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Les derniers jours (mots) de Pompeo - [in "Hypocrisies"]
Les derniers jours (mots) de Pompeo 14 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 31 mai 2020.

oOo

— C’est l’heure, Pedro…

Comme si je dormais ! Comme si le bruit n’avait pas couru… dans les couloirs. Plus de bibliothèque dans ma mémoire. Des personnages si proches que j’ai toujours eu l’impression de les avoir créés.

— Là, là… Vous pouvez écrire…

Il ne dit pas vous pouvez leur écrire. Un possessif devant un verbe, ça donne quoi ? Et le mien ? Ben justement il me propose un bloc de papier et un crayon. De l’effaçable ! Je sais pas ce qui se passe en surface, mais dedans je suis perdu. Il me regarde avec des yeux de merlan frit.

— L’heure c’est l’heure, dit-il. Je veux pas rater le bus.

Le bus à la place de la guillotine ! Ça me tranquillise pas. Brrrr…

— Qu’est-ce que j’écris là-dessus… ?

— T’écris rien ! Pas maintenant. On a plus l’temps, Pedro.

Il zyeute son cadran, le secoue. C’est quoi, ça ? je demande en posant un doigt sur le bloc.

— Ya p’us d’place de tout’ façon… Ce que t’en as écrit, des choses ! (triste) Ça n’a rien empêché.

Il veut dire que Pompeo n’en avait plus pour longtemps de toute façon.

— On n’a pas eu le temps… (je bafouille)

— Personne n’a le temps… (songeur) Comme si la peine de mort était encore en vigueur…

Il repasse ma chemise avec sa lourde main pendant que j’enfile mon pantalon. Arthur qu’il s’appelle. Je l’ai pas créé celui-là. Il existe.

— T’auras pas l’temps de t’bichonner la tronche, dit-il en insistant sur le pli.

— Il me reste des señoritas mais j’ai plus d’aloufes…

— J’en ai ! On en fumera une… oops !... un avant de frapper à la porte. Ya un étage. (savant) J’y suis déjà allé. Tu connais ? (se frappant le front comme au cinoche) J’oubliais que vous vous êtes connus ici… Des années…

— Pas tant que ça si on pense à ce qui reste à tirer avant de…

— (morose) J’connaîtrai jamais ça, tiens… Pourtant j’en ai connu des…

Il se coupe la langue. J’ai pas « bichonné » ma face de rat, mais je me charge du nœud de cravate. Il sourit en pensant à autre chose :

— J’sais comment vous faites avec les fils de l’ampoule… (il mime) Clic ! Clac ! Et l’papier s’embrase. Ça sent quand je rentre ici. Et après cette odeur me poursuit dans les couloirs. (solennel) Mais pour les aloufes, tu peux courir ! J’prends pas ce risque. (sarcastique) T’en avais pas besoin, des fils électriques, toi… Pompeo pourvoyait. (dans le secret) « Allô… ! Pompeo ? J’ai achevé le chapitre suivant… Allô ! Vous m’entendez, Pompeo ? J’ai plus d’aloufes… »

Il rit de bon cœur. Puis son visage se contacte :

— C’est pas comme ces maudits ratons !

On n’en parlait jamais avec Pompeo. On « mettait à profit » ces minutes de cohérence. Et ça avançait. Plus dans mon sens que dans le sien. Mais ça avançait ! Et on était comme des coqs en pâte. Avec tout ce tabac !

— Nous, dit-il, on descend à la première. (il relit sa feuille de route en marmonnant / puis, envieux) Il en a eu de la chance, Pompeo, d’habiter si près de son lieu de travail ! J’suis d’la banlieue, moi, et j’y crève. (me toisant) Tu peux m’croire…

J’enfile, je noue, je brosse, je m’assure qu’il n’a pas oublié les aloufes. Et je vérifie le contenu de ma boîte en fer. Il se penche pour compter :

— Il se fichait pas d’ta gueule, le Pompeo ! Des cubains… Et des meilleurs ! (secouant sa boîte en carton) J’ai pas les moyens, moi… (essuyant une larme de crocodile) Mais je suis bienveillant

