, peut-être est-ce une façon de supporter la grise réalité de la misère ou d’idéaliser un avenir espéré ou de faire offrande à une puissance supérieure, mais peut-être est-ce tout simplement la manifestation d’une extraordinaire appétence pour la liberté, d’un formidable vouloir-vivre.

Ce cahier est porteur d’un grand espoir, il montre la vitalité créatrice de nos compatriotes ; cette initiative mérite d’être hautement saluée et nous lui souhaitons un franc et plein succès.

Jean Métellus

Sommaire:

Format 16x22 cm - 604 pages.

Préface - Jean Métellus

 

Génération 1 - Années 20-40

René Depestre - Anthony Phelps – Franketienne - Jean Métellus - Claude C. Pierre - Émilie Franz - Gary Klang - Jacques Ravix - Josaphat Robert Large - Syto Cavé - Tomy M-Day - Marie Alice Théard - Fritzner Lamour - Jean-Louis Sénatus.

 

Génération 2 - Années 50-60

Michèle Voltaire Marcelin - Elsie Suréna - Jean François dit Avin ou A20 - Frantz Dominique Batraville - Max Freesney Pierre - Jean Dany Joachim - Marc Exavier - Rodney Saint-Éloi - Stivenson Magloire - Mario Benjamin - Pradel Henriquez - Jean Armoce Dugé - Élodie Barthélemy - Alex Laguerre - Mathurin Rodolphe - Hugues Berthin Férol - Sergine André.

 

Génération 3 - Années 70-80

Emmelie Prophète - André Fouad - Pascale Monnin - Guy Junior Régis - Pierre Pascal Merisier dit Pasko - Jean Marc Voltaire - Patrick Louis dit Kanga - Pierre Moïse Célestin - Joseph Edgard Célestin - Pierre James - Jean Pierre Jacques Adler - Josenti Larochelle dit Mistè Tchik - James Noël - Damas Porcena dit Damson - Kevens Prévaris - Walner O. Régistre dit Doc Wor - Jonel Juste - Jean François Toussaint - Jean Emmanuel Jacquet - Angie Fontaine - Makenzy Orcel - Fred Edson Lafortune - Duckens Charitable dit Duccha - Coutechève Lavoie Aupont - Jean Venel Casseus - Mlikadol’s Mentor dit Nadol’s - Romilly Emmanuel Saint-Hilaire - Jean Davidson Gilot.

 

Postface de Rodney Saint-Éloi et James Noël.

 

Bibliographie de J. Métellus.
Voir le site richisime de Jean Métellus.

À noter que nous publierons en 2009
les livres de quelques-uns des poètes prometteurs
de Haïti.

 

 

Direction : Pascal Leray

Préface de Jacqueline PICOCHE
professeure honoraire à l’université d’Amiens

La série en linguistique

Un beau jour de l’an 2007, je reçus un message d’un monsieur nommé Pascal Leray, passionné de la notion de “série”, que je ne connaissais pas du tout. Il me demandait d’écrire un article sur la notion de “série” en linguistique. Son attention avait été attirée par un paragraphe de l’introduction à mon Dictionnaire étymologique du français (récemment revu, complété, mis à jour, et republié par les éditions Le Robert) . Je le cite in extenso : « La linguistique structurale - paradoxalement, étant donné son orientation non historique - a apporté, grâce à la notion de “série”, une contribution intéressante à l’élucidation d’un certain nombre de mots de caractère populaire et expressif jusqu’ici expliqués de manière peu satisfaisante, ou totalement inexpliqués. Notre dictionnaire lui doit principalement ses tentatives de regroupement des mots à base onomatopéique ou expressive ; sa présentation par séries des mots comportant une base phonétique commune et provenant d’un étymon commun ; enfin, le rassemblement en quatre annexes des mots fondés sur un redoublement syllabique ou consonantique, des mots ayant pour étymon plus ou moins lointain l’onomatopée d’un cri d’animal, et des mots ayant pour étymon un nom propre de personne ou de lieu. » Ces “séries” ont un intérêt historique. Chacune constitue une sorte de moule qui, au cours des siècles, a donné une forme commune ou un type commun à des mots d’âge et de sens différents. On peut les aligner comme on aligne, dans les vitrines d’un musée archéologique différentes pointes de flèches en silex, différents types de vases grecs ou de boucles de ceinturons mérovingiens. Mon Dictionnaire étymologique est une sorte de musée où des articles complexes sont comparables à des vitrines regroupant des mots de même origine dont certains se sont dispersés au cours des âges tandis que d’autres s’organisaient en “séries”. En ce qui concerne la “base phonétique commune et provenant d’un étymon commun”, il s’agit généralement d’une base savante, par ex. la base –stit- que vous trouvez dans instituer, destituer, prostituer, restituer, substituer

Mais, bien sûr, les personnes qui pratiquent encore le tir à l’arc n’utilisent plus les pointes de silex , on ne sert plus le vin dans des cratères grecs, on utilise des boucles de ceinture plus modernes. De même, pour utiliser le verbe instituer, il est inutile de savoir qu’il a une même lointaine origine que le verbe prostituer . Autrement dit, la connaissance de séries étymologiques, satisfait la curiosité du chercheur, mais n’aide pas ou peu à acquérir le maniement vivant de la langue. Par contre, il existe dans la langue des séries vivantes de la plus haute importance pour son fonctionnement et c’est d’elles que je parlerai ci-dessous.

Mon projet était d’introduire l’article par une histoire du mot série pour montrer que son développement, relativement récent, est concomitant au développement de la science moderne. 

À cet égard, Pascal Leray m’a vraiment coupé l’herbe sous le pied. Son livre, intitulé Portrait de la série en jeune mot  (éd. Le chasseur abstrait - mars 2008, 275 p.), qu’il m’a aimablement dédicacé, se termine par une recherche historique aussi complète que possible moyennant les instruments de travail usuels : le Trésor de la Langue Française, Le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, plus couramment appelé le Robert Historique, et même le Dictionnaire étymologique du français d’une certaine Jacqueline Picoche. Qu’ajouterais-je ? De plus, il me prescrit une méthode p. 221 :

« Quand ON aborde une série IL FAUT se demander quel point de vue domine [assertion d’ordre général qui s’applique donc à moi comme à quiconque] . JE distingue, hâtivement, quatre ordres [assertion particulière au seul Pascal. Mais je n’ai pas de raison de contester ses quatre ordres ni d’en proposer d’autres] :

- L’étude est synchronique ou diachronique (et il traduit pour les ignorants : historique ou systématique).

- Elle est discursive ou transdiscursive (elle opère sur plusieurs discours).

- Elle est didactique ou poétique.

- Elle est linguistique ou épistémologique.

Ces trois ordres sont à distinguer, non à séparer. »

Je distinguerai donc, dans le lot, les adjectifs synchronique , systématique , et linguistique. Ce sont eux qui qualifieront et définiront mon discours. C’est pour moi l’occasion de signaler que je suis l’auteur principal d’un dictionnaire destiné justement à l’enseignement systématique et synchronique du lexique, dont on pourra se faire une idée en consultant mon site internet jacqueline-picoche.com.

