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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - C’est un de ces matins qui chasse les noirs poteaux de l’angoisse (Patrick Cintas)

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 Article publié le 13 septembre 2020.

oOo

C’est un de ces matins qui chasse les noirs

Poteaux de l’angoisse. Derrière le mur est nu

Comme une statue. On entend, si on veut

Écouter, les ruissellements des sous-sols.

Je m’absente. Oh, dit-il, ça ne durera pas.

Je me connais. J’en ai vite fini avec la vie

Comme avec les heures. La nuit tombe encore

En fines gouttes. J’en ai le crâne comme

La vitre de mes regards. Derrière le mur

Connaît des mouvements d’une lenteur

Exaspérante. On se demande ce qui va

Arriver et si c’est déjà arrivé. Si c’est

Le cas : léchez le timbre de vos e-mails.

Laissez la trace de votre passage de la vie

À la mort. Consultez les entrées et noyez

Les sorties. Personne ne sort sinon. Voici

La première eau stagnante et le vent sans

Les voiles. Des lamparos forcent la transparence.

L’eau parle, ensable, érode le cordage vieux.

Le matin l’angoisse est un personnage aussi

Ancien que le travail. Quel bouquin accompagne

Cette errance qui propose ses ballades ?

Ou complaintes si on y cherche des poux.

Encore fait-il avoir rencontré quelqu’un.

Mais le vide est le principe régalien des matins.

L’aurore prend son temps. La Lune hésite.

Personne pour saluer. Mais des ombres

Habitent l’ombre. Chocs des bouées contre

Les parapets. Levons la patte par-dessus

L’amas des chaînes. La rouille teint la pierre.

Figures d’une éternité en attendant le déluge.

Rien n’a changé que la langue. Refrains reviennent

Entre les lignes de fuite. Qui construit dans l’abstrait ?

Ces façades à la tyrolienne. Figées dans la lumière

Des trottoirs. Rien ni personne. Comme si j’étais

Mort et que je me croyais vivant. Qui cherche

Le ou la coupable ? Des affiches changent le sens.

Est-ce bien le vent ? Détruis la ponctuation avant

Qu’elle ne te redonne du pep. Glisse au lieu

De marcher. L’hiver ne promet plus la neige

Ni ses sommets. La route serpente et traverse.

La main au taquet il se hisse. Dissolution. Les

Choses perdent leurs liens. Comme l’écume

Après la vague. La question est de savoir

Qu’est-ce que je veux posséder. Autrement

Dit : qu’est-ce que je veux laisser ? La valse

Des ricochets prend fin avant l’autre rive.

Le compte est exact. On ne se trompe jamais.

Un galet de moins sur la plage, pense-t-il,

Pensant mais pas un galet de moins dans l’absolu

qui me hante Des traces mènent quelque part.

Qui n’a pas mesuré la solitude au fil de l’eau

Ou au ressac ? On aime les variations du mythe

Plus que le nom qu’on lui donne. Pourtant le nom

C’est le mien. Personne sans théâtre où se jouer

Du hasard. Traces d’un éphémère figé par

Cristallisation de leur ténacité. Qui n’en soupçonne pas

Les possibilités dramatiques ? Les amas de filets

En vrac et ceux qui attendent le ravaudage. Passe

Son chemin le long de ces gisants. Voit peut-être

Plus loin que la surface bleuie. Soie des rouges

Et des jaunes. Voici un matin qui ne s’achèvera pas

Par volonté nocturne. Et ne me parlez pas

De l’influence du rêve : je n’ai pas rêvé quand j’ai vu.

Quel silence le sommeil qui attend son heure !

Heureusement le soleil n’a pas perdu la trace.

Lotus et silènes comme métaphores et du sable

Dans les oreilles. Quelle dune ne participe pas

À l’horizon ? Sur son âne agite un bâton. Prononce

Un seul nom. Et recommence jusqu’à aujourd’hui.

De message en message. Colporteur des levains.

Ce sont donc ses traces pense-t-il. Qui démentira ?

Le corps étanche sa soif à d’autres sources désormais.

Beaux poèmes des marches. Entre l’orée et les champs.

Imaginant la personæ. Intuitu. Bas-reliefs des cloisons

Et des couloirs. Portes et fenêtres des perpendicularités.

Quel infini à franchir entre le mythe et la métaphore !

La terrasse n’a pas retrouvé ses chaises. Aucune trace

De lutte à la surface mouillée des tables. Pas d’insectes

Dans l’air. Des agitations de lumière tout au plus.

L’ombre semble leur tourner le dos. Mais il suffit

D’une porte ouverte pour l’éclairer. Matin des portes

Qui attendent le moment. Le premier moteur, pétard

Sans feu d’artifice, coq des grillages d’eau et d’écume.

Faut bien se trouver quelque part pensant alors ici

Ou ailleurs Mais rien ne t’appartient à part tes fringues

Et ton argent de poche. Qui ai-je pu oublier si vite ?

De qui me suis-je éloigné ? Je n’ai pas la sensation

D’avoir fui. Je suis allé d’un point à un autre, en rond.

J’ai aimé la connaissance des lieux et le temps qu’il faut

Pour les haïr. Petite toupie dans le creux d’une main.

Miroitante comme des élytres. Le mot me trouve

Où je suis. Mais il ne m’appartient pas. Je fais avec.

Est-ce que faiseur convient à votre dignité d’être

Ce que vous êtes ? M’as-tu-vu et bluffeurs à la pelle.

