La source est peut-être inépuisable, pas la force des bras qui y puisent l’eau précieuse.
Vient un temps où le puits fatigue. On aspire à des eaux courantes plus fraîches, et peu importe qu’elles soient capricieuses.
L’essentiel est bel et bien qu’elles courent, fuient, n’offre à la paume de la main qui la recueille qu’un tout petit peu d’elles-mêmes.
Deux images fortes m’accompagnent depuis des lustres : celle du sable fin qui file entre les doigts quand, assis face à la mer, on resserre la main sur lui, et celle du torrent qui gronde ou coule paisiblement suivant le rythme des saisons.
L’éternité de la mer me laisse indifférent, son travail vague après vague seul m’importe. J’aime le sable qui en résulte dans cette odeur forte de mer salée salie par le varech.
Etant loin de la mer, je lui préfère de très loin les sources furieuses qui savent s’assagir l’été venu.
En terre cévenole.
Inlassablement, je longe leurs berges abruptes, je remonte leur cours, je m’y baigne joyeusement. Ma pensée s’oublie, épouse l’eau, respire par la peau les senteurs fortes qui montent de la garrigue.
Je me sens homme, et j’aime alors penser qu’une femme peut surgir dans cette solitude, face à moi.
Jean-Michel Guyot
24 décembre 2013