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![]() oOo CHANT I
Jour mineur, rêve mineur ; jour majeur, plus de rêve du tout :
l’aimé ne rêve pas de son aimée, dit le diseur, durant sa nuit de noces.
Mais moi, l’Aimée, j’ai rêvé de mon aimée
pour notre nuit de mariage, tumultueuse comme un jour de bataille.
J’étais ses bras et nous étions nos quatre bras
(ô jamais dénouée, la-jamais-dénouée, ni-jamais-désaimée) -
l’une sur l’autre entre-tressées tel un seul unique dieu furieux -
rêve d’un rêve, rythme idéal d’un reste de rêverie,
mots sans mot d’une pure chanson dont ne sourit plus au réveil,
au loin, que la fine mélodie sur un épars harmonica.
CHANT II
Jour mineur, rêve mineur ; jour d’hymen, plus de rêve du tout :
l’aimé ne rêve pas de son aimée, dit le diseur, durant sa nuit de noces ;
ou alors seulement de l’ivoire scié de quelque semi-songe vain.
…
Mais moi, l’Aimée ! j’ai rêvé de mon aimée
et de la douceur antique de yeux mi-clairs sous un ciel d’ambre gris
pour notre nuit de mariage, tumultueuse comme un jour de bataille.
…
J’étais ses bras et nous étions nos quatre bras
(ô jamais dénouée, la-jamais-dénouée, ni-jamais-désaimée) -
l’une sur l’autre entre-tressées tel un seul et unique dieu furieux -
en un seul et unique et infini (ah mon double, mon unique, aah terrible sœur)
baiser i-infini-i
peau contre peau, sueur légère contre sueur, salive sur salive tiède, non féconde,
parfum (sombre et profond) sur parfum, du meilleur temps,
cyprine sur cyprine cri oh cri sur cri mort dans mort
faisant de nos huit lèvres une seule lèvre et une seule plaie enfin cicatrisée -
un seul nous-même, un seul soi-même, une seule moi-même, pure, à ma seule bouche
collée, jumelle unique à quatre lèvres et tièdes et fades
et brûlantes et pures et salées enfin cicatrisées !!
…
(rêve d’un rêve, rythme idéal d’un reste de rêverie,
mots sans mots d’une pure chanson dont ne sourit plus au réveil
que la fine mélodie loin, très loin, là-bas
sur un épa-ars harmonica) |
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