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Journal du Catalogue du sériographe (RALM 102)
1er janvier 2018 - Parution du Catalogue

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 Article publié le 1er janvier 2018.

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http://www.ral-m.com/srioscal/

 

L’anarchie, stade suprême du sérialisme (qui, en retour, en est la concrétisation). Parce que les éléments de la série sont uniques, c’est-à-dire autonomes (quoique interdépendants). Ainsi, la série se conçoit comme une grappe plus ou moins dense (de 1 à n éléments), autonome et correllée avec d’autres séries. L’événement non répété est sériel ; une famille d’événements différenciés et associés par leurs quelconques caractéristiques, jamais répétés eux-mêmes et cette série ne se répétant jamais telle. (Dictionnaire critique et raisonné du signifiant série et de la poétique sérielle)

Catalogue du sériographe
dans le [nº 102 de la RALM]
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  Redéfinition de la notion d’ensemble chez Pascal Leray par Patrick Cintas

« …l’existence numérique du texte lui ouvre d’autres dimensions parce que les supports numériques, en particulier les formats du web, ne sont aucunement astreints à la linéarité qu’impose le papier, quand bien même on en éclaterait sauvagement la mise en page, » écrit Pascal Leray en ouverture de ce qui restera sans doute pendant encore longtemps le meilleur et le plus… sauvage des numéros que la RALM propose à ses lecteurs depuis sa création en 2004.

Ce numéro 102, de janvier 2018, se présente comme le catalogue des écrits de l’auteur depuis 1987. Il s’agit d’un « projet autobiographique », plus précisément d’une autobiographie fondée à la fois sur la chronologie des écrits et sur leur contenu, à deux doigts de l’exhaustivité. En regard de ce travail méticuleux d’inventaire, les œuvres s’étagent pour former un des édifices les plus remarquablement littéraires de notre époque.

Il ne s’agit pas ici d’un massif touffu comme finissent par en produire les graphomanes et autres compilateurs autofictionnels, voire confessionnels. Certes, la diversité des genres et des styles peut surprendre le lecteur habitué à reconnaître le chemin sur lequel un auteur le place dès l’entrée en matière et ainsi de volume en volume comme de port en port. La maison Leray est solidement conçue avant sa construction dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle relève à la fois de l’opiniâtreté, qualité du rare poète, et d’une sincérité à toute épreuve. Et ce ne sont pas les impedimenta, de nature humaine ou objectale, qui manquent à cet énorme récit au fond assez proche de la pratique du bildungsroman, avec ce que cela suppose de formation personnelle, de références culturelles, d’apprentissage des métiers, et notamment celui d’écrivain. L’ensemble, peut-être formé de séries comme l’auteur en formule l’hypothèse, tiraillé entre son sens de l’humour et sa quête d’amour, est bel et bien un roman, tour à tour dans le genre fable ou chronique, à la fois durement épique et savamment lyrique.

Certes, l’épaisseur de l’ouvrage (plusieurs milliers de pages — on pense à l’Exégèse de Dick dont on n’a en principe lu que des extraits choisis par l’éditeur) suggère une certaine parenté avec l’aventure proustienne. Mais aussi bien avec la quichottesque, sauf que cette fois le volumen en usage ne peut plus servir de support. Cette question du support, et de la surface qu’il implique, a déjà été posée sur le plan artistique sans référence aux travaux auxquels le roman nous a habitués depuis que le monde est Monde. Pourtant, il ne semble pas que Pascal Leray se préoccupe d’hypertexte dans le sens où Ted Nelson l’a inventé sans réussir à en imposer les exigences formelles pour cause de difficultés à en mettre en pratique sa nécessaire et organique spatialité. Ce catalogue est un catalogue, comme on appelle un chat un chat, et il ne faut pas longtemps se faire violence pour en imaginer les pages, d’autant que le projet, une fois sur l’écran, comme c’est le cas avec ce numéro 102, apparaît vite d’un bloc, proposant assez généreusement de s’y balader comme sur le plan terrestre, entre ciel et terre, sur mer comme sous le volcan.

