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Article publié le 16 avril 2017. oOo La table est encombrée de choses invisibles. Elle grouille de mondes et bourdonne. Une prairie bluffée d’insectes et de pinces chantantes avec des voix de plaies ouvertes et de vitres. Mais dehors c’est la ville énorme et florissante comme dit Rimbaud qui a laissé son or à solder sur la table et son génie qui gratte un peu son merisier. Elle est porteuse des présomptueux prédicats qui filent la campagne et fixent les brouillards et roulent de leurs roues de cendre sur les prés qui miment les sentiers. Ces sentiers dérivants en fuite et toujours près parmi les pierres vides et les plis perdus. La table est pleine de ces rêves en gésine dont les doigts résonnent de ruisseaux qui crient. Elle est noire de monde et de falques glissantes comme un soir d’été à la croupe luisante de jument blessée. On table sur son bois porteur de brames rauques pour se baliser aux jupes de la vie. Elle est pleine aux as de ces mauvaises pentes glissantes et nues jusqu’à l’os de jusquiame. Et jusqu’à plus de sens que les sens où la mort ruisselle à pleines dents.
Des orages permanents faisaient rage là-dedans, là-dedans. Tomas Tranströmer |
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