Je murmure un remerciement en forme de lèvre. Il dit on y va et on y va. Le bus est déjà plein. On attendait plus que nous. On a nos places réservées, comme d’habitude. Sauf que cette fois, je ne vais pas à l’hosto pour ajuster le traitement. Je vais à la veillée du mort. Je connais déjà la veuve et les gosses. Je connais même sa table. Ordinaire, mais on s’y attardait et le chef téléphonait des fois que ça se passerait pas comme prévu. Pompeo le rassurait puis raccrochait. Tout le monde savait qu’il me faisait écrire ses Mémoires mais personne n’aurait pu dire avec certitude s’il était satisfait de mon travail. Je n’avais jamais autant bossé. Mais maintenant qu’il était mort j’avais quelque chose à achever, ce qui ne m’était jamais arrivé, même quand j’ai découpé ce corps… Aaargh ! L’inachèvement est un rappel constant à la réalité. Pompeo ne pouvait pas comprendre ça. Il achevait son mois, ses vacances, ses conversations, son crédit auprès des autres… Il avait l’impression de toujours tourner le dos au passé si celui-ci ne contribuait pas clairement à l’élaboration de l’image qu’il voulait laisser derrière lui une fois… mort. Mais pas encore enterré. Il attendait dans un cercueil. Il n’avait jamais autant attendu. Mais cette fois, aucun signe d’impatience. La veuve nous reçu sans cérémonie. Il y avait du monde. Ça sentait le tabac des messieurs et le parfum des dames. Rien sur les sucreries. J’effleurai des soies volatiles. Je voyais le profil de Pompeo, le nez busqué du Basque, les reflets des lèvres pincées, le rouge des pommettes. Tout le monde savait pour les Mémoires. Quelqu’un dit :

— On ne va tout de même pas publier ça !

— Brûlez le manuscrit !

— C’est facile avec des aloufes !

— Vous oubliez les drives… (connaisseur) Il était précautionneux, Pompeo…

— …attentif !

— …prévoyant !

— …proactif !

— …prudent !

— …vigilant !

Ils croyaient ainsi avoir tout dit. Mais le meilleur restait à venir. Ça, ils n’en savaient rien. Ils s’approchaient de moi sans me toucher, bavards derrière leurs masques de chirurgien. Pas une question, rien ! Des allusions. Pas une proposition. Des soupçons. Ils enquêtaient en rond. Flics. Juges. Secrétaires. Camareros. La chambre en perspective. C’est étroit, les HLM. On n’y entre pas tous. Certains restent sur le palier. L’ascenseur gémit. Personne pour demander « qui c’est qu’est mort ». Un ballon rebondit. Où sont les pleureuses ?

— Vous ne prenez rien… ? (largegeste de la main, tragique, vers le buffet)

— On peut fumer… ?

— Si vous avez de quoi allumer… (retournant ses poches)

Nous sortons sur le balcon étroit. Même la rue est étroite. Ça purule dans l’étroitesse en bas. On attend le fourgon. Un Mercédès à tous les coups. Pompeo conduisait une merde à la française, avec des pneus étroits et rien pour écouter de la musique. J’ai jamais rien conduit. Je monte et je me laisse emporter. J’ai souvent voyagé loin comme ça. Sur terre comme sur mer. Et des fois en haut, près de la vérité qui nous guette même si on n’a rien fait pour la mériter.

— Vous l’avez connu où, Pompeo ? En Espagne… ? Il y allait tous les étés depuis le premier enfant. C’était en Espagne, n’est-ce pas… ? Il me semble…

On me détaille. Je ne suis pas à l’abri de la critique. Je fume avec style. Je ne crapote pas comme en cellule. Qu’est-ce qu’il était prévoyant, Pompeo !

— Des fois j’me demande s’il pensait s’en sortir… (frissonnant) Ça peut nous arriver… (tremblant) On ne sait même pas comment on va mourir…

— Ni à quel moment…

— Ni à quel endroit… Personne ne peut écrire ce roman. (cérémonieux) Maintenant que je sais, j’écrirai quelque chose sur la mort de Pompeo…

— Mais vous n’étiez pas là ! (untemps) Ce que vous en savez, vous l’imaginerez le moment venu. (certain) Je connais ça !

