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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - La mémoire est donc collective… (Patrick Cintas)
![]() oOo « La mémoire est donc collective… ? » Le type déçu par ce qu’il venait d’entendre De la bouche du prêcheur attablé avec nous. Pourtant, aucune synthèse n’est possible.
Champ des perspectives Entre la maison et le verre. À peine une rue puis l’autre Avec leurs façades moroses Et les volets conchiés depuis Les génoises aux ondulations De rivages malmenés par le ciel.
« Reprenez donc un peu de courage. Pas cher si on pense à ce que ça coûte À l’ouvrier qui n’en peut plus de penser. »
Ici l’Hers ne dort pas. Le pont vieux ne reçoit Pas les fesses des retraités. On ne croise personne Et l’œil est aux aguets.
« J’imagine des choses, docteur Arto, que Si je vous les disais vous me pendriez pour Une folle : genre quelle différence y a-t-il Entre le type qui cède à une impulsion Et la femme qui n’en peut plus de désirer. — Mécaniquement, aucune. Mais vous Oubliez la morale, Alice ! La Morale avec Son poids de Connaissance sur les épaules ! »
« Bonjour, monsieur qui savez tout et rien À la fois ! » / Je vendrai des plaisirs si j’en Possédais mais : je suis venue au monde Entre deux guerres : l’économie finit toujours Par ruiner ce qui a bien commencé : l’église Suinte d’échecs / murs consacrés aux recours Possibles sans mettre la main à la poche sauf Pour une piécette / « bonjour monsieur qui donnez » / pas de différence je te dis ! La Chair Soudain plus profondément acquise au spectacle Télévisuel de la Nature / Le shoot recherché Puis trouvé dans la Solitude d’une promenade Matinale quelque part ici Entre les rues mais pas loin De l’hôtel Grimace des reflets Dans la carcasse qui Sert d’appui au vertige Revenant sur ses pas il rencontre Ce qu’il considère comme son prix Et s’adonne à de purs harcèlements. « bonjour monsieur qui savez ce que j’endure ici » Par contre ne savait point que la mémoire fût À ce point collective / et se voyant dans le regard Qu’il oppose à ce qu’il faut bien considérer comme Une faute et non pas une erreur due à un manque De maîtrise de ce qui brûle en chacun de nous : Il dit : « je suis désolé que ça m’arrive maintenant » Effleurant les taches sur le dos de ses mains / bon jour alors que la nuit vient de s’achever sur le fil De ses latitudes / moi ici à me faire du mouron En chœur / « faut séparer le grain de l’ivraie, mec » Quelle différence entre les formes que le désir Affecte au carnaval des venises enfouies ? Je suis À vous / dans un instant / dès que possible / F-18 Des Arabies qui donnent un lieu à mon cœur si Toutefois le cœur y est / andalousies des charangas Au cortex interlope vu d’ici / pétaradait en pleine Jeunesse sur les quais déserts de son port d’attache.
