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 Article publié le 5 février 2017.

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Pures ou éraillées, travaillées ou naturelles, mâles, femelles ou enfantines, les voix affirment, disent une intention.

Le chant en impose, concrétise une ferme présence signifiante, tandis que les bruits et les bruitages, les percussions et les vents, toutes les notes de musique de tous les instruments anciens ou modernes, traditionnels ou bricolés, acoustiques, électro-acoustiques ou électroniques créent un cadre sans limite, un espace ouvert aux voix qui s’y affirment.

Entre toutes, j’aime alors les voix qui sacralisent l’espace ainsi créé par la musique, sachant que le sacré circule entre les éléments musicaux, les blocs sonores plus ou moins ténus, plus ou moins compacts. Qu’on ne s’y trompe pas : le sacré est partout et nulle part.

Les voix le chantent et le signifient, la musique est habitée par lui, émane d’elle, comme si sacré et musique ne pouvait faire qu’un ensemble, mais pas encore, le sacré étant toujours en avant de tout dire et de tout faire, sans jamais pouvoir s’actualiser autrement et ailleurs que dans la présence du présent musical, dans ce qu’il faut alors appeler l’offrande musicale.

Les voix convergent, s’harmonisent, volutes de bonheur, concrétions évanescentes.

Ce sont parfois des flèches, parfois des pics, parfois même de hautes murailles ou des vagues déferlantes.

Toutes disent la fragilité humaine, une confiance aussi accordée aux éléments tendrement aimés. On y entend l’expérience millénaire des grands froids, des longs mois d’hiver, pensée qui s’appuie sur la foi en un retour des journées printanières qui, l’automne venu, donneront miel et moissons, hydromel et victuailles nombreuses et variées.

Qu’une écriture deux fois millénaires ait inspiré une musique d’une telle vigueur m’impressionne. La querelle des Anciens et des Modernes n’y a pas de raison d’être. Nous ne sommes ni dans un passé lointain mythifié ni dans une recherche forcenée d’effets sonores inouïs.

Il s’agit de chanter la vie, d’en revitaliser l’affirmation véhémente par le truchement de la magie millénaire des sons chantés, percutés, soufflés, frottés et des sons naturels qui émanent de la vie sauvage.

A l’écoute d’une telle musique, le temps d’une écoute, on confie sa vie et sa pensée, sa veille et son sommeil, ses rêves et ses peines aux dieux qui veillent dans les sons.

C’est dire combien cette musique par nature éphémère porte loin, au-delà même de nous qui l’écoutons.

Me vient l’étrange impression que c’est la musique qui m’écoute sans jamais diriger l’orchestre que je suis tout au fond de moi, car tout y résonne et s’emporte, sans jamais s’embrouiller.

Cette impossible confusion de l’espace sonore qui résonne en moi et de moi qui vibre à son unisson, voilà l’espace-même du sacré qui n’enveloppe pas à la manière d’un cocon protecteur, mais se déploie, se déplie, ne négligeant de moi aucun pli, aucune strate, mettant tout à découvert dans l’espace intime de l’écoute.

 

Jean-Michel Guyot
11 janvier 2013

 

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