Nous n’aurons pas fini d’interpréter l’oeuvre de Stanley Kubrick.
A l’instar de tous les chefs-d’oeuvre, qu’ils soient cinématographiques, littéraires, picturaux, musicaux.
C’est le fracas du monde que l’oeil de Kubrick met à chaque fois en scène, d’un film l’autre.
Le concert des critiques est symphonique.
Et polyphonique.
" Il a en quelque sorte théâtralisé tout ce qui ne tournait pas rond "... ; " L’ambiguïté, c’est génial ! Kubrick en était un maître. Mais qui voulait le suivre dans ce voyage ? "... ; " Son œuvre est sûrement le reflet de l’incommunication entre les êtres ", disent-ils notamment outre-Atlantique.
Pourtant, le miroir des perversités entre Lolita et Humbert Humbert - avec la palme pour ce dernier - se reflète fort bien dans le plan. Innocentes perversions...
Pourtant, Alex joue avec sa propre image de délinquant raffiné, un macabre dandy qui se permet tout...
Pourtant, la prostituée se sacrifie volontiers pour le docteur Harper, telle une vestale des temps modernes, régénérant alors son statut d’impie...
Pourtant, une absurde solidarité devient matérielle entre les Marines, lors de la guerre du Vietnam...
Pourtant encore, le fantasme est authentique et simple dans le couple, manifestement dangereux aussi, cependant. Une simplicité complexe...
Stanley Kubrick, c’est l’oxymore permanent, dépassé par l’envie de tenter qui enjoint d’aller de l’avant, même si la ténacité de l’échec et de la fatalité est proche, en soubassement.
Si le monde est opaque pour ne pas dire incompréhensible et si le risque peut conduire à la catastrophe, cela vaut tout de même la peine d’essayer.
Oui. Essayons pour voir. Et mettons tout en œuvre pour le faire.
La volonté de Kubrick ?
Prométhéenne et... protéenne.