"La Petite Tortue de Kerkouane" distend la frontière entre la réalité et l’imaginaire.

Dans une atmosphère floue, les symboles remplacent les explications, les sensations, les émotions prennent le pas sur le rationnel. La Nature tient un rôle essentiel. Les symboles appartiennent au monde minéral, végétal, animal ou bien sont les éléments eux-mêmes. L’omniprésence de l’eau ramène sans cesse à l’enfance, au rêve, à l’inconscient. Lorsque dans une nouvelle la logique, avec les chiffres, semble apparaître, son héros est proche de la folie.

Le personnage principal -Solana, Solenita, Lolita, Lola ? Son identité reste ambiguë- traverse différentes strates de conscience : veille, rêverie, rêve éveillé, rêve (La Petite Tortue de Kerkouane), perméabilité extrême aux changements climatiques (Aigue-marine), exaltation (Animaux fabuleux...), immersion dans le passé (Une flaque d’ombre, Le petit scorpion noir), hallucinations (Les Pyjamas).

Les personnages secondaires, qui ne sont que des avatars de S, connaissent eux aussi des états de conscience modifiés soit par une altération mentale (Une douceur...), soit simplement par un désir qui devient obsessionnel (Son Sud à elle, Un papillon en cristal de Bohême).

J’ai bien sûr joué avec les différents genres de la narration (description, conte, monologue intérieur, lettre), avec les temps du récit (passé, présent, futur, conditionnel, infinitif), les personnes (je, tu, elle) et les points de vue (point de vue extérieur, du personnage qui s’exprime ou qui parle d’un autre personnage) et je les ai mêlés pour faire naître les impressions qui me semblaient correspondre aux émotions des personnages.

Mais tout ceci est bien théorique...

"La petite Tortue de Kerkouane" est une invitation à rêver avec moi. Je souhaite qu’elle suscite quelques voyages, quelques paysages, quelques images propices et agréables. Au lecteur sensible à mon écriture, d’avance, merci.

Sylvaine REYRE