Au lieu des traditionnels chapitres que le roman saucissonne le plus souvent, celui-ci se « divise », au sens propre du terme, en « chantiers » bien distincts les uns des autres et selon une logique « sérielle » qu’il ne sera pas difficile au lecteur perspicace de mettre à jour, si tant est que l’auteur ait jamais songé à l’enfouir !

Alors la question se pose, aussi clairement que si elle avait précédé la mise à plat de ce projet : est-ce au lecteur de procéder à l’épitomé ou à l’auteur de revenir sur le terrain éditorial avec cette fois-ci quelque chose d’assez dense pour entrer dans un livre aux pages agglutinées selon la classique méthode du volume ?

En attendant ces jours meilleurs, quoi de plus facile que de parcourir ces écrans, sans toutefois perdre de vue un instant le découpage organisé par l’auteur, non pas fragmentation consécutive aux impacts du silence sur le bruit, mais bien itinéraire conçu pour voyager, avec ce que cela suppose de haltes, de séjours, de grains et d’orages, voire de rencontres. « Établissement [du texte] réflexif et non scientifique… » écrit l’auteur en introduction, comme si le jeu des impressions prenait le pas sur l’exercice plus aléatoire de l’intuition. Au fil de son exploration, le lecteur jouira de toute façon d’innombrables hyperliens au bout desquels il découvrira l’extraordinaire diversité de cet auteur dickensien (par le volume et l’ampleur du défi) profitant alors de son temps libre pour entrer aussi bien dans un poème que dans une histoire pas exactement inventés pour lui plaire, mais finalement aussi jubilatoires que n’importe quelle autre manière de ne rien perdre du temps recherché.

Et je n’ai pas abordé ici les autres aspects de cette œuvre protéiforme : la musique, à mon avis centrale, et les arts plastiques (images et vidéos) fort éloignés de toute préoccupation esthétique ou morale et tournés de plein fouet vers le miroir de l’action qui construit son homme. Le lecteur deviendra aussi aisément auditeur, spectateur, joueur et même maître de son cheminement hors de chez lui, à la porte à côté car Pascal Leray sait aussi bien ne pas la fermer au nez et à la barbe.

Si la RALM a un sens, celui-ci est sans doute le plus prometteur d’un catalogue mieux que raisonné : on y entre de plain-pied dans un monde où ni l’extension ni la compréhension ne définissent l’ensemble : il va falloir apprendre à jeter les dés sur le tapis de la mortalité, loin de toute idée trop spirituellement accomplie pour verser enfin dans la Réalité.


  Sens du chantier entrepris par Pascal Leray par Patrick Cintas

Une fois digérée cette idée de projet colossal, lequel interdit toute tentative éditoriale raisonnable et raisonnée qui le limite à une simple mise en ligne avec les moyens mis à disposition conjointement par le Web et la RALM, pourquoi ne pas revenir à sa construction brute sur le terrain même du livre ?

De deux choses l’une :

ou bien l’auteur met en œuvre un ensemble d’ouvrages censés représenter le mieux possible la perspective littéraire et livresque qui le titille ;

ou bien chacun de ces éléments est une série d’ouvrages, une collection, et se pose alors la question de sa structure.

Pascal Leray trace à grand coup de fusain ou de burin (allez savoir sur quel support il agit…) je le cite :

- un roman sans début et sans fin : Le sens des réalités.

- un poème :Avec l’arc noir.

- une étude intime, historique et structurale du signifiant série et de ses dérivés :L’archéologie de la série ou sériographie.

- un laboratoire de ces projets : L’écriture journaliste au sens de l’écriture du journal, intime ou non.

Quatre livres qui sont comme les quatre murs de son enfermement en édition.

Seulement voilà :

Le sens des réalités se décline en une foule de récits dont la somme dépasse les possibilités de reliure.

