Retour à la RALM RALM no 102 - Catalogue du sériographe de Pascal Leray [Ecrire à Pascal Leray]
Chantier n°18 - Dire d'Irplii
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 Article publié le 19 septembre 2017.

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INDEX

Repli engendre Irpli - Préparation d’un second Cahier de la Ral,m sur la série : La série à l’index – Prise de contact avec Mel Bochner – Sériographie llittéraire - Reprise des lipogrammes et aphorismes en anglais – Variables du repli - Retour au magnétophone : Toute la nuit et tout le jour - Repli artériel


WEBOGRAPHIE

Aux sources du sens (des réalités) - protocloud éditorial
Dire d’Irpli et autres poèmes
La série selon Mel Bochner


BIBLIOGRAPHIE

« Le récit ruisselant » (poème) -Le testament, n° 7 et 8, 2012
« Le peu oubli » (poème) – Le Testament, n° 11, 2013
Bourreau de Merzin, récit - Le Chasseur abstrait éditeur, 2011
Cahiers de la Ral,m, n° 24 - « La série à l’index » - Le Chasseur abstrait éditeur, 2011

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DICTIONNAIRE CRITIQUE

Destruction sérielle *** Ratage


VARIABLES DU REPLI

Le dire d’Irpli, c’est tout d’abord une série.

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Ce qui engendre des bizarreries telles que ce fragment ou encore cet autre.

Cela n’a duré que le temps de détruire la carte-son d’un ordinateur portable, peut-être deux ou trois semaines. Il en a résulté différents modes d’exposition du même matériau de base. L’expérience est véritablement anachronique. La frénésie destructrice qui a engendré Variables du repli observe un étrange parallélisme, en effet, avec celle qui a présidé à la production, dix-sept ans en arrière, des expérimentations sur magnétophone d’Exp #74. La bande magnétique en moins, certes. Mais la dodécaphonie avait repris le rôle.

L’IGNOTRON RIGOLO

Cette séquence dodécaphonique barbare n’était que la troisième introduction au néantisme particulier de l’ignotron, il faut bien le dire. Il y a eu des dessins aussi.

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Si l’on peut parler de dessin... J’aurais plutôt dit des griffons, autrefois. Mais ce ne sont pas non plus des griffons car le feutre ne permet pas cela. Sans le risque de percer la feuille (ou la paume de la main), il ne saurait y avoir de griffon en effet.

L’ignotron, c’est le non-dire d’Irpli. Sa présence répugnante est cerclée de silence. Or, le silence a mille visages. Celui du non-dire, d’un côté (cela semble évident, ça ne l’est pas du tout au fait). Mais plus encore que cette "absence de parole" (pour illusoire qu’elle soit), c’est la méchanceté d’Irpli qu’il faut incriminer.

Ce qui n’excuse rien, bien sûr. Mais qui irait demander des excuses à l’ignotron ou à Irpli pour ce qui n’a vraisemblablement pas pu avoir lieu dans la réalité des choses qui existent ?


LE RECIT FAIT AU RUISSEAU CONTRARIE

Apportez-moi la destruction
et je la veux sur un plateau, comme le monde.
Je le veux sous une cloche, le monde
comme un plateau
sous une tête, la tête de Jean le Baptiste.

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J’espérais comment dire la sagesse sénile.
Seule la sénilité m’a entendu

a accédé à mes demandes
a suspendu le verdict de la vie
pour me
complaire.

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J’étais l’enfant du segment imparfait de terre qu’on avait embrasé
un peu plus haut, là-bas, au sud.
C’était normal, disais-je : on avait le soleil,
on avait la lumière la plus pure,
le ciel le plus élégamment vêtu,
on était sûrs de cette terre, on la baisait.

Et puis les roseaux cruels sont apparus : la dénaturation
devrait prendre un chemin n fois mille.
Moi, je ne savais rien de ces plans-là.
Je me bornais à constater le ciel.

Vu d’un
segment de terre, le ciel
n’est pas toujours lisible.
Je louchais, c’est certain.

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Mais je donnais à boire à mes chevaux.
Ils étaient cent au trot et mille quand ils couraient.
Mes chevaux de hasard, je les avais gagnés
à une loterie : la guerre
m’a bien pourvu, voyez ! En ces temps de disette,
je puis seul me promener nu et au trot.

