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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Les porteurs d’eau de Char en instance de lipothymie (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 1er novembre 2020. oOo Les porteurs d’eau de Char en instance De lipothymie / Poe et Sade assis sur leurs culs Respectifs / les pieds d’Olga que la mort invite À Stockholm / sur la table vieille de cent ans Et plus : les ingrédients du bonheur en salle / saucisse de foie truffée et vin de la vallée / un oiseau mort ce matin, descendu de sa Branche avec sa vie sous une aile et la queue Plié à l’équerre : effet de la peur causée par La mire / dehors on rencontre des rivières Poissonneuses comme le temps / des berges Molles où le pied tâte / à part l’oiseau meurent Les choix nationaux : « tout d’même supérieur c’qu’on arrive à faire avec des 1 et des 0 » Sans tenir compte de l’infini qui les sépare Alors que ça compte au cimetière / douleur Et verbe titillant les aisselles du sujet / mort En pochette des endormissements / « la voici donc cette table de merisier » et ses artefacts / oiseau plié comme un canon à la culasse / saisissant le couteau il tranche le pain qui A changé de sens dans la Passion et supporte En riant les coups de savate sur son dos usé / la femme tenant un angle pour ne pas Se retrouver par terre / mais pas d’enfants Pour poser des questions au sujet du Pouvoir Ni de l’Ordre toujours symbolisé / le Je plié Comme serviette à l’heure de retrouver La compagnie / même la femme a ses amants « nous avions une servante replète à l’époque » En ces berges de foire, les toiles d’arbres au vent. « tout ceci m’appartient si je consens à œuvrer comme les autres » / replète et pas farouche / nous possédons et dépossédons à longueur De messe / pédants avec sutras aux commissures Et salauds comme nés des gravures pittoresques / « c’est tout ce que tu me proposes : ta bite ? » Elle préfère toujours le soleil sur sa peau nue / « on a beau dire mais la plage est le contraire d’un lieu de rendez-vous » / sollicitez l’intelligence Et le type se confie comme en compagnie paroissiale / « je ne sais plus pourquoi je suis venu » / mort Des pieds à la tête comme Socrate suite au jugement Du plus grand nombre : la philosophie morte en couche Démocratique / dehors : ces routes de campagne Où coule le sang de la ville : ces itinéraires bouclés Avant même d’y trouver la mort / sur la table L’oiseau en proie à la rigidité : voit l’œil atteint Par un plomb : pas une goutte de sang : le plumage Dans le courant d’air occasionné par la fenêtre / Tranche le pain sans se signer et mord dedans / « avant j’étais heureuse » / une fillette promet De se marier avec ses enfants / sifflet d’un facteur Aux écritures en équilibre sur sa corde d’heures / « on voit que tu as lu Char » /./ « ce n’était pas Une servante : c’était ta fille » . et dans ce lointain De besace les lions se laissent dévorer par les mantes / « on voit d’où tu viens : attente des berges et cadavres des passants / « je suis… je ne suis pas » Nous nous réveillons parce que c’est l’heure /
Oui cadavres passant devant soi à vive allure / Il dépose son fusil et sa cartouchière près du pain Et débouche la fidèle bouteille en songeant À la chair qui l’attend / « quelle idée elle a eu de mourir alors que c’est pas le moment » / Cherche encore et trouve un témoignage Qui l’accable / des cerises roulaient vers Le triangle tracé avec le sang de l’oiseau / « je n’ai pas connu le bonheur si c’est ce que tu veux entendre ! » / la vieille table et ses miettes constantes : son dessous de fer forgé et ses traces creuses : « le pire est encore à venir » / voici le pain de la veille Et nos bris de verre / de quelle France parler ?
Dehors et même plus loin les mêmes noms. L’horodateur municipal. Qui n’a pas peur de rater le coche ? Trottine vers son destin : l’écriture civile. « avant j’y croyais mais avec le temps je tue les mouches de mes miroirs » On ne s’illusionne pas sans injection.
Prend la route par tronçons. Visite des lieux connus de tous. Reçoit les absolutions avec joie. Bichonne les détails de ses visions. « je te croyais pas comme ça » Pourtant la table est ancestrale. Elle appartient à une lignée. Ce merisier porte des traces. Cet oiseau n’est pas mort ici. J’ai traversé la forêt obscure. Pas retrouvé le chemin de jadis. Je n’étais pas accompagné, nu. Des feuillages pleuvaient à verse. Crevés de soleil ils s’éparpillaient En gouttes d’or. Comme la toile en cours brouillée Par la main de quelque ennemie. « je te pensais plus à même de » Le trousseau sent la naphtaline. Les portraits poissent de retouches. La dorure écaille ses mortaises. L’or n’est pas l’or du temps : Vitesse acquise par la recherche. Point de ralentissement avant le choc. « je suis entré dans la forêt avec un animal à mes pieds : point de femme »
Cette société (pas une autre) en proie À la codification des maux infligés à l’autre. Tribunal le matin avant le métro ou l’auto. Arrive sur les lieux de son travail avec Les stigmates visibles par écran interposé. Ainsi disparaît toute poésie conçue comme Dissimulation / « je t’avais dit de revenir Avant la fermeture des magasins » / et L’enfant grimace à la place de la douleur.
