Voyage l’heure.
Sans rien ni personne pour en dénoncer la présence,
en annoncer la venue,
en déplorer l’absence.
Les quatre saisons dans une heure,
une seule heure,
une heure seule.
Vivaldi virevolte,
Vit sa vie vis-à-vis des vices,
Vertu cardinale incendiée, larmes d’espoir et mise en croix de l’attente,
retourne sa veste,
s’emmêle les pinceaux,
mange ses crayons,
avale son violon.
Mobile en sa vacuité, pleine de promesses tenues, de rires et d’élans,
l’heure tourne dans ton corps en révolution.
Tu es l’axis mundi à toi tout seul.
C’est ton heure. Tu frémis à cette idée venue du fond des âges.
Sans foi ni loi,
sans feu ni lieu,
nidieu ni maître.
Ca piétine,
galope,
trottine,
rue,
se cabre
balance,
danse,
avance et recule,
remue,
gît,
pousse,
meurt.
C’est toi tout craché. Vomi par la vie.
Tissu ténu des mots, fil d’Ariane et intempérance, voici tes armes.
Tu n’es pas rouillé, mais tu as bien dérouillé.
Tu n’as fait que ton devoir. Tu ne veux tout de même pas une médaille ?
Le flot est vacant. Les petits chefs pullulent en terre franche.
Tu ne délègues rien. Tu es sans pouvoir.
Matière morte, merde pas même bonne à fumer les sols.
Jet de poussière, fumée noire, odeur de suie.
La cheminée se dresse. Fume nuit et jour.
Le visage radieux du bourreau, le visage éteint de sa victime.
Le pouvoir s’ébroue dans les rouages,
se livre à quelques distractions,
s’endort,
pourrit,
renaît de ses cendres encore chaudes.
Les indices s’égarent,
l’esprit fertile se perd dans les dédales de fer.
La loi est la même pour tous, pas ses conséquences.
Clémence, clémence !
Au sortir de l’enfance, il y eut une grande lumière brune.
Elle s’accroche encore aux branches mortes.
C’est un feu mollet,
une fleur de cimetière,
un égarement sans bruits.
Là, dans la fournaise, les morts nous regardent nous défaire.
Ni vainqueurs ni vaincus.
Voyage l’heure.
La suave,
la tendre,
l’asthmatique,
l’automatique.
Egarée, à jamais fanée, flétrie, meurtrie.
Vidée de ton sang.
Jean-Michel Guyot
5 janvier 2014