Il s’agit de :

Jacqueline PICOCHE et Jean-Claude ROLLAND, Dictionnaire du français usuel - 15000 mots utiles en 442 articles - Bruxelles – Duculot-De Boeck – 2002 –1064 p. - Version cédérom (PC et Mac) et cédérom en réseau. (en abrégé, DFU)

Le mot série y est traité principalement dans l’article SUIVRE et on le retrouve à des places moins importantes dans plusieurs autres articles, notamment PREMIER et DERNIER, COMMENCER et RÉPÉTER


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Bibliographie de J. Picoche.
. Dictionnaire étymologique du français - 1e édition 1971 - collection Les usuels du Robert
. En mars 2008, chez le même éditeur, nouvelle édition mise à jour et considérablement augmentée - 779 p.
. Histoire de la langue française - en collaboration avec Christianne Marchello-Nizia, Paris - Nathan - 1989 - 399 p., plusieurs fois remis à jour et réédité.

Voir la bibliographie complète de Jacqueline Picoche sur Amazon

Sommaire:
1 - Ouverture

Pascal Leray - Il est minuit, tu n’as que 300 ans, série

Jacqueline Picoche - La série en linguistique

AU PRISME DU POÈME

Guillaume Balzarini - Cuiller à la main
------------ Tous les jours
------------ Comme une étoile massive
------------ Lettre à Pascal
Jean-Claude Cintas - Avant-propos sur « Au-dedans de moi »
Robert Vitton - Récit d’un récidiviste
Jean-Luc Vertut - Six suites japonaises pour clavecin

L’INFINI

Patrick Cintas - L’infime différence
Pascal Leray - Ayvayan au jour le jour
Georges Ayvayan - Années 2003 - 2004, détail
Georges Ayvayan & Robert Vitton - Prière…
Valérie Constantin - Mille fissures
Patrick Cintas - V. Constantin ou La série travaille

2 - Rétrospection

Pascal Leray - Pierre-Joseph Proudhon, promulgateur de la doctrine sérielle
Pierre-Joseph Proudhon- De la création de l’ordre dans l’humanité

INTERRUPTIONS SUITES

Julien Gasco - Photographies
Pascal Leray - L’entente & le secret
Kwizera - Tour de la série
Jean-Luc Vertut & Pascal Leray - La maison mère
Patrick Cintas - Voyage

3 - À travers le miroir

Jean-Yves Bosseur - La permanence d’un « esprit sériel » ?

jeanyvesbosseur.net

Mounette - Sonnet à mon beau fiancé

ANNEXES

Trois siècles de série : Pierre Varignon, Denis Diderot, Charles Fourier, Gérard de Nerval, Émile Littré, Antoine Augustin Cournot, René Leibowitz, André Breton, Pierre Boulez, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Pierre Soulages.

Pascal Leray profitera de ce 18e Salon de la revue pour présenter sa "SÉRIOGRAPHIE" que nous détaillerons dans le numéro de novembre. Le CAHIER de la RAL,M nº 11 est un "portable" contenant une présentation et des extraits de l'oeuvre de cet écrivain étonnant qui s'exprime dans tous les genres et sur tous les tons, autant comme intellectuel que comme véritable artiste.

Enfin, rappelons que Benoît Pivert prépare le nº 10 avec pour thème "Littérature & Homosexualité" auquel vous êtes déjà nombreux à participer. L'appel à contribution sera clos fin décembre...

CAHIERS DE LA RAL,M nº 10
Homosexualité(s) et littérature
Appel à contribution
Image de Valérie Constantin Corps

De même que les auteurs de la Renaissance ironisaient volontiers sur les ténèbres du Moyen-Âge , nombreux sont les jeunes homosexuel(le)s, en ce début du vingt-et-unième siècle, qui, lorsqu’ils ou elles ne sont pas familiers de l’histoire littéraire, ont tendance à considérer le passé comme un énorme trou noir et à situer au XXème siècle l’émergence de l’homosexualité[1] en littérature, le XXème siècle devenant à sa manière leur « siècle des Lumières ».

A y regarder de plus près pourtant, bien que passée obstinément sous silence par tous les manuels scolaires se targuant de présenter la littérature des classiques grecs à nos jours, l’homosexualité est présente dans les textes dès l’Antiquité. Si Le Banquet de Platon et le Satyricon de Pétrone comptent parmi les œuvres les plus connues, il conviendrait, certes au mépris des frontières entre genres littéraires, de faire figurer à leurs côtés les Epigrammes érotiques de Martial. Plus tard, en Occident, il faudrait ajouter, entre autres, les poèmes homosexuels de François Villon (1431-1463). Ce que l’on ignore souvent, c’est la multitude de poètes du domaine juif et arabo-musulman inspirés par la beauté des garçons. Abou Nawas au IXème siècle (Le vin, le vent, la vie) est sans doute le nom le plus connu mais c’est surtout au XIème siècle que l’on assiste dans la poésie galante andalouse de langue arabe à une éclosion du genre et au XIIème siècle que les poètes juifs dans l’Espagne chrétienne puisent aux mêmes sources esthétiques, le plus célèbre d’entre eux étant peut-être Abraham ibn Ezra Judas Halévy. Il était difficile d’être exhaustif pour le Moyen-Âge, cela devient parfaitement impossible pour les siècles suivants. On peut citer parmi les écrivains homosexuels l’Anglais Christopher Marlowe (Edouard II) (XVIème siècle), le Français Théophile de Viau (XVIIème siècle), forcé de se convertir au catholicisme et de vivre caché en raison de ses mœurs. Au XVIIIème siècle, le libertinage n’est pas l’apanage des hétérosexuels. La revendication de la liberté de la chair ignore souvent la différence des sexes, ce qui se reflète à la fois chez Sade mais aussi dans les écrits anonymes réunis par Patrick Cardon (Bordel apostolique, 1790[2] et Les Enfans de Sodome à l’Assemblée Nationale, 1790[3]). Au XIXème siècle, les personnages littéraires homosexuels – encore rares – ne sont pas l’apanage d’écrivains homosexuels, que l’on songe à Vautrin chez Balzac ou aux lesbiennes de Baudelaire, toutefois les penchants homosexuels d’écrivains comme Oscar Wilde ou Verlaine ne sont un mystère pour personne. Si les écrivains homosexuels masculins du XXème siècle sont suffisamment connus pour que nous n’ayons pas à les énumérer, profitons-en pour souligner ici le développement durant ce siècle d’une littérature lesbienne avec Natalie Barney, Radclyffe Hall, Vita Sackville West et plus tard Violette Leduc, Geneviève Pastre, Jocelyne François et bien d’autres encore.

Ce qui est nouveau au XXème siècle, ce n’est donc pas la présence de l’homosexualité dans la littérature mais l’évolution du regard porté dans la littérature sur l’homosexualité.


