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Revue en ligne

vendredi 26 avril 2024

Revue d'art et de littérature, musique
Directeur: Patrick CINTAS

 

Mise en ligne du Cahier "Haïti"

Direction : Valérie Constantin, James Noël et Fred Edson Lafortune.

Préface de Jean Métellus.
Postface de James Noël et de Rodney Saint Éloi.

Éditeur : Le chasseur abstrait. 2009.

Texte intégral

 

 

Textes & Prétextes

En avril, le nº 61.

Format 20x25 cm - 154 pages.
avec 16 illustrations couleur pleine page.

Dos carré collé.
Prix : 15 euros.
Port inclus en France métropolitaine.
Ailleurs, nous consulter.
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Le chasseur abstrait
Textes & Prétextes
12 rue du docteur Jean Sérié
09270 Mazères

 

AVEZ-VOUS ACQUIS LE Nº 55 et le Nº 58 ? ICI

 

Et il en sera ainsi chaque trimestre (janvier, avril, juillet, octobre)

Proposez vos textes avant la fin du mois précédent.

Les textes et images publiés dans T&P pourront être mis en ligne à la demande de l’auteur (bon pour Google, par exemple).
Pour la musique et autres enregistrements, un CD ou un DVD pourra être joint à la revue.

 

 

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Édito
Patrick Cintas
Proposez votre édito à la rédaction.
La poésie, Rougerie...

Si écrire de la poésie ou une quelconque autre forme de littérature n´est pas écrire ce qu´on écrit quand on ne prétend rien d´autre que d´expliquer, de déclarer, de commenter, de communiquer des nouvelles et de tant d´autres choses qui tiennent aux complications de la vie et non pas à la complexité de la pensée au sein de ses objets, forcément la manière d´écrire doit être différente et pourquoi pas complètement et définitivement différente, à tel point qu´on pourra alors évoquer, si l´on n´y comprend rien, des problèmes d´obscurité ou de corporatisme. Il y a belle lurette que les valets des grands voyageurs, aquarellistes des langues, ont constaté que les langues parlées par les sauvages valent bien les langues civilisées, qu´il n´y a pas d´évolution remarquable entre une langue trouvée au fin fond de l´humanité et une autre qui a fait les preuves de sa portée historique. Et ceci, autant pour former des lois pénales et civiles que pour chanter les dieux ou des entités qui ressemblent comme goutte d´eau à ce que nous craignons nous-mêmes. Et partout, la poésie exécute la même figure de style : elle se distingue de la langue. Elle s´en distingue par des usages et même quelquefois par des inventions qui défrisent le sens habituellement accordé aux réalités de ce monde, un peu partout les mêmes si l´on s´en tient au quotidien. Partout, la poésie touche non seulement à la manière d´utiliser la langue mais aussi et peut-être surtout à tout ce qui fait qu´une langue est une langue et non pas de la peinture ou de la musique. La manie du néologisme, qui frappe les plus curieux comme les moins aptes à provoquer des révolutions de l´expression, les déplacements d´accents toniques, les tonalités de la voix, les inversions, groupements, juxtapositions, les grammaires spécifiques de la poésie, comme dans la pratique chinoise, on ne manque pas de moyens pour signaler les zones poétiques ou plus perversement et plus exactement aujourd´hui les carottages traversant les lieux et les passants de propositions toujours aussi surprenantes que si nous venions de sortir des premiers temps de l´histoire. De la première femme qui crée le monde à la multitude de femmes qui en assurent aujourd´hui l´avenir, la poésie est une manière de se distinguer à la fois des exposés encyclopédiques et de la conversation courante. Je ne dis pas qu´on éprouve plus de plaisir à lire ou écrire de la poésie qu´aux conversations que nous pouvons tenir aux autres dans la même intention de ne pas se sentir et d´être réellement seul. La poésie est une possibilité de la langue libérée des contraintes non pas du sens mais de la nécessité de mettre noir sur blanc, dans un but de mémoire et d´histoire, la complexité technologique qui s´accroît depuis quelque temps d´une efficacité aussi étonnante qu´attendue. Et c´est sans doute le succès de cet apanage de conforts qui relègue la poésie au second rang des préoccupations de l´homme du commun qui n´a pas trouvé de raisons valables de se mettre à l´ouvrage avec la passion que seuls les fous semblent pouvoir encore éprouver. D´ailleurs, la poésie, comme tous les arts, est devenue un moyen de guérison qui vient s´ajouter à ce qui l´a toujours un peu déstabilisée : un moulin à prières.

