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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Ton fils. Je suis. (Patrick Cintas)
![]() oOo Ton fils. Je suis.
Matin des observations tranquilles Du littoral. La brise sent l’immensité du possible Benthique.
« Où habiteras-tu si tu quittes la maison ? »
Bicyclette des mers. Rencontre des noyés Pour la bonne cause. Couronnes d’algues Fleuries au chalumeau Des vergers tropiques. Au taquet la godille ! Ya pas d’frontière plus Douce à traverser avec Son nom de famille au Front. Les coquillages C’est au fond qu’on les Arrache à la terre en Fusion constante. Lave Des îles. Dans son voilier À moteur il donne à voir Par fragments cadastraux. L’eau finira par reprendre Sa place. Méthode de calcul Prévisionnel inconnue des Arts de la mer. Appareille Chaque matin, chaussé D’espadrilles et coiffé De paille bleue comme Ses yeux. Qui n’a pas connu Ulysse caressé par les vagues ? Descend de son hôtel avec Son sac à dos et ses carnets À couvertures de cuir rouge Comme le vin de ses voyages. Ne pas aller plus loin que ce Rivage tranquille ratissé de frais. Avant les autres retrouver les Clés perdues la veille avec Un ou une inconnue. Mouettes Muettes à cette heure. Becs Aux chairs. L’œil en proie Aux visions. Descend mais pas Plus loin que d’habitude. Recommence et retrouve. Recule si le sable porte D’autres traces de flânerie. Mais si le cercle se referme Traverse ce feu et revient À l’endroit même où il a Hésité : un plongeon de 10 m.
Je suis. Fils de.
Cage de Faraday de l’aphorisme Et des effets littéraires.
Pantins pas même automates Sur le chemin rencontrés.
Digne d’être cité en exergue. L’allure cléricale des anarchistes de salon. Observant l’effet de la vaguelette Sur le lichen des surfaces ensoleillées. Caresse des projets d’appartements, Loin de la seule idée de labyrinthe.
Je suis. Seras-tu ?
Question posée au miroir Et non pas à ces cieux ni Aux pupazzi des vitrines.
Le fleuve enfin à l’heure. Ses troncs blancs polis. Ses toisons et ses vortex. Cherchez l’âme là-dedans. Peut-être une poignée De nénuphars dénaturés.
La terre sous les pieds Ondule comme un langage. Le métal perd ses chromes. L’écorce ses apparences perd. Chevelure des vents contraires Dans les amandiers déjà cueillis.
Fentes des portes charriées. Pas un animal en radeau. Ni un homme à la recherche De ce qu’il a perdu au change. Le fleuve brouille le littoral Mais l’épave demeure Ce qu’elle a toujours été.
Je suis. Les fils.
Ricochets inexplicables. L’homme pense que « quelqu’un » Tire les ficelles / et la femme ouvre Ses cuisses / l’enfant trouve de quoi Alimenter son désir de chair à l’école.
« et si je n’étais… » La question : mourir. Mais comment si La guerre s’éloigne Avec ses poètes Et ses muses violées ?
Si je n’étais que moi… Pas même une hypothèse… Tronc blanc et poli des fleuves De la fin de l’été… Toison blanche et soyeuse Des cadavres charriés… Été persistant des feuilles… Désert à la porte… Gouttes d’or du Sahara À cueillir au vol avec Le chant de ses oiseaux Lointains… si je ne suis Que cela : fils et rien d’autre…
« vous reconnaîtrez le moulin à sa porte » Suit des yeux la toison ou ce qui y ressemble. Sur les hauteurs les silhouettes immobiles. La terre s’effrite dans les racines, pluie fine Des poussières comme devant le rideau Un jour de parade / « où est l’Histoire dont me parlait mon père ? » / Court avant Les autres / le littoral écume / l’orage Des montagnes et le clair horizon / « sais-tu d’où tu viens ? » / la porte du moulin sans Nom depuis longtemps / rien ne remplacera Le nom / tu ne sauras jamais pourquoi / Les pantins des rivages débitent des sutras / prières et évidences selon eux / « je suis » « ouvre tes cuisses et toi obéis ! » / plancton Nourricier des familles littorales avec fleuve Une fois par an en cru dévalant le lit avec Ses rivières et ses habitants / « nous ne saurons pas » / des touristes ramassent Le bois blanc et poli de l’été / hiver en vue Aux cheminées ludiques / « ne jette jamais ta ligne dans ces eaux : des fois le cadavre revient hanter nos mémoires » / là-haut, Le château frémit derrière ses cyprès noirs / les mains en visières sont aussi noires / « c’est le monde, fils » / mais l’existence Survit-elle à la vie ? / chambre sourde Désormais : « vous reconnaîtrez la porte : celle de votre enfance avec les vôtres/ »
Ni refrain ni principe. Le jambon pend toujours Au plafond / le couteau De l’ouvrier a perdu Son manche et la rouille Perdu le fil / table nue Sans miettes / le banc A perdu sa patine / blanc Perdu le bleu / pantins Des lois au cadran / De loin la voie ferrée A perdu son sens / Trop de sentences Aux lèvres chaque jour Que la nuit crache Au visage de ces poupées Vides de mécanique.
Au bois nous n’irons plus Cueillir la rime et sa chanson.
Je suis. Fils. Loi Du père.
Pelletées de ville et de campagne Sur le fumier des commencements. Le matin va observer des varechs. En imagine les personnages et se voit En romancier dans la vitrine des vagues. Il ne trouve pas la porte faute de signes. Ne distingue pas la ruine de ce qu’elle a été. Franchit des dunes et des parapets, des roches Empruntées au fleuve des fins d’été, la pluie Cisèle le sable. Répand enfin sa semence.
Fils je.
Écrit pour la télé . . . vision. Pour le drame bourgeois. Pour l’édification des os. Pour une messe en ut majeur. Avec passion racinienne et Comique cornélien / cherche La trace à laisser dans la bouche.
Fils tu.
Fuit avec la lumière le soir Et revient avec elle à l’heure Prévue par les éphémérides En vigueur / ne peut pas Ne pas croire Au moins en son art.
Nous seuls. La journée Comme loi.
La nuit il abandonne la partie Et laisse son cerveau aux buissons. Ne joue plus avec les autres. Dérive comme épave ensoleillée. Se prend des fois pour Ulysse Si un rivage tient ses promesses. Le réveil est aussi une illusion.
« tu ne sais pas rêver / Viens que je te montre / Là : imagine mon personnage Ou mon cadavre : habite-le. Lève ton verre aux patrons ! »
Ne voit pas que c’est un signe Et passe son chemin / la porte Battue par le vent comme en Cage / ruines de l’Histoire plus Loin : avec panneau explicatif Résistant aux intempéries selon Le fournisseur agréé par l’État.
Arrache ces poils un à un. Frotte ta chair contre la chair. Goûte à la volatilité des formes. Humecte les lèvres proposées. Le premier chœur est aussi Le premier épisode : fils de.
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