Avec l’arc noir défonce carrément l’espace poétique au point de réclamer de son lecteur un infini dont il ne dispose évidemment pas.

L’archéologie en question, tout en s’imposant ordre et méthode, risque de manquer sa cible à force non pas de labyrinthe mais de chemin à parcourir.

Et le fonctionnement du laboratoire, assise de toute l’œuvre, voire fondation même de l’ouvrage qui prend forme à la manière du phénix, relève du mouvement perpétuel.

Un roman, un poème, une sériographie, un laboratoire.

Une fois dépassé les notions de séquentiel et d’aléatoire, comme c’est sans doute ce qui attend nos inévitables descendants et suiveurs, c’est au coup de dés de prendre le relai, mais pas sans calcul.

Pascal Leray peut-il, aujourd’hui, faire entrer le géant dans la niche du chien ?

Est-il possible qu’il finisse par nous offrir, en quatre volumes ou en un seul, une lecture qui, comme le veut l’usage en vigueur en matière de littérature, s’apparente à la relation du voyage, à la visite du palais, à la peinture des mœurs ou d’autre chose ?

Pour l’heure, cet épitomé n’est pas d’actualité. Il semble que l’auteur soit occupé à rassembler, classer, tenter, disposer, vérifier… et augmenter !

Le plan éditorial, nous l’avons. Et même les titres : Le sens des réalités, Avec l’arc noir, Sériographie, Laboratoire et Cie. Il est établi par l’auteur lui-même qui, comme tout créateur sérieux, possède la clé de son royaume.

Mais reconnaissons avec la critique la mieux rangée que l’établissement d’un plan de campagne, sans toutefois être à la portée du commun des mortels (en admettant que les autres ne meurent pas communément), n’exige pas de son stratège autre chose qu’une bonne connaissance du terrain et des moyens de supériorité, ce qui est l’apanage de l’érudit, du savant et même du pédant. Or, Pascal Leray, grand démiurge par le volume de ses plans… est-il un artiste ? Autrement dit : est-il un écrivain ?

En attendant l’œuvre qu’il promet de laisser derrière lui, est-il possible au moins de goûter à son talent tant de poète que de narrateur ? A-t-il publié quelques volumes qui peuvent servir d’estampes à se mettre sous les yeux pour y lire combien il sait manier le vers et la prose ?

Et bien figurez-vous qu’il y a pensé. Et, entre autres, il a publié quelques romans, nouvelles, poésies et essais chez Le chasseur abstrait comme en témoigne cette page du catalogue :

[Catalogue de Pascal Leray]

Reconnaissons que cet auteur a parcouru l’essentiel du chemin vers le lecteur toujours potentiel. D’abord en nous livrant avec clarté et cohérence toute la substance de son projet, ne négligeant pas de jeter en pâture une abondance de textes qu’il s’agit de saisir au vol ; puis en publiant quelques bouquins qui peuvent servir d’une part à démontrer son talent d’écrivain (ce qui n’est pas rien de nos jours) et d’autre part de bornage* du chantier en cours d’exploitation.

Il est rare qu’un auteur s’organise aussi solidement, mais c’est la particularité du véritable créateur : il sait où il va, il en donne le spectacle provisoire en attendant de lever le rideau, il ne dédaigne pas de partager ses découvertes à même le plancher des vaches.

La qualité indiscutable de son « espace d’auteur » dans la RALM** et la teneur même du numéro 102*** dont il est le maître d’œuvre, voilà ce qu’il donne, à la fois pour être jugé sur pièces et surtout pour donner les tours de manivelle que sa machine exige de lui.

 

 

----

* …à la fois « action de borner une propriété, un terrain et navigation côtière près du port d’attache, » dit le dictionnaire, ce qui donne à réfléchir, n’est-ce pas… ?

** pascalleray.ral-m.com

***ral-m.com/srioscal/


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