|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 14 novembre 2021. oOo
On comptait bien quelques pécores,
En pleines algarades En mer dans les rues sur les toits Putain putain putain de toi Que nous as-tu laissés en rade Nous étions tous un peu Sétois Et nous rimions des mascarades
Saint Georges chrysostome Qu’est-ce dis-nous que l’au-delà Je sais il en faudrait des tomes Des tonnelets de Marsala
Des flots d’encre des plumes Des mots des tonnes de tabac Pour prendre en poids et en volume Toutes les questions d’ici-bas
Nous chantons pour que vogue Ta nave Les copains d’abord Tes refrains sont toujours en vogue Chez nous entre nos rouges bords
Bon pied bon œil bonne ouïe Petit bonhomme vit encor Des aventures inouïes Dans d’abracadabrants décors
Je prends à cœur à tâche De colporter dans ma saison Tes vers de la cour des potaches A la taverne des grisons
Notre Père-la-joie Qui sont tous ces fantoches chus Dans les fossés sur les monts-joies Sur les chemins de croix fourchus
A la table des mages Aux belles noces de Cana Entre la poire et le fromage Entre l’eau et le quinquina
Puisque les gourmands n’en de- mandepas mieux entonne-leur La fessée Mélanie Fernande Le mécréant Le bricoleur
J’ai les clefs de tes songes De tes champeaux de tes chansons Les fausses clefs de tes mensonges Les clefs de tes ciels de tes sons
Quand on prend des pistaches On se gobe des gabelous Raides de sel dans les pataches Et des patenôtres du loup
Dis-nous sur ta guitare Dis-nous le paradis l’enfer Les champs de fleurs les solfatares Le froid la faim le feu les fers
Dis-nous prince sans rire Dans tes cordes tes nouveautés Nous nous n’avons plus de quoi frire Ta voix nous manque en vérité
T’en payes-tu des tranches Avec Esope le gobin Avec toutes tes vieilles branches Avec tous ces chers chérubins
Avec les fées ces fées Fêtardes ces fées comme il faut Avec Homère avec Orphée Avec Sisyphe avec Sappho
O toi l’ogre à moustaches Va chambre-nous les pompadours Va vide-nous les sabretaches Des écuyers cavalcadours
Es-tu comme naguère Cul et chemise avec la Mort La Mort plus que lasse des guerres La Mort qui rue dans les remords
Toi l’aède le barde Le félibre le troubadour En luth en lyre ou en guimbarde Tu charries pandores pandours
Qu’as-tu dans tes bouffardes Tes brûle-gueule tes Cummer Pour penser dans la nuit blafarde Caporal gris Amsterdamer
A temps perdu j’élague Mille poètes de bibus Leurs parchemins la bonne blague Deviennent torches fidibus
Quand tu m’atteints quel âge Avais-je Huit neuf dix printemps Un trente-trois tours et ses plages La Poésie J’ai eu vingt ans
Ce n’était pas le pire Dans mon jardin moyenâgeux Où j’écris comme je respire L’Amour la Mort ne sont qu’un jeu
Je me noie dans la Seine Et je me pends aux becs de gaz Sans compter les coups qu’on m’assène Le gin fizz les fuites de jazz
La vie une ballade En vers en prose et en haillons Je prends tout à la rigolade Quitte à passer pour un couillon
Ni roses ni rosaires Pas un pater pas un avé Quelques chevaux dans la misère Pour débarrasser le pavé
Enfin je l’ai suivie Ton âme jusqu’au firmament J’ai marché dans un long roman Je vins sans qu’on ne m’y convie Le jour de ton enterrement Est le plus beau jour de ma vie
Robert VITTON, 2007
Extrait de Les eaux de Castalie, Le Chasseur abstrait, Editeur. |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |