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Seriatim 3 - [in "Seriatim"]
Seriatim 3 - Voici les trois principes (grands ou pas) qui expliquent mon comportement...

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 Article publié le 25 avril 2021.

oOo

UN PEINTRE

Négligent

Voici les trois principes (grands ou pas) qui

Expliquent mon comportement (de peintre)

Dans ce lieu qui n’est pas (ne sera jamais)

Ma maison (d’enfance, de mort, de famille)

:: :

— L’arbre qui a poussé de travers ne se redresse pas.

— Avec un âne, on ne fait pas un cheval de course.

— On ne mélange pas les torchons avec les serviettes.

///

Je ne sais pas ce que vous en pensez… je vois bien

que je vous ai blessée / je n’ai pas l’habitude (pour

parler gidien) de critiquer la critique : je vous invite

à prendre mon pinceau dont la brosse est chargée

de ce que vous inspirez à mon cerveau malade (de

vous, de ce que vous paraissez, de ce que je veux

de vous) / N’hésitez pas à le tremper vous-même

dans la couleur (ô mélange) qu’il vous plaira de

donner à mon apparence ///

Ô femme (ou homme)

Que je désire de haut en bas !

RÍO

Outré

Non mais dites donc !

Le peintre, curieux, apparaît dans une fente.

On voit son œil briller.

Puis il disparaît.

On entend alors la poursuite de Groucho,

Les cris, les bris de verre, les portes qui claquent.

Río jette sa cigarette et l’écrase.

Son pied pivote avec conscience.

Voici ce qui lui vient à l’esprit :

Le Monde se froisse comme une feuille

Quand on y pense.

Et justement voilà que j’y pense, ô journal

Que je n’écris plus !

Qui n’a pas l’enfance à l’esprit, opiniâtre,

Entre les colonnes ?

L’enfance qui finit par tuer. Je vois ça

Tous les jours

Ces temps-ci.

L’existence n’aura plus de sens un de

Ces jours.

Alors il faudra bien revenir sur ses

Pas.

Et envisager le pire. Enfin ! Le pire !

Il arrive comme le train que j’attends

Depuis que je t’attends.

Je n’ai plus rien à faire, plus rien à croire.

Je m’invente l’acte qui suit.

L’enfant n’invente rien avant l’acte, dis-je.

Je le reconnais comme si nous avions vécu

Ensemble.

Le voici en mots / et même en phrases / en

Vers.

Pourquoi revenir selon l’horaire prescrit ?

Je ne te savais pas malade à ce point.

Pourtant j’ai regardé dans la fente, ô

Mirage ! Le désert écoutait les avions.

Le scarabée cherchait à le rester, pierre.

J’ignore tout du fer dans cette forêt.

Le quai est apparu après les arbres.

Sans rivière, je ne suis plus le fleuve.

Ou sans mer, je suis ce que je ne suis pas.

Vos barques ne sont pas de mon invention.

L’écume court maintenant sur le sable.

La vague (dit-on) vient mourir ici, à tes

Pieds.

Mais n’est-ce pas toujours la même vague ?

Comme si je la recommençais avec ou sans

Toi.

Je viens d’une région sans feuilles mortes.

Et j’ai couru dans les stades.

Comme la ville est proche ! Avec ses tombeaux

Et ses ex-voto. La trace d’or comme le désir :

Dans la pierre : femme ou homme, que m’importe ?

Ni l’un ni l’autre si c’est ce que tu veux.

Sans Dieu mais avec beaucoup de maîtres !

Grincez, portes des châteaux !

Le quai prolonge les jardins, les panneaux

S’assemblent, les voix me reconnaissent :

Quelle mort me dira le contraire ?

(donnant un coup de pied au décor,

ce qui fait reculer les habitants des coulisses)

Comme si la douleur n’avait plus de sens !

(ironique)

Dans l’eau nagent les poissons ! Et dans le ciel

Les avions reconnaissent les complexités

Désertiques ! Quel pays sans oiseaux ! Quel jour

Sans ses feuilles ! Je ne sais plus ce que j’attends :

Quelqu’un ou ce qui l’annonce.

Entre l’intrigue et le fait accompli, les noms

Donnés pour ne pas les nommer !

Quelle famille ne s’en remet pas à la chronique ?

Le nom se perd, on ne naît pas avec un nom.

(consultant sa montre : oignon)

Bien sûr l’heure c’est l’heure : j’en conviens.

Je ne suis plus un enfant : tu ne joues plus

À la poupée : tu voyages en train : vers moi :

Dépliant les horaires : derrière la vitre mouillée :

Les innombrables paysages que le possible

Appelle de ses vœux.

Ce que j’aime n’a plus d’importance : désert

Traversé pour reconnaître les lieux : nuit

D’étoiles et de comètes : d’une main moite

Lisse les aspérités ou tente de s’y appliquer :

Disant : ce n’est pas comme ça que je veux

Mourir !

Quel gras mot ! J’en perds les étymologies !

On le voit chanter sous les fenêtres, de loin

Comme si sa voix n’avait jamais eu d’importance.

Blanca ! Ô doigtés nécessaires ! Jambes des jupes !

Sans feu nous n’allons pas au cimetière : maîtres

De l’argent, pensez à ce que je fus avant

De vous (re)connaître !

