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Article publié le 4 février 2024. oOo En écoutant My Favorite Things EricDolphy/John Coltrane, Village Gate, août 1961
D’idées musicales, ont dit parfois qu’elles fusent, ce qui implique qu’elles n’ont pas le temps d’infuser dans l’esprit de l’auditeur. Elles l’étourdissent, l’enivrent, l’exaltent. Les musiciens dansent sur une corde raide qu’ils n’en finissent pas de faire vibrer, chacun jouant avec les autres sa propre partition dans un dialogue concertant. Situation funambulesque à hauts risques ! On est « bluffé » par tant de virtuosité inspirée, captivé par le flux sonore qui ne cesse de rebondir et ainsi de nous étonner. Allant ainsi d’étonnement en étonnement, l’auditeur s’abandonne à ce qui ne peut être une contemplation statique mais bien plutôt une énergie vitale en acte, communicative et rhapsodique. Ce flux sonore charrie des images qui se bousculent, s’enchaînent à une vitesse démente, puis, parfois, tout se calme, sans se figer, moments durant lesquels la tension se relâche et qui préparent l’auditeur à de nouveaux rebonds de la matière sonore en perpétuelle fusion. Si par chance, l’improvisation collective a été enregistrée, alors il devient possible de se pencher à loisir sur un éphémère qui peut se répéter indéfiniment, ce qui permet à l’auditeur de se concentrer sur tel ou tel passage particulièrement échevelé, énigmatique, magnétique en un mot ou bien sur tel ou tel instrumentiste en plein morceau de bravoure. Le flux sonore se subdivise alors en diverses approches possibles qui réservent toujours de grandes surprises, l’auditeur ne perdant cependant jamais le fil d’un ensemble sonore mouvant-miroitant qui le fascine.
Jean-Michel Guyot 1er février 2024 |
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