— Vous aussi… ?

— Vous pensez !

— Mais qui ?

— J’écris Terminus.

— Ohé ! Lisez donc ! Vous avez bien quelques pages sur vous… On vous connaît…

— C’est… provisoire. (énervé) Vous n’y comprendriez rien ! Angèle !

Elle vient à mon secours, écrit-il.

Des jours que je n’ai rien écrit ! Pompeo agonisait pendant ce temps. Comme si c’était hier.

— Goûtez donc un sushi… Votre langue a besoin de… piquant. (impatient) Aaaah ! Cessez de m’envoyer votre fumée au visage. (toussotant) C’est la fumée…

Qui n’en doute pas ? Il y avait bien un chapitre mort de Pompeo puis rites funéraires et enfinretour en cellule. En quoi cela me concernait-il ? J’étais connecté. Ils s’activaient pour déchiffrer. « Vous passerez au cabinet avant d’aller vous noyer dans la bibliothèque… » Injections puis des pages de tentatives vouées à l’échec. Entre le plaisir et l’angoisse. Pas d’autres moyens d’approcher des lieux. J’observais (en attendant) les sushis à odeur de cramouille. Le visage du mort invitait la lumière. Cette manie de supprimer le regard des morts. Toute la personnalité est contenue dans le regard. Comme s’il menaçait de nous condamner à la noyade. Nous pataugeons plus sûrement sur les paupières. Sur la pente du nez réduit à l’horizontale. Lèvres solidement cousues. Et l’anus. Un jabot de dentelle émergeait des parois, à cette distance. Un dernier hommage ? De quels hommages l’avons-nous gratifié ? Jadis et naguère. Draps finement brodés. Appartiennent aux pompes. Tant pour la location et tant pour les achats de rigueur. Pourquoi les gosses s’amusent-ils ? Et pourquoi les laisse-t-on s’amuser ? Pourquoi suis-je venu ? Un dernier regard m’eût invité à continuer. Quitte à l’abandonner à sa décomposition lente. Le bus passera en fin d’après-midi, comme convenu. L’attente. À midi, déjeuner sur le pouce. On arrose aussi. Et on fume mes señoritas. Jolies Cubaines nues des trottoirs. De quoi rêvasser, tournant le dos aux points de fuite qui s’assemblent dans la chambre. Symétriquement la fenêtre. Et le balcon maintenant impraticable. On s’y presse. Pour respirer l’air instable de la rue. Fumées diverses.

— Vous n’avez touché à rien, Arthur…

Elle connaît mon nom. L’autre se retourne et comprend que ce n’est pas à lui qu’elle adresse cette espèce de prière. Je n’ai jamais désiré la femme de l’autre. Ses filles, oui. En vacances après la mort du père. Je me souviens que Pompeo n’osait pas interrompre mes incursions dans son récit. Il ne s’en impatientait pas moins. Il suivait le fil alors que je m’escrimais avec le temps. La mort l’avait rendu perméable. Comment leur dire ce que je savais ?

— Vous auriez pu rester quelques jours, dit-elle.

— Le bus sera à l’heure, dis-je. (l’autrem’écoutait, comme si ma parole contenait les indices de ma culpabilité)

— Arthur vous faisait confiance. (précisonsque Pompeo s’appelait Arthur)

— Je ne sais pas si c’était réciproque…

— Oh !

L’ascenseur remonte avec du personnel et d’autres fleurs en bouquets opulents.

— Descendons, dit Arthur.

— Il y a un tabac en bas…

— Ne profitez pas trop de ma bienveillance, Pedro…

— J’achèterai aussi des aloufes. Mais vous les empocherez. Ainsi, tout sera conforme. Et juste. (réfléchissant à cette dernière impression) Enfin… Je crois.

— Pressons !