*

L´histoire est le moyen de finir le temps.
Le hasard est le moyen de comprendre l´espace.

Patrick Cintas

News
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Artistes! À vos palettes!



La collection est une collection de livres d'artiste.


Pas de livres d'écrivain.
Pas de livres illustrés.
Pas de livres à 4 mains.
Etc.

 

À paraître bientôt.

Réservez votre exemplaire.

06 88 13 62 43

 

 En savoir plus. 

 

 

 

Anétha Vété-Congolo
Entretiens à propos de "Avoir et être"
publié chez Le chasseur abstrait.

Entretien sur 97news.fr

avec Karl SIVATTE

 

Hanétha Vété-Congolo en librairie, qu’est-ce que « Avoir et Etre : Ce que j’Ai, ce que je Suis » ?

« Avoir et Etre » est une parole. Il est une tentative de parler un souffle éclaté du dedans et qui ne s’accommode d’aucun ròl, de piès riz. C’est une fébricité agissante qui tente de s’égruger dans le mot. Il est avec l’homme, pour l’homme mais il est aussi à la recherche de l’homme. A celle de son premier cri. « Avoir et Etre » est un haut désir de faire Relation en donnant le mot qui montre l’imaginaire, la commotion intérieure, qui dit les terres noires et les symboles qui les fécondent. Il éjacule le mot matriciel parce qu’il quête la fruition. Et à ce mot, il ne peut rien arriver parce qu’il est brute. Il n’est pas réductible, mais installé dans une primitivité humaine consciente d’elle-même.

« Avoir et Etre » est aussi une espèce d’ère mondaine primitive personnelle.

Pourquoi le choix de la poésie ?

Je n’ai pas choisi le genre de cette parole donnée. Ce n’est d’ailleurs pas le genre qui a déterminé la manière de parler ou le contenu de la parole mais c’est plutôt cette dernière et sa nature qui l’ont formulé. J’ai dit. C’est tout. Je ne catégorise pas la littérature, ce qui reviendrait certainement à hiérarchiser, alors que la littérature manifeste l’homme. Elle le produit, elle le fait se produire et le met au devant de ce à quoi il ne peut échapper, soit lui-même, soit encore son humanité. Evidemment, son humanité peut être parfois son inhumanité mais la littérature expose et l’expose à cela.

Alain Mabanckou parle de vos choix de mots comme étant la traduction d’une parole-projectile. Que représentent les mots pour vous et leur association ?

Ce que je pense du mot est plutôt ce que je ressens et qui est sans doute la projectoire de la parole-projectile. Et ce que je ressens est à mi-chemin entre l’intuitif et l’empirique, l’insaisissable déroutant et le pleinement saisi. Ce qui tient mon intérêt dans le mot est son rapport à la fois congruent, perceptible et opaque avec l’homme. C’est le point de tension, le point de rencontre entre le su et le non su qui fait que l’on est dans un tourbillon extatique.


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Entretien Noir au féminin

avec Leslie Carambo.

 

Quel est votre parcours professionnel ?

Ma trajectoire professionnelle est on ne peut plus classique mais heureusement jusqu’ici sans heurt. Cela est l’aboutissement d’un cursus formatif aussi classique, sans événement particulier. J’ai effectué des études universitaires à l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique où j’ai obtenu tous mes diplômes qualifiants dont un Doctorat en littérature générale et comparée. J’ai enseigné à l’Université de la Caraïbe anglophone en Jamaïque (UWI, Mona) et quelques universités états-uniennes avant d’intégrer Bowdoin College dans le Maine.

Parlez-nous de votre recueil de poèmes. Pourquoi de la poésie et non un roman ou une nouvelle ?

