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 Article publié le 15 mai 2022.

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Dessin de Patrick Lalande

Mes guitares sont pleines comme les filles écarquillées des impasses borgnes

Et tu voudrais que je chante pour réveiller les pots de marjolaine

J’entre dans la phrase comme dans un vignoble

avec mon sarrau mon astrolabe et ma chaîne d’arpenteur

 

J’ai les mots démodés sous ta lampe à pétrole

Quand tu files ta laine et mon mauvais coton

J’ai les mots de Panurge à croire sur parole

Quand tu reviens de loin salée comme un mouton

 

J’ai les mots à la mode et ton frusquin modique

Quand j’ouvre ton écaille à la fin du roman

J’ai les mots effrontés de la verte Boutique

Et tu leur fais l’article à nos sales moments

 

Les mots les mots d’amour s’écrivent sur les grèves

De Venise la rouge abîmée dans tes yeux

Et les amants cloués sur les portes du Rêve

Languissent à jamais dans mes mots merveilleux

 

 

 

Mes guitares s’enflamment comme les filles de paille des champs de violettes

Et tu voudrais que je chante pour réveiller les pots de marjolaine

J’entre dans la phrase comme dans un moulin

avec mon grain ma lanterne magique et mon scaferlati

 

J’ai les mots du Passeur de métaphores louches

Son fantasque labeur fatigue ses moignons

J’ai les mots du bel Age à glaner sur la bouche

Des faucheuses de blés qui guignent mon quignon

 

J’ai les mots forcenés des rêches camisoles

De force grelottant ma folie des grandeurs

J’ai les mots naufragés qui perdent la boussole

Dans les exhalaisons de tes flacons d’odeurs

 

Les mots les mots d’amour s’écrivent sur les grèves

De Venise la rouge abîmée dans tes yeux

Et les amants cloués sur les portes du Rêve

Languissent à jamais dans mes mots merveilleux

 

 

 

Mes guitares débordent dans les caniveaux et les filles de mai se dépavent

Et tu voudrais que je chante pour réveiller les pots de marjolaine

J’entre dans la phrase comme dans un bordel

avec mon fourniment mes hiboux et mon verre grossissant

 

J’ai les mots du Malheur comme des chiens coriaces

A lâcher sur les pas des altiers bataillons

J’ai le mot qui me jette à bas de la paillasse

Chaque fois que la Mort me prend dans ses haillons

 

J’ai les mots entêtés mordus par les tenailles

D’un valet de bourreau qui passe son ennui

J’ai le mot de la fin afin que tu t’en ailles

Dormir si tu le veux ton éternelle nuit

 

Les mots les mots d’amour s’écrivent sur les grèves

De Venise la rouge abîmée dans tes yeux

Et les amants cloués sur les portes du Rêve

Languissent à jamais dans mes mots merveilleux

 

 

 

Robert VITTON, 1983

 

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