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oOo

 

Textes et prétextes

La rédaction de la RAL,M est toujours heureuse de pouvoir mettre en ligne, en français et en espagnol, des textes de qualité appartenant à tous les genres: poésie, narration, essai, études... de l'art, de la musique. Je crois que nous tenons nos promesses. Mais j'ai toujours en tête cette fine critique de Nacer Khelouz : «Ce que j'aimerais trouver d'autre : une ligne conceptuelle plus définie. Où va-t-on et que veut-on ? Il me semble que la RAL,M gagnerait vraiment beaucoup à rendre plus visibles ses objectifs, son champ d'action ; se situer par rapport aux autres revues, par rapport aux enjeux de notre société actuelle et dire de quelle façon elle y prend part. Le cadre qui est le sien en ce moment me paraît trop large. Demander aux différents acteurs qui l'animent de réfléchir en termes d'équipe, de groupe qui sait où il va, en dehors de toute considération individuelle. On vit dans un Monde qui abrite des milliards d'individus, cela n'empêche pas que l'on finisse toujours par trouver une place pour parler de soi. Ce qui veut dire qu'on aurait tort, à mon avis, de croire qu'on disparaît en tant qu'individu dès lors que l'on s'engage dans une entreprise collective. Je dis cela pour ceux qui ont toujours peur de ne pas «apparaître».

 

Le champ des privilèges et avantages acquis est en train de se réduire comme peau de chagrin d'où la crispation parfois forcenée sur ce que l'on tient déjà ou croit tenir encore.

Une nation de fonctionnaires
Serge MEITINGER

Il y a, me semble-t-il, un pays au moins sur la terre où la révolution communiste soviétique a pleinement triomphé et continue à afficher sa victoire avec fierté et même arrogance. Ce pays, c’est le nôtre, le beau et doux pays de France ! Triomphé dans les esprits, dans les mœurs et dans les cœurs si ce n’est tout à fait dans les institutions car nos concitoyens ont parfaitement compris et intégré le « modèle soviétique » et ils l’adorent intimement : plein emploi, tout le monde fonctionnaire, tout le monde irresponsable, chacun ne veillant qu’à ses petites prérogatives de modeste privilégié, le service public venant juste après le confort personnel ! Toutefois ne vous avisez pas de remettre en cause ces prébendes parfois fort humbles, vous provoqueriez une fureur de lion blessé apparemment bien peu en rapport avec l’allure molle, benoîte et routinière des jours ordinaires !

Rien que d’humain là-dedans ! Ce pourrait être seulement l’une des faces bien cachées des « droits de l’homme » : le droit à la paresse qui, en l’occurrence, est aussi, est surtout le droit à la sécurité, la sûreté de l’emploi étant incontestablement le point central du fonctionnariat, son point fort et son point faible. L’homme est naturellement paresseux (c’est Rousseau qui le dit !) et tout ce qui peut le dispenser d’effort et de souci est le bienvenu. Quel bonheur, songeons‑y ! que de pouvoir se retirer de la lutte pour la vie, de cet incertain et cruel combat ! que d’être muni tout au long de son existence des moyens de sa subsistance et d’être assuré d’un rang, jamais tout à fait négligeable ! Il y a là un haut degré de civilisation et de fait les empires les plus prestigieux ont produit ce type d’aristocratie fonctionnelle : la Chine, Rome, les Incas…


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J'ai mis à nu toute mon existence de lutte; je la soumets comme un problème à vos intelligences.

Pourquoi j’ai cambriolé
Marius JACOB
Éditions Turbulentes

Messieurs,

Vous savez maintenant qui je suis : un révolté vivant du produit des cambriolages. De plus j’ai incendié plusieurs hôtels et défendu ma liberté contre l’agression d’agents du pouvoir. J’ai mis à nu toute mon existence de lutte ; je la soumets comme un problème à vos intelligences. Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n’implore ni pardon, ni indulgence. Je ne sollicite pas ceux que je hais et méprise. Vous êtes les plus forts ! Disposez de moi comme vous l’entendrez, envoyez-moi au bagne ou à l’échafaud, peu m’importe ! Mais avant de nous séparer, laissez-moi vous dire un dernier mot.

Puisque vous me reprochez surtout d’être un voleur, il est utile de définir ce qu’est le vol.

À mon avis, le vol est un besoin de prendre que ressent tout homme pour satisfaire ses appétits. Or ce besoin se manifeste en toute chose : depuis les astres qui naissent et meurent pareils à des êtres, jusqu’à l’insecte qui évolue dans l’espace, si petit, si infime que nos yeux ont de la peine à le distinguer. La vie n’est que vols et massacres. Les plantes, les bêtes s’entre-dévorent pour subsister. L’un ne naît que pour servir de pâture à l’autre ; malgré le degré de civilisation, de perfectibilité pour mieux dire, où il est arrivé, l’homme ne faillit pas à cette loi ; il ne peut s’y soustraire sous peine de mort. Il tue et les plantes et les bêtes pour s’en nourrir. Roi des animaux, il est insatiable.

Pourquoi j’ai cambriolé

En outre des objets alimentaires qui lui assurent la vie, l’homme se nourrit aussi d’air, d’eau et de lumière. Or a-t-on jamais vu deux hommes se quereller, s’égorger pour le partage de ces aliments ? Pas que je sache. Cependant ce sont les plus précieux sans lesquels un homme ne peut vivre. On peut demeurer plusieurs jours sans absorber de substances pour lesquelles nous nous faisons esclaves. Peut-on en faire autant de l’air ? Pas même un quart d’heure. L’eau compte pour trois quarts du poids de notre organisme et nous est indispensable pour entretenir l’élasticité de nos tissus ; sans la chaleur, sans le soleil, la vie serait tout à fait impossible.


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Tu te balances compagnon
Comme une tringle dans le vent
Et le maroufle que l'on pend
Se fout pas mal de tes chansons

Tu peux toujours t'emmitoufler
Pour la saison chez Gallimard
Tu sais qu'avec ou sans guitar'
On finit toujours sur les quais

La poésie fout l'camp Villon !
Y'a qu'du néant sous du néon
Mais tes chansons même en argot
Ont quelques siècles sur le dos
---------------------Léo Ferré

La poésie fout l'camp Villon !
La poésie revient Vitton !

