Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
4- Un Occident lumineux
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 18 octobre 2015.

oOo

La carte de l’Europe représente l’affirmation des grandes monarchies, qu’elles soient prussienne, anglaise, autrichienne ou française. Ces familles royales se partagent le continent, non sans animosité et pour cause, les différences politiques, religieuses et économiques étant importantes. Schématiquement, le catholicisme des pays du Sud est en contraste avec le protestantisme des pays du Nord, l’Angleterre faisant exception puisqu’elle invente sa propre église, anglicane. C’est en France que la centralisation est la plus forte, imprimée par la monarchie absolue et Louis XV, qui poursuit l’oeuvre de son illustre prédécesseur. Alors qu’ailleurs, notamment aux Pays-Bas et en Angleterre, l’expérience du parlement a déjà eu lieu. Si la France est avant tout une puissance agricole et manufacturière, les pays du Nord sont de grandes flottes commerciales, à tel point que les Anglais deviennent peu à peu les maîtres de la mer et de l’océan.

Au niveau scientifique, les avancées sont rapides, grâce essentiellement à la naissance de l’empirisme : au lieu de partir des idées pour en déduire les faits, on observe les faits conduisant à la découverte des lois qui unifient l’hétérogénéité des phénomènes. C’est l’émergence de la science appliquée, rendue possible par la révolution opérée au siècle précédent. L’électricité, la biologie, la chimie ... ces différents domaines deviennent de véritables champs d’investigation, débouchant par exemple sur l’invention du paratonnerre, signée Franklin, la machine à vapeur, de Watt, un grand ouvrage sur la biologie, de Buffon. L’autre caractéristique de la science, c’est son entrée dans l’ère industrielle, et d’abord en Angleterre, pays pionnier.

Le XVIIIe siècle, c’est également le siècle de la philosophie qui fabrique un nouveau modèle de penseur : le philosophe n’est plus le sage en retrait du monde, mais l’intellectuel avant l’heure qui réfléchit aux affaires publiques, jusqu’à parfois s’engager, comme Voltaire dans l’affaire Calas. Jean-Jacques Rousseau, lui, s’interroge sur les inégalités, l’éducation, et définit un contrat social. Kant, de son côté, critique la raison pure, cependant que Hume définit ce qu’il appelle l’entendement humain. La grande aventure cognitive des Lumières, celle qui unit les esprits brillants de l’époque, c’est incontestablement l’Encyclopédie. De 1745 à 1772, sous la direction de Diderot et d’Alembert, est élaboré le premier ouvrage de savoirs interdisciplinaires qui doit affronter conjointement le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir royal. Ce vaste projet, qui finit par aboutir, s’inscrit fortement dans l’esprit européen des Lumières puisque Frédéric II de Prusse reçoit Voltaire, la cour de Russie accueille Diderot ou encore les salons se développent. Au-delà, cette identité européenne répand l’universalité de la raison, une raison qui se veut cosmopolitique, autorisant alors, comme le souligne Kant, à penser l’Histoire comme progrès. Cette idée de progrès va de pair avec la naissance de l’économie politique, incarnée par le libéralisme d’Adam Smith : au profit, justifié au siècle précédent par John Locke, s’ajoute la liberté du commerce et des échanges. En France, ce sont les physiocrates tels que Mirabeau ou Quesnay qui défendent l’économie en tant que système. Le marché crée de telles inégalités en ce XVIIIe siècle, notamment en France, que les revendications populaires, de surcroît ignorées par l’immobilisme de la noblesse, provoquent la Révolution. La bourgeoisie supplante la noblesse. La France se dote d’une constitution républicaine au coeur de laquelle sont inscrits les Droits de l’homme et du citoyen. Ce changement de régime s’accompagne d’une volonté d’éducation du peuple, élaborée par le marquis de Condorcet, dont le projet sur l’école verra véritablement le jour sous la IIIe République. Auparavant, les colonies anglaises se révoltent contre la mère patrie, à cause d’une taxe qui provoque l’insurrection. Aidés par Ia France, les futurs Américains obtiennent leur indépendance, en 1776. Ainsi, les Européens qui avaient fui le Vieux continent pour des raisons à la fois économiques, religieuses et personnelles - affamés, protestants, bagnards et aventuriers formant l’essentiel de la communauté - commencent l’histoire des Etats-Unis d’Amérique.
Sur le plan artistique, les innovations sont plurielles, caractérisant un siècle curieux, exigeant et expérimental, comme en témoignent l’oeuvre magistrale et totémique de Jean-Sébastien Bach dont la révolution technique engendre de nouvelles émotions, la majesté de Haendel, la vivacité d’Antonio Vivaldi ou encore la tonicité de Mozart. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie fabriquent les grands compositeurs du temps, et leurs influences sont réciproques, le reflet de l’esprit européen des Lumières. En France, le dramaturge Beaumarchais invente les droits d’auteur, tandis que Choderlos de Laclos écrit " Les liaisons dangereuses " , le chef d’oeuvre libertin qui précède la Révolution.

Libertin ... cet adjectif résume presque à lui seul la philosophie des Lumières, dans la mesure où il signifie une liberté d’esprit face à la foi et à la morale religieuses, caractéristiques des penseurs qui s’affranchissent de toute tutelle.
La science, la littérature, la politique, la religion ... la musique ... tous ces domaines sont traversés par un puissant rationalisme qui remet en question l’ordre établi et, au-delà, distille un nouveau souffle de liberté synonyme de multiples inventions.

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -