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Article publié le 12 décembre 2021. oOo
Toulon. Un port. Et cette rue qui devait son nom à un petit canon servant de chasse-roue. Une rue qui tonne toujours dans ma cabèche. Une rue de perdition. Une rue interdite au garnement, au galopin, au page effronté que j’étais, que je suis encore. Une rue rebaptisée en 1945, Pierre SEMARD. Né en Saône et Loire en 1887…Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Fils d’un cantonnier et d’une garde-barrière… Dites à mes amis les cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis… Il fut secrétaire général de la Fédération CGT. Cheminot militant, résistant… Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront ! J’en suis convaincu. 1927.. 1938… 1939… 1940… 1942… La Santé, Fresnes, Bourges, Gaillon …. Le 6 mars 1942 il est transféré à Evreux… Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Le lendemain, à la demande des autorités allemandes… Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat... Rue Pierre SEMARD… Ceux de la Mairie, Pierre, sont toujours a côté de la plaque. Pour défigurer le pays, ils se posent un peu là ! Cette rue est restée, pour les habitants, la rue du Canon parce que tu méritais une place, une avenue, un jardin… Tiens, près de la gare ! Mais, tout de même, s’en prendre à un petit canon pas plus grand qu’un… A la tienne, camarade ! A la rue du Canon ! A Sémard !
Dans l’ancienne rue du Canon Je tangue comme un soûlographe Ma tristesse n’a pas de nom Dans l’ancienne rue du Canon La nuit qui ne dit jamais non Sème des bouchons de carafes Dans l’ancienne rue du Canon Je tangue comme un soûlographe
Dans l’ancienne rue du Canon La troupe tire à boulets rouges Sur les chants que nous entonnons Dans l’ancienne rue du Canon De coups de rame et d’alganon Ces artilleurs que ne les roue-je Dans l’ancienne rue du Canon La troupe tire à boulets rouges
Dans l’ancienne rue du Canon Ma mie rapièce ma misaine Tandis qu’au son d’un tympanon Dans l’ancienne rue du Canon Se déhanchent des fées qui n’ont Jamais eu quatre sous de veine Dans l’ancienne rue du Canon Ma mie rapièce ma misaine
Robert VITTON
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