Cette autre impression, celle de rentrer chez soi. L’odeur du tabac encore indemne. Les pipes. Les reflets de vitrines. Les dégâts pulmonaires et buccaux. Les souvenirs à emporter. La tentation du jeu. Les pièces sonnent sur le comptoir. Des années sans en écouter la promesse.

— Vous charriez. Pompeo souvent vous emmena en promenade au cœur même de la ville. Vous avez l’habitude des jardins et des vitrines. Vous n’ignorez rien des regards. Vous connaissez tout de l’aventure des sorties accompagnées. Cette sensation d’avoir perdu la liberté ! Et de savoir qu’on ne la retrouvera pas avant longtemps. Et que même si ça arrive, le mot liberté aura perdu son sens. Vous vous mettrez à courir après la vie, plutôt.

— Voilà l’entrée du cimetière… Nous sommes à l’heure.

— Comme vous dites !

Point de chapeaux. Des cheveux ou pas. Dépend du vent. Il ne pleut pas. On n’a pas eu un mot pour la pluie. Même le vent faiblissait. Les allées sentent le printemps. Quel ratissage sous nos pieds ! On murmure dans mon dos. Mais je ne suis pas venu pour interpréter un personnage. Je suis là pour me montrer. Moi, l’auteur des Mémoires de Pompeo qui n’est pas mon Ibn Battûta. Des années à égrener sans prières.

*

Pourquoi me racontez-vous ça… ?

— L’épreuve des esprits qui, non contents de ne pas penser comme les autres, en parlent selon leurs modes de raisonnement : Vigny, Mallarmé, Jarry, Pound… Ah et puis merde ! Je n’écris pas pour les clients de vos chanteurs et autres scénaristes du film national !

— Calmez-vous ! (railleur) Vous tenez tellement à réveiller le mort… ?

Croque dans une empanadilla à saveur marine. Dents blanches de l’innocence revisitée. La réinvention est à la mode, mais impraticable. En bas, le mort progresse vers son fourgon. Mais d’où tenez-vous cette lenteur ?

— Je n’ai pas goûté à ces tartines… Cramouille en grains !

— Pourquoi êtes-vous remontés ? (quelqu’un, essoufflé, comme si l’ascenseur était tombé en panne entretemps)

— (lisant) L’ordre de mission est strict : l’itinéraire est décrit. Un aller-retour, mais pas d’église ni de cimetière…

— À quoi ça sert alors ?

Redescend ? Ou disparaît. Ces étages m’étourdissent. Le balcon a retrouvé son ampleur. Les pots ont été entassés dans un coin, le plus sombre. Quel murmure celui qui monte ! Pas encore des chants. Qui ne veut pas entendre crisser le gravier sous ses pieds ? Me penchant :

— Vous êtes sûr d’avoir bien lu… ? (parcourantle texte avec le doigt) Des funérailles sans cimetière, ça ne veut rien dire ! Vous interprétez, Arthur…

— (vengeur) Vous étiez moins fier quand je vous ai réveillé ce matin…

— (blasé) Pfff ! La guillotine…

— Au bout de la nuit… (riant presque) En d’autres temps, vous n’y auriez pas… coupé !

— Descendons je vous prie ! Il y a si longtemps que je n’ai pas assisté à…

— Pas si longtemps que ça… (fronçant) si on tient compte du temps qui vous reste à…

— Je mourrai peut-être avant !

Mais l’argument est usé depuis longtemps. Je ne lui demande pas s’il sait lire. On ne blesse l’autre qu’en visant juste. Or, il sait lire. Et l’itinéraire est précisément décrit. Rien sur le cortège. Il veut téléphoner à la direction. Maintenant il s’est mis dans la tête d’éclaircir cette « question ». Il numérote nerveusement. Attend. Raccroche. Occupé. Il relit. Toujours rien sur la suite à donner à cette incursion dans la réalité. Rien ne dit que nous sommes autorisés à suivre le cortège pour en apprécier les étapes rituelles. Deux grouillots montent des compléments alimentaires. L’ascenseur est en panne. Déposent leurs offrandes sur la nappe puis se caltent, heureux de redescendre, jaspinant. On entend leurs pas dans l’escalier de service. La porte s’est refermée avec cette lenteur.