Des coups tordus
Robert VITTON

T’es patraque ? Patraque ? Tu sors de la pharmacie. Et toi, t’es mort ? Mort ? Hier, je t’ai vu sortir du cimetière. Un torticolis. Tortum collum ! C’est ton côté Macaroni qui ressort. Un courant d’air ? Une mauvaise position pendant la sieste. La salope ! Le cul encore tourné à la friandise ? Les persiennes croisées, le rayon de soleil sur la tapisserie, le robinet qui goutte dans le jardinet… Tu dors ? Non, je décède. Le vilain cadavre. Requinque ton casse-cou, coucourde1 ! La méridienne crapuleuse ! Les longues siestes de Gide… Newton digère sous un pommier, Archimède dans sa baignoire, Mistral… T’inquiète, te tracasse pour eux. Non, mais ça va ? Je fais aller. Et autrement, _ça va ? Si tu peux, sois pas si pénible2 pour si peu. Alors, ça va ? Ça va. Tout va bien mais rien ne vient. A part ça ? On a de quoi démêler, nous deux… Nous trois… Nous tous. Tu tires toujours les mêmes charrues ? Faute de grives… Faï tira dans ton sillon, tronche d’api3 ! Au bout du compte, tu jeûnes entre une jeunesse et une vieux remède. Entre le con de Manon et le tafanàri4 de Fanny ! La Porte d’Italie et la rue du Canon ! Tant qu’on m’appelle pour la mangeaille, qu’on me laisse pas en rade, qu’on me… L’entre-deux pour les hommes, la queue pour les femmes. Et la terre tourne tant bien que mal. Et tout le tremblement… C’est le lot commun. Que veux-tu ? Les entourloupes… Assois ton jugement, ça le reposera. Les reproches… Pourtant je suis toujours sur le point de faire coucaren5. Quelque chose, c’est mieux que rien, damote6 ! Fais-le comprendre. C’est vrai, putanasses, j’ai mon train-train et mes pauvres plaisirs de vieux garçon, de vieux beau, de pistachier7 ! C’est ma nature. Des toiles d’aragne entre les doigts ! J’entends ça à longueur de sainte-journanche. Les doigts… J’en ai vingt, c’est tout. Ni plus, ni moins. Encore heureux ! Vingt, jusqu’au jugement dernier. Tu la fermes, cagole8… Tu la fermes, cette fenêtre !


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Ronde pour les petits, pour les grands et pour les autres

I

Le roi d’Yvetot

Choie ses haridelles

Le roi d’Yvetot

Rêve ses châteaux

 

Il délivre To-

léde et Compostelle

Il délivre To-

lède et prend Prato

 

Il nous dit texto

Ses phrases sont telles

Il nous dit texto

Pillez les étaux


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J'aime la bite. J'aime me faire baiser par une bite. J'aime branler une bite. J'aime sucer une bite et il paraît que je suis doué !

Librairie du gay savoir
Serge MEITINGER
Espace d’auteurs : Librairie du gay savoir

Didier Eribon : Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999).

D’une part, il y a ceci, raide comme béton : « J’aime la bite. J’aime me faire baiser par une bite. J’aime branler une bite. J’aime sucer une bite et il paraît que je suis doué ! ». Ainsi s’exprime Justin, 17 ans, l’éphèbe de la série Queer as Folk (épisode 5 de la première saison), devant sa mère et la thérapeute chez laquelle celle-ci l’a traîné. « Cela a le mérite de la clarté ! », conclut doctement la psychiatre qui n’a rien à ajouter à ces propos révélant sans équivoque la conscience et l’expérience précoces du jeune homme. Il y a donc ce désir qu’il faut bien un jour appeler par son nom : chacun finit (avec les nuances factuelles qu’appelle bien sûr l’exacte polarisation de l’individu concerné) par le formuler tout aussi crûment, ne serait‑ce que pour soi, même s’il croit, plus ou moins longtemps, être seul au monde à éprouver de tels appétits. D’autre part, il y a dans l’air ambiant, qui est celui du corps social où l’on est pris dès avant de naître, un tropisme puissant bien que diffus répandant l’aversion et la répulsion envers de tels affects, dévalorisant jusqu’à l’injure et à la persécution les partisans et les pratiquants de ce désir. De fait, même si chacun a, d’abord, l’illusion de réinventer comme pour soi la nature à la fois naïve et étrange de son attirance, la diffamation est première et toujours elle précède. Elle ne tarde pas à rattraper l’impétrant qui expérimente alors les effets souvent désastreux de la discrimination dont il devra pourtant faire sa chance et son destin.


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Claude Mouchard est poète et son livre est une oeuvre des plus précieuses pour nous aujourd'hui, parce qu'elle tend à transformer le rapport du poème et de la société. Ce n'est pas l'élégie d'un drame social. C'est le poème documentaire d'une violence- d'une barbarie sociale. C'est le poème qui répond au journalisme.

Des gens disparaisssent
Deux livres de Claude Mouchard
Pascal LERAY

Claude Mouchard - Papiers ! Pamphlet-poème - Qui si je criais, Oeuvres témoignages au XXe siècle - Editions Laurence Tepper, 2007

Dans ce pays, littérature et témoignage sont deux choses distinctes. L’espace littéraire français est bien tranché. Certes, il arrive encore que le roman dise quelque chose de la réalité mais cette ultime coquetterie n’a pas grand-chose à voir, par exemple, avec la tradition russe où le témoignage, l’ouvrage de portée documentaire, a un sens littéraire fort. La voie ayant été ouverte par Dostoïevski, les circonstances historiques ont certes eu leur part dans le phénomène qui a vu naître, au XXe siècle, tant Varlam Chalamov qu’aujourd’hui Svetlana Alexeievitch. Mais enfin, ce n’est pas seulement une question de structures sociales. La France aussi a sa part d’histoire i- et de présent - ndicible.

Si le romancier n’a qu’un souvenir très lointain de ce que pouvait un Zola, on attend moins encore du poète. La tendance est au lyrisme et la préférence va au lyrisme rentré, un parc est réservé au laborantins du langage, bref : pas de réalité, pas d’espace social, dans le poème contemporain. Ou si peu. Et sous quelle forme ? L’expression, pas le document. Là encore, le lyrisme l’emporte. Et la violence sociale n’est pas un thème parmi d’autres. Il engage une responsabilité. Pour un auteur, la responsabilité repose sur la pensée.

Ce n’est pas Claude Mouchard que la question du sujet, qui travaille une part importante de la critique littéraire d’aujourd’hui, rend aveugle à son temps. On voudrait revenir ici sur les deux ouvrages parus l’année dernière aux éditions Laurence Teper, deux textes qui se répondent et se lisent ensemble : Qui si je criais, un important volume consacré aux « oeuvres-témoignages dans les tourmentes du Xxe siècle » et un « pamphlet-poème » initulé Papiers ! Le caractère simultané des deux parutions n’a rien de fortuit et le double événement doit être deux fois salué.


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Ça se passe, en tout cas, au-delà du bien et du mal, à la frontière du sens et du monde, comme de regarder des frontaliers en attente, par le judas de la porte du sas.