Il n’y a pas eu d’intelligence raisonnée intimant un quelconque choix du genre poétique gouvernant à cette écriture. Je n’ai pas choisi d’écrire des poèmes. Ou peut-être n’ai-je pas la conscience d’avoir choisi. Je ne suis intéressée que par le mot et la fibre intime, primitive de l’Homme qu’il charrie. Si un genre me soumet à sa volonté et m’enjoint son caractère comme choix, c’est celui de l’Homme. Le rapport sui generis avec l’humain que permet la littérature ne s’embarrasse pas chez moi de questionnements mondains ou de considérations séparatives quant au genre littéraire à utiliser pour rendre un état d’homme, d’esprit ou de sentiments. J’ai seulement répondu à un impérieux, une présence captative et possessive comme pour une possession vodou, qui a déclaré et mis en acte sa loi et son autorité. Le mot a fait fulgorer l’impérieux dans le genre poétique. Il s’est fait et a fait ce qu’il devait, comme il devait. Je l’ai senti, ressenti et accueilli comme l’éclatement irrépressible d’intrinsèques insolubles que je portais dans mon dedans.

Aujourd’hui, par le moyen de ce recueil c’est le genre poétique qui s’est montré possessif de mon Avoir et de mon Etre mais j’ai déjà publié dans le genre de la nouvelle et suis en ce moment même travaillée, « montée » par un roman qui me demande de le travailler à mon tour.


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Entretien femmdoubout.org

avec Virginie Lebeau.

 

Pouvez-vous, en quelques mots, relater votre parcours depuis la Martinique jusqu’à Bowdoin College, dans le Maine où vous enseignez ?

J’ai effectué toutes mes études universitaires à l’UAG en Martinique d’où j’ai obtenu un Doctorat en littérature générale et comparée. J’ai vécu et travaillé dans des pays comme l’Angleterre, la Jamaïque et les Etats-Unis.

Pouvez-vous nous expliquer quelles furent les motivations fondamentales de votre choix d’étude ?

Mon choix a découlé d’intérêts très intimes et intellectuels à la fois. J’ai choisi la littérature comparée car elle me permettait d’embrasser en quelque sorte le monde, des géographies, des faits culturels, historiques, littéraires et des perspectives très étendus. Ensuite, j’ai choisi la concentration qui me semblait la plus naturelle et logique mais qui me pressait aussi de la désigner. Celle qui concerne le phénomène imprévisible et déroutant qui a eu lieu ici même dans notre Amérique, il y a très peu de temps, quelques cinq siècles seulement.

Ce phénomène, c’est Nous, une nouvelle différence et personnalité dans le monde au moment où il s’est manifesté. Puisque l’écrit et l’oral ont construit et donné sens à ce phénomène américain, j’ai voulu donc me spécialiser dans les oralités et littératures européennes, africaines et caribéennes. Je crois que dans les paradigmes que constituent l’oralité et l’écriture sont marquées des particularités constitutives qui mènent à la compréhension, qui dé-montrent et disent de l’intérieur une partie de ce que peut être un groupe d’hommes.

Vu que l’Amérique et pour nous singulièrement, l’Amérique insulaire, s’est érigée dans la souffrance, dans le rapport de force, dans la présomption et le préjugé raciaux, dans le refus de la différence, dans l’opposition, dans l’exclusion et la marginalisation, vu que de cela ont été consacrées des contrevérités et des attitudes mentales insanes, de part et d’autres, il m’a semblé qu’il était encore nécessaire de continuer de travailler avec la rigueur scientifique à la découverte et à la diffusion des connaissances vraies qui peuvent apaiser parce que menant à la compréhension.

Je suis motivée, entre autres, par les questions épistémologiques et ontologiques par exemple, ou par celles concernant les manières selon lesquelles les différents ensembles africains et européens ont fait Relation ; ce de quoi provient l’ensemble américain insulaire ; par les manières selon lesquelles l’ensemble américain insulaire se distingue des deux autres et parvient à une autonomie signifiante ou par les modes d’expressions de cette autonomie. Les réponses selon moi peuvent nous permettre de nous mieux connaître et comprendre, de nous abonnir, de nous maintenir dans l’équilibre, de grandir et de nous amplifier et ainsi, elles peuvent nous permettre de nous développer individuellement et collectivement et de nous engager dans la Relation mûre, sûre, équilibrée et fructueuse avec l’Autre.


