La transformation de la littérature est permanente.
La définition d’une œuvre contient à la fois le mouvement, la vision, le temps. L’auteur se confronte incessamment à ce qui a été fait, bâti avant lui. Il se confronte, aussi, au monde tel qu’il est.
Par le biais de l’écriture, par le biais du labeur, d’une obstination qui souvent le dépasse, l’auteur avance. Il absorbe frontalement la réalité. La plume et la langue traversent le monde, le bousculent, l’interrogent, proscrivant tout repos. La littérature va à l’essentiel, aucun domaine ne lui est étranger. Elle déploie inlassablement ses faisceaux, telle une lame affûtée qui affronte la nuit, une concentration de flux lumineux dont la puissance est probablement sans borne.
C’est donc l’essence du monde qui est rendue visible, par le prisme de l’auteur, une essence qui annonce une recomposition. Celle-ci se traduit à la fois par les formes narratives et par l’érection du réel.
André Gide a une vision, en quelques secondes : celle de son œuvre.
Albert Camus entrevoit presque aussi rapidement son cap, divisé en trois temps : absurde, révolte, amour.
L’hyper-subjectivité contemporaine entre toujours en collision avec le monde, ne serait-ce que pour être elle-même.
Son mouvement se résume par la conquête.
Le réel finit toujours par apparaître : c’est la nature même de la littérature.