Ce noir merisier des patines. Reflet dans son œil exercé. Du travail tu ne reviendras Pas, papa, oiseau en croix, Croix de couteau et de fissure.
Au carreau la mouche s’y colle. Et pourtant c’est à l’école que J’apprends à tuer le temps jadis. Ici la trace d’une servante aimée Parce que son fils est un vrai fils.
Le matin la forêt ouvre ses portes. L’armoire ne contient que des nus. Le carreau humidifie mes joues une À une et les ronciers ne résistent pas À mes visions d’enfer à deux, à trois.
Sur le chemin les dieux de la Cité Au rendez-vous des fées se rendent. Avec moi tu ne seras jamais heureuse Car je tue pour te nourrir chaque jour. Laisse-moi la servante et ses tapis de jeu.
Ainsi voyant croître les printemps Au détriment de l’été jamais vécu.
Et s’adonnant à la prière Derrière les fagots, catin.
Extase sommaire aux croisées des calvaires.
Il faut avoir dormi Le nez dans la bruyère Pour retrouver le rêve Dans un verre de vin.
Des lichens dans les yeux Et l’écume des vagues Aux rochers de la nuit Comme au flanc des sirènes.
Creuser sous sa maison Ou connaître les ciels De ses toitures folles : L’âge finit en queue.
C’est las et même mort Que dans ces herbes folles L’esprit sait ce qu’il voit, Entend et reconnaît.
Le matin le chasseur Trébuche sur le seuil Et une fois de plus (peut-être la dernière) Croise à même la flaque Son visage et son nom L’un sur l’autre à Sodome.
N’est-il pas plus juste D’aimer sa femme ? Qui repasse par là ? D’un coup d’aile l’oiseau. Blessé ou pas l’oiseau. Les pailles du battage. Les cuisses des servantes. L’œil morose des maires. Les insectes des pierres. Le nez dans la bruyère Et l’chant de la merlette En réponse à ses flûtes.
Sur la table la nappe Est pliée en attente. Huissement de l’Hitchcock En souvenir des peurs De finir en prison Au lieu d’y surveiller.
« jamais tu ne me rendras heureuse maintenant que je sais » / à Damas L’acier refait le monde / ici c’est toi Qui le repeuple : sous les arbres étoilés L’âne reprend son souffle / licol de cuir Et fesses en feu / deux porteurs d’eau Alimentent les sources artificielles des Places publiques : un jour d’élection Et de citoyens fiers de compter autant Que Dieu lui-même / dans la région de Weir Ou sur le tranchant d’une étoile, le cul Posé ensemble : « jamais heureuse avec toi » / et la flopée des poétaillons hardis À l’arrimage des carcasses de l’abattoir / « ne pleure pas dans mon épaule, j’ai le mal de mer, le mal du pays et le mal des ardents » / on riait comme des fous À la fête comme au retour / cette table Nue maintenant : le langage en question Tente de s’y asseoir : en invité ou en intrus. Table rase mais en patine perpétuelle. Il faut la quitter chaque matin pour aller Avec les autres : ces autres noms de chose. Rien sans injection au ponton des crues. Naissances des poils narratifs autour, Comme herbes des rivages revisités. « jamais ô non jamais plus ! » et le cul Aux paillettes du vent d’autan en hiver. « je ne suis pas celui qui te voit » / « je n’ai jamais été » / tentation jadis De graver son prénom déjà en usage Au rituels / « tu ne seras rien si tu sais » Voilà comment on écrit des romans où Les pieds entrent et sortent comme si Le matin était devenu un juste souhait.
Cette vie n’est pas la mienne. Si jamais vous tombez dessus, Saluez-la de ma part.
Ne prononcez pas mon nom Devant elle.
Ne dites pas : « salut [mon nom] ! » Ne dites d’ailleurs rien du tout. Passez comme si je n’existais pas.
Je sortirai peut-être un jour Pour me rencontrer moi aussi. Je n’en ai pas vraiment envie, Mais je sais de quoi je suis capable.
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