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Prix

du Chasseur abstrait 2010

Prix-Roman

 

Prix Chasseur de roman

Ahcène Aït Saïdi

pour son récit LES ANGES MEURENT JEUNES

La sincérité et l’intensité - sincérité des sentiments - intensité de l’écriture - concourent à la noblesse de ce récit véridique.

Agé à peine de dix-huit ans et demi, Hocine Aït Saïdi fait partie de l’équipe nationale algérienne de boxe. Sélectionné pour effectuer un stage de préparation en Italie, il est hospitalisé suite à une chute lors d’une séance d’entraînement. L’auteur est son frère. Il assiste au dernier combat de « Houhou », puis ramène le corps au pays. La mémoire envahit alors le récit : « Mais non, Houhou n’est pas mort, il vit et continuera de vivre au plus profond de mon être tant que je serai de ce monde. »

oOo

 

Prix Chasseur de nouvelles

Christiane Prioult

pour sa nouvelle VEILLE SUR LAURA

C’est solidement écrit et composé pour retenir le souffle. 

« Il revenait d’une simple mission de contact qui l’avait entraîné jusqu’à Marseille, et ne portait pas l’uniforme. Sur le chemin du retour, le disque empourpré du soleil, précurseur de la nuit, l’avait incité à une fuite en avant, loin, toujours plus loin, lui faisant oublier la nécessité du repos. La route semblait interminable, s’étirant presque à son insu, dans un combat sans merci avec sa volonté d’arriver. La fatigue qui envahit peu à peu le conducteur, s’il n’y prend garde, et fait de lui la proie de Morphée, le dominait maintenant ; elle était présente, paralysant tout son être. Il soupira inconsciemment. Ses quarante-trois ans commençaient à peser lourdement sur ses épaules. » Un thriller s’ensuit, rondement mené.

oOo

 

Prix Chasseur de poésie

Carlos Barbarito

pour son long poème FUEGO BAJO UN CIELO QUE HUYE

Le souffle ne manque pas à Carlos Barbarito. Ni le sens du rythme.

¿Dónde comienza el mundo ? En
el suave despertar al alba.
En cualquier nombre oído detrás de la ventana.
En los ruidos de los que arman puestos
y ofrecen pescados, frutas, licores.
¿Dónde concluye ? En
el brusco despertar a medianoche.
En el instante en que el último nombre
deja de tener algún significado, cierta resonancia.
En el silencio, feria sumergida.

oOo

 

Prix Chasseur d’essai

Pradip Choudhuri

pour son essai L’EXISTENCE PHÉNOMÉNALE DE JACK KEROUAC - SON INFLUENCE SUR LA CONSCIENCE MODERNE

Voilà un plein d’idées pour l’avenir - par le créateur de la revue PPHoo.

 

« S’il n’y avait rien eu de plus que leurs écrits et si l’Amérique n’avait pas été le pays de la liberté et, de la démocratie, les précurseurs de la Beat Generation, Ginsberg et Burroughs, et leur camarade de tout temps Lawrence d’Arabie, auraient été soit tués, soit achetés, soit bâillonnés, soit exterminés… Les premiers écrivains de la Beat Generation le savaient et ils connaissaient aussi le mécontentement populaire et la frustration qui régnaient dans une large couche de la société et, en particulier, dans les communautés de jeunes. Alors, par leur expérience et l’étonnant pouvoir de leur imagination, ils descendirent dans le monde de la réalité et firent le vœu que tous leurs mots deviendraient réalité. Ils firent le vœu qu’ils ne prendraient comme sujet rien d’autre que leur propre vie et finalement, pour citer de nouveau Kaviraj George Dowden, ils feraient de leur vie un poème, un poème à vie. Ils ont tenu parole et c’est comme cela que toute la génération s’est impliquée dans la liberté et la libre « Beat Generation ».

C’est à ce moment-là que Jack Kerouac, qui avait déjà à son actif plusieurs livres très personnels et, sous certains angles, très significatifs, est apparu dans les kiosques à journaux avec Sur la route, arrière-plan d’une Amérique inconnue, et avec sa connaissance de Céline, de Lautréamont, de l’art poétique de Rimbaud et des surréalistes. »

Chroniques
Évitons le dithyrambe propre aux Bosse-de-Page
et chroniquons ce qui mérite de l'être.
Proposez vos chroniques à la rédaction.
Livres.
Expositions.
Concerts.

