L’expression « grand public » me fait plutôt sourire.

 Cet adjectif ne sous-entend aucunement une quelconque noblesse attribuée audit public. En fait, le qualificatif rime avec quantitatif, signifiant une sorte de globalité à l’égard de laquelle il faut être éminemment respectueux … tout simplement parce que le nombre, dans le commerce, fait la force. D’où l’expression, plus appropriée, de large public.

 Par ailleurs, ce même adjectif pourrait signifier une certaine maturité de la part de ce même public. Hors, il n’en est rien, il suffit d’observer les différents classements des meilleures ventes, occupées par des fictions relatant des petites histoires racontées sans style particulier – c’est-à-dire travaillé - , à l’image des nombreux ouvrages portés sur le fameux bien-être.

 « Grand public » est donc un contresens, auquel s’ajoute une question : y aurait-il un petit public ?

 Oui, pour les livres de recherche ou d’innovation, réputés difficiles d’accès, alors qu’ils demandent simplement un minimum d’effort ou de curiosité.

 Lorsque nous écoutons Hubert Reeves ou Jean-Didier Vincent, nous nous informons sur l’évolution de l’astrophysique ou de la neurobiologie. En littérature, c’est la même chose. La problématique littéraire vécue par l’auteur - que vais-je écrire ? De quelle manière ? - préside à l’information sur l’état de la littérature.

 Ainsi, loin des adjectifs habituels destinés à classer un lectorat inclassable, il serait peut-être plus juste de parler d’amateurs de littérature. Il y aurait donc les amateurs et les autres.

 Aimez-vous la littérature ?

 Vous tombe-t-elle accidentellement dans les mains ?