Le chasseur abstrait
de Patrick CINTAS
François RICHARD

J’ai fini de lire Chasseur abstrait. Déjà, je trouve que le livre en lui-même (l’objet) est très beau. Quant au texte, il plonge dans un abyme, une interrogation séduisante. Tous mes critères de lecture sont évacués. Je ne sais comment éluder cette plongée dans un théâtre intime. Ça se passe, en tout cas, au-delà du bien et du mal, à la frontière du sens et du monde, comme de regarder des frontaliers en attente, par le judas de la porte du sas. Et comme dirait le poète, je me retournerai souvent, j’y retournerai souvent, dans un jour ou un an par exemple, en pèlerinage vers ces harmonies trop personnelles et trop denses pour être captées, mais qui se pressentent à tout va après, comme des imminences anciennes. Elles restent et rappellent. Quelque chose des témoignages de discussions nocturnes au fond du sommeil, que Virgile Novarina inscrit dans ses livres. La légitimité vengeresse des voix dans la nuit, la partie des rêves qui parlent de nous et qu’on ne rapporte jamais ici. Et pourtant. Vous le voyez, tourner ces pages est ouvrir une faille dans la psyché. Le livre est bien nommé.

Merci pour cette arrivée de liberté infinie, et de lui avoir donné un écrin de matérialité.

François RICHARD
qui publie "Loire sur Tours" chez Le chasseur abstrait.

une femme incinérée
par une fausse promesse
d'un homme-ciseaux
qui lui coupa les mains

Deux poèmes
Marta CYWINSKA

Mémoire d’un couteau

Les femmes de quarante ans,
je devrais les rouler en une crêpe
disait une faux Breton
en traversant l’autoroute
sur les ceintures de sécurité
couvrant la mémoire d’une femme
entrelacée dans ses propres rides

Combien d’heures d’attente encore
pour qu’une dernière ride
s’allonge en coma
sur l’écran d’hôpital
un baiser – prescription finale
posé sur une gaze mouillée
ici la pluie perce les deux étages

Sur le toit d’amour d’OIOM
les feuilles noires
poussent même le long
d’une seringue cassée.

CV d’antan

J’étais une balle
trouée lors d’un tremblement
de bras découpé
masque contre masque
d’un public multiplié
par cinq milliards de remords
dédoublés quel faux-pas
un baiser de deux galactiques
rejetés contre un mur
sans fenêtres ni portes
mouvant autour d’une vase
audacieusement antique
aux corps prudemment nus
de peur de ne pas frôler
une femme incinérée
par une fausse promesse
d’un homme-ciseaux
qui lui coupa les mains 
un anneau se porte tout seul
sur un brin calciné de promesse
le long d’un corps traîné
du Nord au Sud d’un loup mort
me voilà louve aveuglée
par l’acuité d’un regard
si loin de ma tête si loin

Les ravaudeuses râlèrent bien un peu parce que les pièces trouaient les hauts de chausses.

Le FRIC
Jean-Pierre LESIEUR
Extraits

De troc en fric

Une carotte pour une pomme, un lapin pour deux choux, une carpette contre un tapis, ta fille pour mon fils plus deux chèvres, ma femme contre les tiennes....
Jusque là le troc, sauf dans quelques cas épineux et de conscience, avait suffi à rendre les menus services usuels.
On troqua aussi de groupe à groupe, d’état à tribu, de partenaire à concurrent, de gardien à gardé, de gardien à évadé. On en prit même l’habitude. D’immenses beuveries troc s’organisèrent avec les surplus. Dès lors on s’avisa qu’il fallait inventer le fric.
L’affaire ne se fit pas du jour au lendemain et les tractations furent longues délicates et ponctuées de nombreux soubresauts.
On assista à des luttes lyriques entre livres tournois dans des lices couvertes de lys d’or et de seigneurs chamarrés.
On surprit des bateleurs d’occasion affairés à estampiller monnaie pour leur propre compte et qui chutèrent malencontreusement dans des culs de basse fosse.
On signa des papiers sur la bosse d’un bossu dans une rue de Paris qui a découvert depuis les promoteurs immobiliers et le plus vieux métier du monde.
On fabriqua une monnaie pour le nord et le sud après avoir essayé une monnaie pour chacun.
Las, on tenta, tâtonna, suça, soupesa, essaya, trouva un système qui fonctionne en douceur pour ne pas jeter la populace dans les affres de la révolution. Ainsi naquit le FRIC.
Les ravaudeuses râlèrent bien un peu parce que les pièces trouaient les hauts de chausses. On les assigna puis leur donna des billets de plus en plus inimitables et le collant invisible pour les reconstituer. On élimina les ravaudeuses et les racoleuses.


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Je ne sais pas écrire, je suis intimidé et je manque d'idées dans ce domaine. Par la « photolivre », ce langage particulier que j'essaie d'affirmer et d'affermir, je tente de faire un clin d'œil et de tendre la main aux femmes et aux hommes de cette communauté universelle qui conservent, entretiennent et alimentent notre mémoire collective ; les écrivains !

Photolivre
Jean-Marc GODÈS
Entretien paru chez actualitté.com

ActuaLitté.com : Quel est votre parcours ? Plus précisément qu’est-ce qui vous a amené à ce projet « Photolivre » ?

Jean-Marc Godès : Le lien entre mon parcours et mon langage artistique actuel, je le cherche encore. Je suis né en 1958 en Guadeloupe, où j’ai vécu ma petite enfance, d’un père d’origine russe et d’une mère pied-noir. D’emblée moi et les miens étions « des étrangers ».

De l’âge de 16 ans à ces dernières années, ma vie professionnelle a été entièrement tournée vers les dispositifs d’éveil et de construction des personnes ; animateur de centres de loisirs et de classes d’environnement, formateur, conseiller en insertion. En gros, j’ai essayé de savoir comment fonctionnent les autres et les groupes humains organisés. Apprivoiser et être apprivoisé.


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le bruit court que le vent
a enlevé le chapeau
circonflexe de l'ile

Hannah
James NOEL

le bruit court sous la pluie
et en un quart d’orange
la terre fait le tour de la rumeur

le bruit court que le vent
a soufflé tellement fort
que le cyclone
larme à l’oeil
a crié sur la ville
un chant de cygne
signe d’aile cynique de fin du monde

le bruit court que le vent
a enlevé le chapeau
circonflexe de l’ile

ce sont tous les vents mauvais
qui se défilent
en boucle
la mort en bouche sur cette ruine natale


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Il projeta un film porno qui était en réalité un documentaire engagé sur les activités de Gor Ur dans le Monde et l'Intermonde. On savait rien de son action sur l'Infini, sauf qu'il en avait une et que ça expliquait sa supériorité dans les combats.

Patrick CINTAS
Extrait du feuilleton à paraître le mois prochain ici même !

J’avais le choix, bien sûr. Mais si je m’exprimais, on me démontrerait comment et pourquoi je choisissais mal. En pleine maturité mentale, je subissais la pression cognitive qu’on applique à l’enfant pour lui faire croire que l’adolescence existe et qu’il va tirer profit de cette longue initiation pour devenir un individu et un citoyen. « Ils » recommençaient.

— Te bile pas, dit la Sibylle. Frankie est un bon garçon. Il est bien entouré.