Quelques chroniques dans les jours qui viennent à propos de Jean Orizet, Bernard Mazo, Gaston Massat, etc.


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L'éditeur
Seul lien LITTÉRAIRE entre l'auteur et le libraire.
Les nouveautés du Chasseur abstrait et autres considérations.

 

Catalogue du Chasseur abstrait Notre librairie Amazon

 

Nouveautés

 

 

 

Parutions du mois de mars:

 

Je vis. Je meurs. Je meurs ! Je vis ! Que de vies ! Que de morts ! Des petites, des grandes, des lentes, des sûres… Je vis. Je meurs. Que d’envies, que d’humeurs ! Des vies, des morts rêvées… Pour trinquer, nous trinquons. Je lève le coude et le poing. Toujours les mêmes barriques, les mêmes barricades. A la Vie ! A la tienne ! A la mienne ! Quand la coupe est pleine, les débordements… La fameuse goutte ? Le vase de Soissons… Un soldat, un roi… Un vase d’argent cabossé, une caboche fendue… Une bonne soupe de clovisses ! Ta récitation ? Par cœur, m’man ! Mort, j’appelle de ta rigueur, Qui m’as ma maîtresse ravie, Et n’es pas encore assouvie Si tu ne me tiens en langueur : Onc puis n’eus force ni vigueur ; Mais que te nuisoit-elle en vie, Mort ? Deux étions et n’avions qu’un coeur ; S’il est mort, force est que dévie, Voire, ou que je vive sans vie Comme les images, par coeur, Mort ! François Villon. Dors, maintenant.

La vie sans la mort ? Je n’ose pas y songer. Ni fin ni cesse aux frais de la princesse… Je suis né avec les fers, dans les fers… On le tient par la crépine ! Je vins, je vis, je vaincs ! Je claque la porte du temple d’une vénus en cloque sans mes cliques, sans mes claques… Je décanille crâne et pieds nus. A la Mort ! A la mienne ! A la tienne ! Je suis mort avec les fers, dans les fers… On le tient par la barbichette ! Je laisse au moins offrant mon bonnet phrygien, mes grolles à bascule –attaches de corde, semelle d’olivier-, mon guenillon rapiécé par les cousettes d’un opéra buffa, ma musette en accordéon, mes lames et mon tire-bouchon branlants dans le manche, ma plume d’oie Waterman, mon masque à domino, mes bésicles d’écaille, mes carnets de vadrouille, mon bâton de pastour, mon fidèle baladeur, ma bibliothèque d’Alexandrie, quelques pastels de Rosalba, mon dictaphone, le dictamen de ma conscience… Au royaume des taupes, je n’emporte qu’un drap mûr. A la Vie et à la Mort ! Des nôtres ! Des vôtres ! Des leurs ! Tchin-tchin ! Santé ! Santé ! Jusqu’à quand, nom d’une pipe d’écume ? Mystère et boule de gomme, je te chamboule. Ni vu ni reconnu, je t’emberlificote dans des miséricordes à noeuds !

Extrait

Page Robert Vitton

 

Quant à « La tournée du barman », c’est en quelque sorte le come back de ce personnage qui apparaît deux fois dans « congrès  » où il raconte à ses clients, un passage de sa vie et cite Ovide en remplissant les verres.

Relisant ces deux poèmes, j’ai pensé que ce curieux bonhomme, avec son récit d’exil amoureux, méritait de réapparaître dans un livre. Il m’attirait, avec son mélange de culture et de vulgarité, son humanisme un tantinet romantique, sa prédilection pour la parole et son penchant pour la poésie, fût-elle de bistro. Il me semblait qu’avec lui, je pouvais en quelque sorte donner une suite plus romanesque à ma pérégrination dans « Voieries et autres ciels », pour en faire l’anabase du poète-barman à travers un Paris enneigé une veille de Noël.