Les embuscades, les bois resserrés,
les rafales de biais comme le vent, pareilles mais tueuses,
les lumières toujours funèbres dans la nuit,
tout cela a pleuré – pour moi – a dit le roseau

en secouant son corps tranquillement – à la pierre
qui grignotait le sol en écoutant
les visages de la guerre
se dessiner – et s’effacer – comme si le sol
effectuait une mémoire
de pas – alors que
pas un
pas
ne nous était
offert – cela n’est pas croyable ! Le sol rembobina tous les visages
pour les fourrer dans une poche de terre plissée, cruelle,
ricanante et ironique,
tandis que le roseau pavoisait : cette guerre
avait été la sienne, vraiment !
C’est là que je les ai gagnés, mes chevaux dois-je concéder.
Dans une loterie
amère – mais lumineuse – mais crue !
Ils courent
mécaniquement désormais.

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Méphistophéles descend.

Le placard est ouvert. Quelqu’un crie :

« Les placards sont ouverts ! »

Or, il n’y en a
qu’un.

C’est là le Diable. Tout le Diable
est dans cette armoire descendue et ce placard ouvert

et Méphistophéles
descend.

Les boîtes de conserve magnifiques, une sorte d’hébétude.
Les assiettes nacrées, nacrées au sang et à la terre
et à côté les candélabres au lieu des couverts

signe de mort
et d’alouette.

La pluie descend aussi, le soir descend encore.
Méphistophéles accompagné
entre dans la maison comme dans un petit délire.

Si les placards sont grand ouverts, dis-je

c’est pour que claquent les portes à son passage
et qu’on les entende bien claquer, surtout ! C’est le Diable,
le Diable qui décide seul.

Méphistophéles accompagné
referme les placards.

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La nuit bottait en touche : j’étais si amer !
Je n’avais pas de contrat de violence.
Je collectionnais donc les têtes de mort pour rien !
Je savais que tout cela serait âpre (et un peu moins).

Pourtant je tournais la tête comme une momie.
Ma tête refaisait le tour du cou bizarre pour rire.
Franchement, franchement : je n’ai pas ri beaucoup
quand j’ai vu dans mon dos les pierres sereines.

Elles grignotaient le souvenir pulvérisé, le mien.
Les gens regardaient faire les pierres de leurs fenêtres
et ils se penchaient dangereusement même pour voir
mais ils ne se souvenaient déjà plus de rien.

Et les têtes de mort empilées roualeint devant moi
sur un petit chariot qui faisait office de jardin génital,
là où les crânes vivants et transplantés au sol sourient
comme des êtres vivants qui binent par grand froid.

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Le récit fuse, ruisselant
et trempé de sueur, éructe son visage
de glacis, de givre, de noël
ensanglanté et affamé. Le récit montre
un ruisseau saccagé, une plaie dans la plaine.
Un oiseau égorgé et qui explique qu’il n’est qu’un rouge-gorge
pour dire qu’il n’y a pas plus de plaie
en cette plaine
que d’arbre sec au tronc noueux qui exprime la désolation.
Le récit accablant est cependant bancal.
Il faut bien que passe l’hiver, dites.
Il faut que le sommeil taise avant de dire et c’est pareil,
pareil à ces histoires
d’éventrement de la plaine par un temps
à ne pas prendre le train :
il prendrait
du retard.

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Nuit amphibie

L’eau dans la nuit a une couleur crasse.
Même l’eau cristaline rejette des copeaux épars.
Pourtant j’ai l’oeil qui tourne plus : qui vrille.
Mais le sommeil n’a pas de retard et
j’ai été enlevé par les extraterrestres.
Maudit soit l’arbre qui m’a transplanté.
Et bien guéri soit le pleutre que j’ai
entendu – marmoner – toute une nuit – limpide
(si c’était la troisième) à boire de l’eau
qui m’a donné à boire.
La crasse qui revêt l’eau ne m’inquiètera pas.
J’ai su défaire les plis de l’eau hier donc pourquoi pas ?
Pourquoi ne pas se satisfaire de boire la nuit
quand des bols passent pour percer pour seulement
une heure ? C’est déjà trop : mon oeil
vrille et s’enfonce comme une vraie couverture
pour réchauffer mon corps peut-être ? Je
ne serai jamais fort comme la bouillabaisse.
Je ne suis pas un bouillabas.

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Une révolution était libre et heureuse.
Elle allair, à travers têtes, voletant comme un oiseau.
Ses plumes irradiaient et leur combinaison de luminosités cartographiait les chantiers à venir.
Les chantiers révolutionnaires baignaient dans une lumière oiselée.
L’air était doux, empreint de la texture des plumes qui se libéraient.
De jour en jour, dans l’air du temps où l’on se dissolvait aussi,
dans la tendresse pacifiée de l’extérieur enfin serein.
Le jour naissant
balbutiait l’administration de nos pénombres.


GALERIE

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