— Rappelons.

— À ce train…

Suite à ce nouveau contact avec l’administration, nous nous précipitons pour rattraper le cortège. La chaîne qui nous unit cliquète. Des dames se retournent. Ne cliquète pas, chaîne !

— Ils ont amené les desserts, dit-il. (soupçonné) Oh mais nous n’avons touché à rien !

C’est fou ce que nous sommes précis. Comme si ça arrivait tous les jours. Parcours sans faute. Jusqu’au trou qui sent la fraîcheur des racines rompues. Des petits cailloux blancs scintillent sur les parois. Les arbres gémissent. Pas un oiseau pour réveiller le mort. Ni une pleureuse pour signifier. Ce qu’on enterre, c’est la mémoire de Pompeo. J’ai des pulsions d’évasion. La Grand-Peur. Le Hoquet des Immobiles.

— Ils avaient oublié les desserts ? Quel monde !

— J’en ai connu d’autres…

— On ne vous demande rien.

— Parlez plus bas !

Oui, c’est ça. Murmurez le texte. Ceci n’est pas une dissertation. Le coq-à-l’âne n’existe (est possible) que pour refuser de raisonner à propos de ce qui n’a aucun sens.

— La tête qu’il avait quand je l’ai réveillé ! Comme si la guillotine, bien qu’abolie, menaçait plus que son sommeil. (jouant) « Quoi ! Déjà ! Encore un peu, monsieur le bourreau… »

Rires.

Cependant, pas une faute dans le parcours. Des hymnes ont retenti. On peut chanter faux dans le chœur tellement tout le monde chante juste. Qu’est-ce qu’on enterre déjà ? Retour à table, nous déchantons : le vin est bon mais rare. On ne s’empiffre pas. On s’exécute mollement à la mesure de ce qui reste de Pompeo. On ne me pose même plus de questions. On ne veut plus savoir. Mais a-t-on voulu approfondir ? En pleine terre le Pompeo. Le balcon est déserté à quatre heures de l’après-midi. J’y fume. J’ai le ventre plein, mais l’âme claire. Je ne me reconnais plus. C’est compliqué, la mort de l’autre, surtout s’il vous a confié un travail forcément étranger à ce qui vous hante. Combien m’a-t-il payé ? Arthur relit l’ordre de mission : rien sur l’attente.

— Le bus est à six heures. (ilconsulte) Inutile de descendre. (ilcherche le regard de la veuve) Je suppose qu’on peut attendre ici…

— Tu parles d’un enterrement !

— C’est parce que vous n’avez rien d’autre à faire…

Je n’ai rien promis non plus. Je me suis essayé. Mais ça n’a rien donné. Pompeo est mort sans mémoires. Des feuillets remplis de ma propre existence. Et que du passé. Rien sur l’avenir, que si j’en avais eu un, ça se serait lu entre les lignes, non ?

— De quoi vous causez ? (ditquelqu’un) Passé une certaine heure, on ne parle plus de ce qui nous a amenés ici. Ce n’est pas la première fois que…

— Le bus est à six heures…

— (clique sur son écran) Ça fait deux heures à poireauter. (riant en me regardant) Moi aussi je prends le bus, mais c’est pas le même.

— L’heure c’est l’heure. Et la manière c’est la manière. Et quand on est plus là on est plus là.

— Ça ira mieux demain, allez…

Je ne me souviens pas de mes derniers mots (jours). Je veux dire : ce jour-là. Mon salut à la veuve et à ses orphelins. Comme s’il ne tenait qu’à moi de remettre Pompeo sur ses deux pieds. La nuit fut blanche, mais alors blanche ! Avec des trous que si j’avais pu les boucher j’en aurais creusé d’autres pour avoir raison.

*

L’hôpital. L’hygiène. Avec mes petits chaussons bleus, j’entre dans la fin d’un film. Il y a déjà du monde. C’est la fin : je vous ai pas raconté ?

*

* *

 

 

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