Les frontières n’ont de sens que dans leur franchissement.
On ne sait pas bien quel idiot ou quel génie est à l’origine de la notion de frontière. Ce qui paraît sûr, c’est qu’il devait être un conquérant. Quelqu’un qui a jugé utile de dessiner les limites de son territoire. Et pour avoir jugé utile une telle opération, il devait bien avoir quelque chose en tête.
Les limites n’ont de sens qu’à être dépassées.
Et les frontières, les limites, relèvent d’ordres multiples : les frontières nationales tout d’abord. Nous les transgressons joyeusement, chez
Le chasseur abstrait. Ce n’est pas pour rien que l’une des premières publications de la
RAL,M avait pour thème : l’étranger. La littérature n’a pas de pays ; elle les a tous. C’est pourquoi la
RAL,M n’est pas systématiquement francophone. Elle se veut le relais d’expériences toujours singulières, elle s’en fait le rapporteur. La
RAL,M plaide pour un monde multipolaire.
Mais les frontières nationales ne sont qu’un aspect du problème. Il en est d’autres, plus ou moins métaphoriques, certes. Qui s’y heurte sait pourquoi elles ne sont pas toujours virtuelles
La RAL,M est transdisciplinaire. L’idée que des écrivains, des musiciens, des peintres, des sculpteurs, des photographes, des philosophes, puissent travailler ensemble, offrir un contenu (continu ?) commun n’est pas neuve, mais elle est inusable, si l’on s’offre la peine de choisir judicieusement ses axes de travail : c’est le sens de l’Atelier de lecture et de sa collection de CD audio que nous avons lancés :
DIRE LE TEXTE. C’est aussi le sens du cahier de la
RAL,M consacré à la série, en cours de préparation. La série traverse les domaines de la création : comment s’y prend-elle ? Quelle est la nature d’une communication qui s’opère d’oeuvre en oeuvre, par rebonds successifs, et traverse toute la société, ce faisant ?
La RAL,M ne se contentera pas de traverser des frontières géographiques ou conceptuelles. Ce qui définit le projet du
Chasseur abstrait, c’est définitivement la traversée des plans de réalité ; nous serons sans scrupules : le Web offre un plan de réalité, l’espace éditorial en offre un autre, les rencontres directes avec le public permettent de dégager un troisième plan de réalité : le Chasseur abstrait investit ces espaces, non indifféremment, mais avec la même énergie, le même enthousiasme : donner à lire, à entendre, à voir et à penser. C’est là le sens de notre présence à des manifestations telles que le Salon du livre, où nous étions en mars dernier. Expérience des limites, pour reprendre le mot de Georges Bataille.
Et c’est là tout le sens d’une démarche éditoriale qui entend offrir à ses auteurs un espace éditorial d’exception, dégagé du formatage auquel trop d’institutions vivantes se sont pliées, pour lesquelles : un polar ne peut pas être un roman expérimental ; un écrivain n’est pas un musicien ; un poème doit avoir "du sens" ; un livre appartient à un genre littéraire. L’émergence de la frontière ne naît que dans le développement du territoire. Le point où convergent - avec tous les éclats qui peuvent s’ensuivre - les forces en présence, c’est la revue, la
RAL,M.
Revue d’études sérielles :
pagesperso-orange.fr/etudes.serielles/