Ça siffle dans le tunnel

L’acier en frémit comme chair.

Voyez la primevère :

Elle change de couleur.

Réapparition du peintre :

La fente s’élargit

Sous l’effet de son pinceau.

Que l’intrigue m’intrigue !

Et que la fin m’explique !

Le Maure n’est pas mort.

(je ne sais plus comment)

Sidi Yahia aux trois visages.

Fruits de l’arbre vénéré.

Nous avons nous aussi

Emprunté le fleuve des haleurs.

Mais pour quel voyage ?

Pour quelle invention ?

Quel désert sous les neiges ?

Pas de fils à donner au Monde.

Pas de malheur à recommencer.

Nos jambes nues se croisent

Dans l’infini ou la profondeur

De cette eau qui vient de moi.

Que l’acte n’en soit pas un !

Que la triste figure en impose !

Qui veut sauver l’autre se sauve.

Belle fuite des lignes sans blanc.

Quel désert connaît la perspective ?

Voici le Nord de mon pays !

Le vin, les chevaux, la laine

Noire de suie, les aiguillages

Sans fin, jusqu’à la mer la fin.

Qui survit à sa douleur d’être

Ce qu’il n’est pas ? Voici la terre

Du scarabée : en rond les années !

Haler comme trouver : et encore :

Qui dit présent est déjà mort.

Río caresse la blanca.

Que la feuille s’enfeuille

Comme je m’endeuille !

Je ne sais plus qui tu es, qui tu aimes,

Ni qui te désire plus que moi-même.

Les choses se refusent au roman / les lieux

Perdent leurs dits / les jours cherchent la nuit

 : et la trouvent !

Que la feuille aille à la baille comme jadis !

Dunes rasées de frais / l’estuaire des mouettes

Dans un sens et/ou dans l’autre / je savais que

Je savais / qui ne sait pas ce que l’enfant trouve

Sous son lit ?

Un son comme derrière le moucharabieh.

Le texte se peuple. Ce sont les feuilles

Qui reviennent. La mémoire alimentée

Par les différences de potentiel. Images

Extraites des musées. Savate des paresseux

Sur les vernis. La lumière est celle des fenêtres.

Qui aime ce que personne n’aime ? Croise

L’impossible, le salue, le regarde s’éloigner,

A faim soudain, comme devant la mer,

Feuilles des algues maintenant. Peur ?

Non. Pas même curieux. Ni prêt à

Recommencer. Rien sur la langue. Mort

Pour de bon. La rose et le rossignol.

Une voix : « Sors de ce théâtre ! »

Oui, oui ! J’ai sursauté. Un peu surpris par l’interruption. Je ne m’attendais pas à un pareil conseil. De la part de qui ? Hé !

Río recule par rapport aux coulisses.

La fosse lui interdit d’aller plus loin.

Il cherche l’équilibre, manivelles des bras.

Hé !

Mais personne ne répond.

Río retrouve le calme en se pinçant.

Il se pince plusieurs fois,

Comme s’il faisait nuit.

Hé !

Rien.

Pas là.

Ni jamais

Ni peut-être.

Simple ou

Double.

Allez savoir !

(allumant une cigarette)

Je ne suis pas si vieux.

Je l’ai été à votre mort.

Mais je ne le suis plus.

Pas jeune non plus.

Ni l’un ni l’autre.

Qui n’est pas

N’est pas là.

J’en ris !

J’ai eu peur.

Ou pas.

Le temps

N’est plus

Ce qu’il était.

La mémoire

Est désertée.

Feuilles brisées

Comme l’herbe

Des canicules.

On y met le feu !

Tout ceci dans un roulement de tambours.

La procession s’annonce par des pétards.

Puis apparaissent, accourant, les enfants.

Ils se chamaillent pour un bout de trottoir.

Les uns ont les poches pleines de bonbons.

Les autres exhibent leurs pelotes de cire chaude.

Des femmes arrivent en criant, secouant des bras chargés de voiles.

Nombrils nus.

Río s’enfonce dans cette nouvelle foule.

Son effort est applaudi, mais il ne réussit pas

À traverser les corps entremêlés.

Une lueur envahit l’horizon de la scène.

Ça sent la vapeur d’eau et son métal.

On rit dans les coulisses.

On y joue comme des enfants.

« Le train arrive ! » dit le chef de gare sans se presser.

« Il est à l’heure, » et le sycophante s’en étonne :

Ce n’est plus un arrêt technique ?

Je n’y comprends plus rien.

(il relit la dépêche)

L’INCIDENT A EU LIEU A HAUTEUR DU PASSAGE 124.

LE CORPS A ÉTÉ PROJETÉ SUR LE TOIT.

L’EXPRESS EST A L’HEURE.

PAS D’ARRÊT TECHNIQUE.

LE CHEF DE GARE

Vous voyez que j’ai raison.

LE SYCOPHANTE

Mais tout à l’heure… vous aviez tort…

LE CHEF DE GARE

Vous n‘aviez pas raison !

(impatient)

Profitons de la fête !

Ce n’est pas tous les jours.

Il y a du vin et des roscos !

Et pourquoi pas des femmes !

LE SYCOPHANTE

Des femmes ? Brrr…

 

 

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