Croissance narcissique et déclin mémoriel. D’un trait

Figurant le possible sans lui donner la vie.

 

Ni trou dans le volet

/ comme à l’hôtel Miramar

Les nœuds pourrissant

Dans la terre des géraniums /

Ni serrure sans la clé

/ croisant le passant

Au visage masqué

Par son théâtre d’ombres

/ et trouvant la mesure

Sans forcer sur l’effet

De la clope en biais /

Pensant à boire un coup

En compagnie / comme si

Une simple conversation

Pouvait changer le cours

Descendant d’où jamais

L’esprit n’a embrassé

Plus loin que l’horizon.

 

Dommage pour les lendemains.

Avec le matin, tout disparaît

Comme c’est venu / trace si

On veut sur le cahier entrepris

/ qui est moche et philosophe

Pourtant ? Dans le miroir rien

Qui ressemble à ce qu’il renvoie

/ le même anis au bout de la langue

/ la même langue et les autres /

Des animaux dans les rues / femmes

Au travail des aspects les plus triviaux

/ oui tout a disparu sans promesse

De retour / Est-ce le dernier jour ?

 

Voici ce qui nous appartient

Et voici ce qui se vend / prend

Ma main et laisse-toi aller /

Passons devant les mêmes

Vitrines / saluons les mêmes

Personnages sans les nommer

/ seul le fils a un nom : le père

Est mort / et d’un geste connu

De tous il invite la foule à sa table

Sous le parasol éreinté de soleil

/ voici ce qu’il chante ou dit

(selon les uns et surtout les autres)

 

Le rendez-vous

Avec les fées

Ben c’est raté

Pour ce matin

 

(enchœur)

Faut revenir

Mais sans la nuit

Ni le voyage

Ô passager !

 

(solo)

Je sais je sais

Mais la lumière

Fait ce qu’elle veut !

Suis-je la nuit ?

 

(eux)

Hi hi hi hi hi !

 

Alors… ? Poète ou homme d’esprit…

Le passant des interstices qui n’ont

Pas plus de réalité que la ligne ni

Le point ?

 

Je ne sais je ne sais

Mais je sais que je sais

/

 

Organise le concile au bar /

Le comptoir est dehors l’été

Et l’hiver il faut entrer pour

Trouver quelqu’un à qui parler

/ « si je dois exister » mais laisse

Sa parole trouver la suite sans lui.

 

Ne cherchez pas la nuit après le jour

/ elle vous fera courir sans trouver

Le sommeil / « mais de quel sommeil

Parlez-vous, monsieur ? » / je parle

Pour ne rien dire d’autre, c’est connu

/ je parle parce qu’il faut meubler

La chambre où le sommeil attend

Son heure / sinon je ne parlerais

Pas / je ne serais même pas là

À vous parler de ce que je crois

Savoir / de ce qui me pousse à agir

Comme vous me voyez ne rien faire

/ c’est beau, l’absence / surtout si

Personne ne s’est absenté / la place

Est chaude pourtant / qui ? mais qui ?

 

« ce n’est pas que je m’ennuie… »

Exégèse interrompue par la nécessité

De gagner sa croûte et celle de ceux

Qu’on aime / dommage que je n’ai pas

Pensé à te donner des ailes ou la technologie

Palliative du moment / un seul vol

Au-dessus de tout / « c’est demander

Beaucoup au Pouvoir, monsieur ! »

Mais je connais l’Ordre aussi bien que vous !

 

Je ne demanderai plus rien à l’ami.

Je suis passé (ce matin) sans le voir.

Aucune nouvelle de l’absente qui

(dit-il) n’a peut-être jamais existé.

Plus loin on étripe et on écaille.

Le charbon fume déjà : méridienne

En approche / au ras de l’ombre

Le signe du partage des jours

En heures / si ce cahier pouvait voler

Vous le verriez revenir avec les mouettes

/ ou aux aguets en attendant / beaucoup

D’aguets dans cette roche des matins

Sans interstice / des battements d’ailes

Et des coups de bec dans les plumes

Du voisin d’attente / « tu boiras bien

À ma santé ? » / qui n’attend pas

Qu’on lui explique ? / ainsi donc

Mon matin prend fin avec ce verre

Et cette bouchée de poulpe au noir /

Fumée des environs de bouches closes

/ jets parallèles vite dissouts / quel vent

N’amène pas la pluie tôt ou tard ?

 

Pourquoi se mentir alors qu’il est si facile de se taire ?

Mais comment couper dans la langue sans exaspérer

L’attente ? / De Vigny à Pessoa le vin de la physique

La plus probable : et des érections de midi en plein

Soleil agité de vents contraires et d’autres semences

Moins improbables / fleurs renflées qui pètent avec

L’enfant que ça amuse / pas loin d’ici le premier enfant

Donné comme tel / sans indice pour le reconnaître /

Ment aux silènes et aux lotus / ment au chat et aux

Poissons déjà morts / ne connaît pas le sens mais joue

Avec / vibrations des persiennes dans la voix, étale

Son savoir avec le sable et cueille ce qui se laisse

Emporter / comme s’il était déjà au marché, fignolant

Ses questions sur le cuir des vieux / « si tu avais des ailes,

Tu en ferais quoi ? » / imite aussitôt le F-18 des Arabies

Et saute par-dessus le parapet pour courir vers la mer

Qui (je le sais) l’attend / « vous ne voyez pas qu’il vous ment ?

— Je ne suis pas aveugle, mais je sais regarder ailleurs ! »

 

 

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