Je voyais le visage morose de John Cicada qui n’approchait pas plus loin que le tapis de la porte d’entrée. Il s’apprêtait à ramener la navette à Cap Canaveral avec les pistonnés qui voyageaient aux frais de la princesse, comme si ces allers-retours pouvaient constituer les étapes d’un voyage digne de l’homme que j’étais.

— C’est donc une sœur qui voyage vers l’infini ? demandais-je sans cesse tandis qu’on me nourrissait.

— Ouais, avouait la Sibylle.

— Mais c’est pas ma sœur ?

— C’est la sœur de Frank.

Deux hommes, une femme. Le père s’était croisé avec MA femme pour créer LA sœur de Frankie. Et Frankie se désespérait parce qu’il avait hérité de MA connerie et de MON infortune. Il méritait mieux que de livrer des pizzas dans une station intermédiaire. Mais son petit patapouf de papa n’y pouvait rien. Il était obsédé par la question du choix. S’il avait su, papa Frankie, il s’rait pas venu rien que pour emmerder les Chinois. Qu’est-ce qu’ils me voulaient les Chinois ?


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La bête dans ma bouche venait de s'éveiller. Apparemment, la faim l'avait sortie de son sommeil : en effet, cet insecte dégoûtant s'attaquait maintenant à ma langue. Par petites bouchées, il avalait paisiblement l'outil du langage.

Cécilia AMBU

Je suis née le 5 Juillet 1976. Je n'ai pas choisi de vivre, mais personne n'a choisi de vivre…
A la recherche de ma propre identité, j'ai erré tant d'années dans la douleur : mon âme tourmentée cherche une issue où elle pourrait enfin exister pleinement. Grâce à la philosophie, mon cœur s'est emballé comme si je découvrais la vie pour la première fois : la philosophie m'a aidée à vivre, elle m'a aussi aidée à écrire. Ainsi, j'ai choisi l'Art dans tous ses états, même si le chemin est abrupt et semé d'embûches. Reste à espérer !
Cet Art si précieux, inaltérable, nous fera peut-être nous rejoindre dans le monde des vivants, dans cette belle réalité dont on m'a si souvent parlé : la souffrance me quitte et l'existence devient douce et tranquille. Peut-être que l'activité artistique est un anti-destin, cette force qui nous fait rejoindre l'indicible pour aller toujours plus loin en sublimant nos limites.
L'imprévisible et la fantaisie, ces moteurs qui font que notre élan vital s'anime pour la première fois : le regard brille et l'on est plus jamais éteint.

INSECTE

Oui, je l’ai vu.

L’insecte sortit un jour de mon œil droit.

Sa couleur était noire et ses pinces acérées.

Il parcourut un instant mon visage puis regagna son étrange demeure.

Je sentis d’abord une piqûre.

Mon cerveau se mit à bouger : Les insectes étaient bien là

Bêtes infâmes, ils rongeaient ma cervelle

Toujours plus avides de nourriture cérébrale, ils se nourrissaient de chaque parcelle de mon intériorité.

Vous êtes là,

Vous proliférez, vous fourmillez, vous grouillez dans mon esprit,

Détruisant à chaque instant la substance cérébrale.

 

Un jour, l’insecte sortit de nouveau de mon œil droit.


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TOMBE

---- A cet instant, le corps errait dans le monde.

Il se sentit soudain empoigné par l’autre. Ce dernier crucifia le corps : saisissement entraînant le dessaisissement de soi. Mais l’autre a lancé un poignard. Il atteignit le cœur du corps.

---- Affectivité meurtrie, meurtrier de l’affectivité.

Le corps assiste au ralentissement des pulsations de son cœur : refroidissement du sentiment où seule demeure la satisfaction de la conservation de soi, où le désir cède sa place au besoin.

---- Un jour, l’autre revint.


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ÊTRES

Des êtres multicolores flottaient au- dessus de mon crâne.

Sentiment d’inactivité, passivité extrême

J’observais un moment ces démons tournoyants

Ils dessinaient d’étranges figures, peut- être celle du malheur.

Visages aux formes immondes, corps disproportionnés, vous êtes l’empreinte de l’horreur.

Vos multiples couleurs sont celles de l’amertume, elles illuminent mon crâne de leur phosphorescence.


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MOURIR

Mourir par l’autre

Broyer son corps par l’anesthésie de l’imagination

Et toujours l’horreur de lutter contre soi.

De vivre par l’image d’un corps qui visite son corps

Qui l’envahit pour l’écraser

De son inaccessible présence, de son inaccessible distance.


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ABÎME

J’ étais morte avant d’avoir survécu

Les pièges de l’abîme m’avait séduite

J’avais glissé, et rien ne m’arrêta plus.

Labyrinthe incessant, je marchais.

Mais qu’est- ce ? Des couleurs.

Je courais, haletante, sans espoir

Je m’arrêtais brusquement :

Horreur si belle, illusion incessante,

Ce trou de lumière n’étais pas

Artiste au nom si doux, tu m’avais devancé

Tu avais parcouru, toi aussi, l’abîme de l’horreur.


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Alors on est arrivé sur l'Île des Cris, on a débarqué, une poignée d'oiseaux sauvages glapissaient là-haut sur l'un des sommets, avec des voix humaines, et des mots d'humains.

Joachim ZEMMOUR
Le voyage de Maëldune
d'Alfred Tennyson
Un choix de poèmes de Tennyson traduits par Joachim Zemmour
sera bientôt publié par Le chasseur abstrait.

 Ce poème, dont le titre d’origine est "The Voyage of Maeldune", est l’oeuvre de l’un des poètes britanniques les plus célèbres de l’époque victorienne : Lord Alfred Tennyson (6 août 1809 - 6 octobre 1892). Celui-ci naquit à Somersby dans le Lincolnshire, en Angleterre, dans une famille assez modeste. Son père, en effet, était directeur d’un petit collège religieux ; suite à des ennuis familiaux, ce dernier devint alcoolique. Dès son plus jeune âge, Alfred Tennyson s’intéressa à la poésie. Il composa et publia, avec l’aide de ses deux frères aînés, son premier recueil de poèmes à l’âge de dix-sept ans. Son goût pour les Belles Lettres l’emmena jusqu’au Trinity College de la prestigieuse université de Cambridge, qu’il intégra en 1828 ; mais fut contraint de quitter dès 1831, avant l’obtention de son "Bachelor of Arts", en raison du décès prématuré de son père. Dès lors, il s’employa à la composition des poèmes qui le rendirent célèbre. Parmi ceux-ci, le plus connu est certainement "The Lady of Shalott" (La Dame de Shalott) inspiré des légendes arthuriennes, qui fut publié en 1833. Cependant, le poème qui le rendit populaire aux yeux de ses contemporains est : "The Princess" (La Princesse), paru en 1847. Mais ce n’est qu’en 1850 qu’Alfred Tennyson parvint au pinacle de sa gloire littéraire, lorsqu’il fut couronné en tant que "poet laureate" ( c’est-à-dire, poète lauréat : la plus haute distinction poétique en Grande-Bretagne), succédant ainsi au très célèbre William Wordsworth. Cette année-là, il épousa une amie d’enfance, Emily Sellwood, dont il eut deux fils. À cette époque, le poète n’était pas encore un lord ; c’est la Reine Victoria - grande admiratrice de son oeuvre - qui l’éleva à ce rang dès 1884. Il continua à écrire jusqu’à la fin de ses jours, et fut enterré à l’abbaye de Westminster - l’équivalent de notre "Panthéon" français.