« Je ne savais pas. J’ai jamais su. Elle Et moi on est venu Ici sur les traces De notre Seigneur. Quelle différence Ça fait d’être l’un Et l’autre ? La terre N’est-elle pas le Bien Commun et non pas Cette mémoire que Vous poussez comme Une brouette ? Nous Sommes ce que nous Possédons. Elle est À moi. Et je suis à vous. »
« Quelle vie partout ! Quelle vie partout ! Et si peu d’existence à dépenser comme Héritage / voire pas du tout d’existence Une fois que le chemin est tracé, devant Comme derrière, avec ce foutu présent Qui n’a pas plus d’existence que moi / »
En effet y en a plein les documentaires À la télé comme dans les réseaux / ça Grouille de vies / et de couleurs / de Formes / de possibilités / comme si L’infini était à la portée de nos mains / « j’ai dû reconnaître au moins ça et Et le choix était joué sans moi »
Litanie du candidat Ya pas d’poésie dans les mots. Ya rien qui ressemble au plaisir Tel qu’on peut se l’imaginer. J’vais grapher mon portrait Sur les murs avec des coquillages Et le sang de mes victimes. Croyez-moi quand je vous dis Que j’ai vécu bien avant vous Ce que vous vivrez demain Sans moi /
Ya pas d’poésie dans l’objet. À moins de lui donner un prix. C’est pas les apparences qu’on Traverse, mais les vitrines de la rue Et des appartements /
Ya plus rien qui vaille la peine De foutre en l’air son adolescence. Tu prends ou tu payes, au choix Des vendeuses et des matrones. Tant pis si Dieu ne meurt pas Avec l’homme qui lui donne Un sens /
Y avait rien / et j’suis venu Des fois qu’il en reste pour moi. J’ai rien compris au temps qu’il faut. J’arrive et tu appartiens à un autre. Je prends place et c’est occupé. Avec du monde à la fenêtre Et des trottoirs grouillant de vies. On se penchait Alice et moi / Le nez dans les géraniums et Le cul à l’air de l’intérieur nu. Y avait rien /
Mais ya jamais rien eu / jamais Ni nulle part / ni trop tôt ni Trop tard / à l’heure convenue Et à l’endroit où les rencontres Sont encore possibles / mais Ya rien à dire ni à refaire / rien À part les voisins et leurs biens / j’en ai la chronique en berne / et le moral à zéro
« Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu Pour être obligé d’écouter ça, à l’heure Où le salarié se prépare à voyager vers Son boulot ? C’est bien la morale qui Nous empêche d’aller au fond des choses. Mais elle fait le succès des tirages de pays En pays et de jardin privé en jardin public. J’aurais dû penser à toi avant que ça m’arrive. Mais j’avais rien hérité et j’savais pas quoi En faire ! »
Ah ces bords de mer Et leurs voiles blanches Et sponsorisées !
Des fois je m’entiche d’un rien Et j’me fais des illusions quant à Mon ingéniosité.
Ce qu’un voyage Peut interdire Désormais : joie Contenue mais Transmissible par Introductions /
Un rien et je me sens Plus vivant que la mort. Ce qui ne va pas sans soleil À la clé des champs.
Rien ne ressemble plus à un reflet Que son reflet. Avancez avec les autres Et frottez. La langue collectivise. Mur Des en-faces. Enfant en miettes au Beau milieu. Si je me regarde je tourne Le dos à tes jeux avec les autres. Vends Ce que tu possèdes avant de devenir Aussi pingre que le reste de l’Humanité.
Dans les assiettes la mixture pétrolifère. Qui n’en veut pas ? Alors braconne et tue Ce qui prétend t’en empêcher. J’ai appris Ça ici, en vendant. La queue dans un slip Et le cerveau en conserve. « Je te paye en petits plaisirs pas solitaires » / mémoire Dite aléatoire. Et pourtant tu quantifies. Le voilà, le temps.
À d’autres l’Histoire Et ses Géographies. Tu finis en cage comme Les autres : aviné en joie Et oublié des manuels.
La cible c’est sur la scène Qu’elle agit contre tes rêves. À d’autres les tragédies Qui se terminent en comédie. Je ne sais rien mais je sais tout.
Quel régime pour le poète ? Poète du slip et de la conserve. Entre le flic et le comédien Pas de quoi s’enchanter. Ta substance au cathéter File comme les étoiles du ciel. Au restaurant républicain Les affranchis sont rois.
Pauvres illuminations des parcours de santé ! En voici un qui s’étonne d’être fait de mémoire Mais qui ne se révolte pas à l’idée d’appartenir À une patrie qui n’est pas la sienne, en admettant Qu’on puisse en posséder une. Que cherches-tu À part « l’or du temps » ? L’œil des prismes dans La lorgnette des publicités et des ways of life. Tout ceci est un monde. Pas une propriété. Voici ta place au balcon. Le programme voici. Qui garde le troupeau ? Jamais nu le citoyen. On s’habille d’un rien ou on exige de l’étoffe. Le Monde n’est pas le monde. Il faut être seul Pour en retrouver la trace. Mais qui a hérité Ce génie ? Quel silence le clôture ? Qui es-tu ?
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