" Une fois de plus, c’est au bord de la mer, à la tombée du jour, une étendue de sable fin coupée de rochers et de trous, qu’il faut traverser, avec de l’eau parfois jusqu’à la taille ".

L’incipit de ce premier roman embarque le lecteur dans un cadre spatio-temporel pour le moins aventureux ou incertain...

" La première scène se déroule très vite. On sent qu’elle a déjà été répétée plusieurs fois. Chacun connaît son rôle par coeur ".

D’après le titre du livre, on peut supposer que le lieu, indéterminé dans le texte, se confond avec New-York...

" Si j’ai bonne mémoire, j’ai commencé l’écriture de ce présent livre vers la fin de l’année 76, ou bien au début de 77, c’est-à-dire quelques mois après la publication de " Topologie d’une cité fantôme ".

Dans ce premier volet des romanesques, l’auteur évoque son oeuvre en cours, de manière autobiographique. Mais d’une manière toute particulière comme on le découvre à la lecture de cet ouvrage...

Alain Robbe-Grillet ne cesse, au cours de ses travaux littéraires, de mettre en avant une liberté constamment projetée. Son amour de la langue française, son jeu avec les mots, sa passion pour la spéculation traversent sa narration. Prototype du changement radical et parfois inattendu, explorateur des possibles, investigateur de sa propre personne, promoteur d’une pédagogie joyeuse et érudite... les facettes essentielles d’un auteur aux fortes analogies avec Louis-Ferdinand Céline, ce médecin devenu écrivain, après avoir découvert la même passion pour la littérature - ordonnancement des mots - que pour la biologie - interaction des cellules.

Alors, devant l’Académie française... que dire ?

Un discours, il faut prononcer un discours... est-ce bien nécessaire ?

Et cet habit vert... n’est-il pas trop lourd ? Trop encombrant ?

Voyons... résumons.

Alain Robbe-Grillet commence par l’agronomie.

Alain Robbe-Grillet s’engage en littérature. Puis, il prend la caméra, sans pour autant délaisser la plume.

Oui, il demeure un soldat, un brave soldat de l’écriture. Et acquiert de hauts galons.

Disons-le tout net : lorsque le monde littéraire se sera affranchi de ses préjugés concernant l’origine et le parcours des écrivains, la littérature en sortira grandie. Et le matériau textuel sera l’unique objet de toutes les attentions, des plus virulentes oppositions aux plus enthousiastes adhésions, et le matériau textuel sera synonyme, à lui seul, de focalisation.

" J’aime les jours où je me sens plus intelligent, plus instruit, plus aigu. J’aime apprendre. J’aime enseigner. J’aime la vie. J’aime la littérature " (A R-G)...

Bibliographie

1. Les seize volumes littéraires des éditions de Minuit (1949-2001) et le dix-septième aux éditions Fayard (2007) : oeuvre complète de l’auteur.

2. " Le Voyageur, textes, causeries et entretiens " (1947-2001) , 2001, éditions Bourgois.

3. " Le magazine littéraire " spécial Alain Robbe-Grillet, octobre 2001.

4. " Critique " spécial Alain Robbe-Grillet, n. 651-652, août-septembre 2001, éditions de Minuit

5. " Préface à une vie d’écrivain " , 2003, Point Seuil/France Culture.