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2. Le Voyage de Maëldune

Moi, j’étais le chef du clan - mon père, lui l’avait tué -

Mais j’ai rassemblé mes hommes ; et j’ai juré d’avoir sa tête.

Chacun d’entre eux avait l’allure d’un roi ; chacun était noble de sang

Et de rang ; tous s’enorgueillissaient d’être du meilleur lignage.

 

Chacun d’entre eux était d’une grande bravoure au combat,

Et digne des plus valeureux héros de la légende ;

Chacun d’entre ces hommes eût préféré mourir,

Plutôt que de nuire à l’un de ses compagnons.

Il vivait sur une île au milieu de l’océan - on a embarqué, un matin -

Lui qui avait tué mon père le jour avant

Ma naissance.


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Tout film est au fond un documentaire. Les réalisateurs africains ont alors pleinement raison quand ils traitent du thème de la religion qui particularise leur continent. C'est le cas du réalisateur nigérian Andy Amenechi dans son film intitulé Egg of life.

Les systémes signifiants de la religion dans les films africains
une lecture de Egg of life
Paul EKOUMBAMAKA

La religion entendue non pas comme un ensemble de croyances canoniques qui prend appui sur les écrits sacrés en rapport avec Dieu, mais comme un sentiment religieux qui consiste en une étroite relation avec le monde des puissances surnaturelles est très perceptible dans les productions artistiques africaines en général (romans, pièces de théâtre, poèmes etc.)

Rien d’étonnant car d’un côté l’Afrique est au départ un continent très religieux. Louis- Vincent Thomas le reconnaît quand il écrit : En Afrique Noire, sans être tout, la religion pénètre tout et le Noir peut se définir comme l’être incurablement religieux[1]. De l’autre côté, le film étant par essence un discours social ne peut donc que refléter l’univers socio-culturel dans lequel il prend naissance. Ceci rejoint la pensée de Christian Metz selon laquelle : Tout film est au fond un documentaire[2]. Les réalisateurs africains ont alors pleinement raison quand ils traitent du thème de la religion qui particularise leur continent. C’est le cas du réalisateur nigérian Andy Amenechi dans son film intitulé Egg of life.

La question principale qui sous-tend cet article est la suivante : quels sont les systèmes signifiants employés par ce réalisateur pour rendre compte des manifestations du thème de la religion dans son film qui sert ici de corpus ?

A la lumière de la lecture sémiologique, deux systèmes signifiants à savoir les objets et les personnages seront examinés à cet effet.


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No me imites:
Sé tu propio asesino.

Poèmes
Rolando REVAGLIATTI

Deux recueils de Rolando Revagliatti traduits par Renato Veccelio.

revagliatti.com.ar/

La petite fille, intriguée, s'était demandé à la fin des années 50 ce que signifiait sur le passeport israélien de sa grand-mère cette mention « valable pour tous pays sauf l'Allemagne ». Quel pouvait bien être ce mystérieux pays dont il était interdit de fouler le sol ?

Métamorphose des barbares
Images de l’Allemand dans la littérature israélienne
Benoît PIVERT
Université de Paris XI

Dans son livre intitulé Israel und die Deutschen, consacré à l’évolution des relations entre les Allemands et l’Etat d’Israël, Inge Deutschkron décrit ainsi le sentiment prédominant en Israël dans les années 50 et 60 à l’encontre d’un peuple considéré comme un peuple de bourreaux : « Après qu’eurent éclaté la douleur et la tristesse, une vague de haine se leva en Israël contre les auteurs de ces crimes et contre ceux qui les avaient laisser se perpétrer.[…] Seul comptait le fait que des millions de juifs avaient été assassinés de la manière la plus horrible, la plus infâme et la plus cruelle par des Allemands, et ce sous les yeux d’Allemands qui, sans s’opposer, avaient laissé faire. La « faute collective » de l’ensemble du peuple allemand était à leurs yeux [aux yeux des Israéliens] manifeste et irréfutable. La conséquence de cet état d’esprit était alors pour chaque Israélien : plus jamais de relations avec les Allemands, jamais de réconciliation. »[1]. Dans la pratique, cela allait du boycott par les foyers israéliens des produits électroménagers allemands jusqu’aux consignes données aux diplomates israéliens face à un interlocuteur venu de « là-bas » : « lui serrer poliment la main, parler avec lui une à deux minutes puis saisir la première occasion pour se lancer dans une conversation avec quelqu’un d’autre »[2].

Anat Feinberg, aujourd’hui professeur d’études juives et de littérature hébraïque à l’université de Heidelberg, égrène dans la préface de son livre Wüstenwind auf der Allee (Le vent du désert sur l’avenue) ses souvenirs d’enfant et d’adolescente et ressuscite le climat de cette époque. La petite fille, intriguée, s’était demandé à la fin des années 50 ce que signifiait sur le passeport israélien de sa grand-mère cette mention « valable pour tous pays sauf l’Allemagne ». Quel pouvait bien être ce mystérieux pays dont il était interdit de fouler le sol ?


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Vedlas ahora retozar insomnes
bajo el ala más profunda del día.
En esa hora cuando el alcatraz
con su negro graffiti comba el cielo.

Thalassa
Siglo Veintiuno editores
Antonio LEAL

Llegarás primero a las sirenas
que encantan a cuantos hombres van a su encuentro.
Homero


Como un rebaño de olas cabritean
en la blancura de esta página.
Buscan el vaivén de las horas más

núbiles de las tres de la mañana.
Suelen esconderse en el vestíbulo
del silencio y nadie las vislumbra.

Duermen yermas contigo, aunque nunca
serán tuyas. Al escenario siempre
llevan el mismo papel desde antaño

en el poema, que es donde envejecen,
sin morir.


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Tympan tamponné
par le hit magnétisant de la nuit.
Bruits assourdissants alors que la nuit veut silence.

Christ off de l’underground
ni christ, ni off, artiste seulement.
Jean-Claude CINTAS

Christophe : « Aimer ce que nous sommes », (AZ – Un label Universal Music - 2008)

Avant propos : « J’écris du son pas des poèmes », dit Christophe. Il sort un album « Aimer ce que nous sommes » qui, dès la toute première écoute, a inspiré 15 chantpoèmes à Jean-Claude Cintas, chantpoète. Après un préambule structuré en deux parties « En ces temps… » et « Portrait d’un Christ off d’après une photo de Lucie Bevelicqua », suivent « 13 instantanés poétiques, 13 chantpoèmes » inspirés par l’écoute en boucle des titres de l’album.


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Je photographiais ma bite avec mon téléphone, Kelly jouait avec son double dong noir the snake flesh. Longs cheveux bruns, ongles rouges, plan sur Saddam Hussein quelques minutes avant sa pendaison : Allah est grand...

Pourquoi Tom Cruise
Pierre DENAN

Un « récit prompteur » avec, par ordre d’apparition : Katee Holmes, Marija Serifovic, Katie Holmes, Tom Cruise, Shy Love, Saddam Hussein, Allah, Mohammed, Nico, le coach sportif, Cho Seung-Hui, David Miscavige, Victoria Beckham, Jésus-Christ, David Hans Schmidt, George Clooney, Eva Longoria, Jim Carrey, Demi Moore, Ashton Kutcher, Ron Howard, Brooke Shields, Steven Spielberg, Wesley Snipes, Quincy Jones, Bruce Willis…

« Le récit prompteur POURQUOI TOM CRUISE est une ligne, un flux qui s’inspire, pour la forme, du mode de défilement en continu des titres et dépêches d’agences de presse, sur les écrans des chaînes d’information. Constitué, pour l’essentiel, d’éléments provenant des fils d’actualité du web – haut lieu de la fiction –, il est écrit sur un mode narratif. 
Figure du récit – et non sujet –, Tom Cruise y incarne l’hypermoi paranoïaque, décomplexé, terrorisé, organisé, hygiéniste, jeune et durable des temps hypermodernes. Un hypercruise, pour un hypersonnage, marque absolue d’une “modernité élevée à la puissance superlative”, mais aussi masque derrière lequel j’écris mon propre chant. »
Pierre Denan (pierredenan.com)

Pierre Denan livre, chaque année à partir du livre 1, de 80 à 150 000 signes d’un même récit, possiblement sans fin, sauf avec la mort de Tom Cruise (ou bien dans le cas de la disparition de l’auteur).

Fondateur des éditions M19 (19 mai), Pierre Denan est artiste, écrivain, directeur des revues MAP, 20/27, Grams of art et de la collection de livres d’artistes I.S. Inventaire Supplémentaire.


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Tu boca cual pila bautismal salva Al poeta de la mera grafía y lo trasporta al grito Del primer nacimiento.

Belleza plena
Oscar PORTELA

A Marco da Silva

 

Intocada y bárbara belleza. Luz de luna

Sacrifícial y sangre en los colmillos

Del hombre que aún es leopardo. Y el

Poeta un venado que pasta torpemente cuando

Ya la posesión es sangre y la carne gramilla

Entre los dientes marfilinios de dios del sacrificio.


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J'ai acheté mon premier paquet de clopes à 11 ans, un paquet de Marlboro Rouge. Pour ça, j'avais dû piquer une pièce de dix balles dans le porte-monnaies de ma mère. Je me souviens bien du gars qui me l'a vendu : il s'appelait Eugène.

L’histoire de mes doigts

Sébastien AYREAULT
Extraits

1-Poisson chat

On ne sait pas comment ces choses-là arrivent, mais ça arrive. Un jour ou l’autre, ça vous tombe sur la gueule, et alors

 Faut y aller.

 Je suis né du côté de Cholet, en 76, dans un petit village appelé Maulévrier. Ma mère faisait ses 8 heures chez Hérault. Hérault était écrivain, éditeur, mais aussi imprimeur. Je me souviens bien de sa gueule burinée, de sa clope au coin des lèvres, et des demis qu’il descendait tout le long des jours, assis au bar en face de l’église. Je ne sais pas trop jusqu’où il était connu, mais en tout cas, il portait toujours une écharpe rouge. Mon père, lui, il travaillait chez Plastil, il était mécano. Il partait tôt le matin, à vélo, et il revenait sur les coups des 6 heures le soir, et toujours à vélo. Un vélo semi course vert. Moi aussi j’avais un vélo vert, un drôle d’engin que mon père avait fabriqué de ses mains - des mains de mécano, aux ongles noirs, à la peau dure - et je taillais la route avec cet engin vert, fallait voir.

 La première fleur – pissenlit ou pâquerette - qui me vient à la tête quand je me remémore tout ça – et cette nouvelle aurait sûrement dû commencer ainsi :

 On habitait loin du monde.


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Noir Désir fut un phénomène qui toucha le coeur de deux générations d'adolescents. Et Bertrand Cantat un héros. Ne pas en parler, c'est comme virer la cigarette de Gainsbourg sur les photos.

Un noir désir
Bertrand Cantat
Andy VÉROL

Sortie du second livre d’Andy Vérol. Contacté par Patrick Eudeline pour ce projet, la "Vérol" a pondu une biographie "orientée" sur le groupe de rock le plus populaire en France, durant les années 90 - 2000.


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Patrick Eudeline, envoie-nous le livre de notre ami Andy Vérol pour qu'on en parle !

C'est chez

Nous avons aussi mis en ligne:

Harmonie BOTELLA - Emigrante
Üzeyir Lokman ÇAYCI - La spontanéité
Françoise HUPPERTZ - Donnez-moi le temps
Kathy FERRÉ - Brenne, entre ciel & eau
--------------Le soleil s'est noyé...
--------------Brenne : il est une contrée...
Janvier YEMELE - Les quatre orphelins

OpenPublishing

Publier librement

BONNE RENTRÉE
LITTÉRAIRE !

La "Chaîne du livre" propose ses romanciers... beau gâchis...

Avec quelques perles cependant, comme Les derniers cowboys français d'Andy Vérol paru chez Pylone et vendu ici.
Et une bonne chronique de Patrice Maltaverne chez Le mort qui trompe ici.

 

Dans le numéro d'octobre:

Gor Ur Le Gorille Urinant

 

Un feuilleton de Patrick CINTAS.

 

Les 8 premiers épisodes: texte intégral.

Les épisodes suivants à partir de janvier 2009
et tous les mois!

Gor Ur Le Gorille Urinant

 

Bonne lecture de ce numéro. N'hésitez pas à participer. Il faut continuer de pallier le manque d'audace et l'esprit mercantil aux abois de l'édition française.

Patrick Cintas

 

 


COMMUNIQUÉS
DE PRESSE


 

 

Nouvelle RAL,M

Chaque mois, une page éditoriale

Octobre 2010. La nouvelle RAL,M est née. Qu'est-ce qui a changé? Et bien le Chasseur abstrait a maintenant son propre site. Les catalogues et les nouvelles des auteurs publiés sont donc transférés dans ce nouveau site. La RAL,M revient a sa vocation première : la publication en ligne et les revues "papier". Et redevient entièrement le chantier littéraire et artistique dont les auteurs, quels qu'ils soient, ont besoin. Et c'est aussi l'endroit où Le chasseur abstrait rencontre ses futurs auteurs. Pour plus d'informations, consulter la nouvelle ligne éditoriale de la RAL,M :

Ligne éditoriale : 

 

2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

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