Après sa journée au bar de la « sirène verte », où sa patronne et lui passent de bons moments dans les toilettes, il se rend à pieds jusqu’à la chambre de bonne de sa bien-aimée Nathalie qu’il idéalise au point que la rencontre se solde par un fiasco sexuel, hanté qu’il est par ses débordements avec la patronne, forte matrone experte en érotisme. Après la nuit passée avec la jeune secrétaire encore endormie, il retourne à la « sirène verte » en faisant à pieds le chemin inverse. Ce sont ces deux traversées à travers la ville qui sont la matière du poème-roman qu’est « la tournée du barman ». Le personnage au cours de ses deux parcours, enregistre ce qu’il voit et entend, les vitrines qu’on prépare pour Noël, les gens faisant leurs achats et les multiples activités plus ou moins fébriles de la vie urbaine avant les débordements festifs de la nuit de la Nativité, que le barman se promet de passer dans le lit de sa Natou chérie. On traverse tout ce remuement de foule, on croise des spécimens humains, on entend des bribes de conversations, des commentaires amorcés, cependant que le vent et la neige forment le fond sonore où volent les paroles. Tout cela est ponctué par le soliloque du barman, commentant ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il se promet de faire, ce qu’il se rappelle, au rythme de sa marche haletante dans le premier parcours, plus flanante dans le second. Au cours de son retour au petit matin, ses soliloques deviennent plus nombreux, plus serrés, le langage s’affole, les fantasmes pornographiques en forment le plus souvent le sujet. Il semble que sa virilité ressuscite au point que le discours devient de plus en plus masturbatoire. Son métier même lui inspire les cocktails les plus exotiques, l’image du shaker qu’on secoue et qu’il prononce (écrit à la française) tchéqueur, lui devient comme un graal. De plus un mystère plane sur une pièce de vêtement des plus intimes trouvé dans sa poche. Le barman tombe en pleine interrogation métaphysique.

Voila j’ai résumé la trame romanesque de ce qui est surtout un poème. Plusieurs petits récits viennent s’amorcer puis disparaissent en laissant toutefois quelques échos par ci par là dans le texte. Bien sûr la culture est présente, au même titre que les bigmac, le papier toilette, les affiches de cinéma, les titres des livres dans les librairies, les crottes de chiens dans les caniveaux, et la philosophie au ras des pâquerettes des chanteurs de variété portraiturés sur les colonnes Morrice avec l’air inspiré d’un prix Nobel de poésie. J’ai tenté de montrer ma vision de la ville non à travers un personnage, mais à travers un texte-personnage. Le barman n’est pas moi c’est le texte, lequel s’ouvre sur un passage du paradis de Dante et finit par une citation de la « ballade de la grosse Margot » de François Villon : « en ce bordeau ou tenons nostre estat » : D’un paradis l’autre.

Et entre les deux, l’enfer avec son train, qui suit l’étoile morte parmi les guirlandes, les murs de sapins et tous les mécanismes qui meuvent la foule affairée aux achats dans un monde perdu par la consommation, la technique avancée, le vide sidérant du plein écran HD, et bien évidemment la sainte moraline à ne pas prendre à jeun. Mon barman ne caresse pas dans sa poche un objet froid de communication au forfait, mais une étoffe d’un rose angélique qui ne sent ni l’or ni l’encens mais la chair désirante d’un être désiré, donc pleinement sauvé.

Les élans pétrifiés des ponts sur la ville
et la chemise du fleuve arrachée par le ciel
te couvre les épaules – « Anche soggiunse :
« il fiume e li topazi/
ch´entrano ed escono e´l rider de l´erbe
son di lor vero umbriferi prefazi » –,
dit la mauvaise vue des arches à branchies.
Et tandis qu´on attend le coucher du soleil
en compagnie du lynx et du tigre de Blake,
un Tirésias barbu se prépare à pisser,
ajoutant à l´odeur des éperons célestes
du fantôme équestre, et porte l´horoscope
où le temps hivernal épluche ses mamelles.
Les doigts branchus s´inclinent sur la berge humide,

et s´enlisent avec les ongles de la terre
lourdement plantée – Dans le café se chauffent
des mondes fédéraux, des frangines girondes
et certains ouvrages de damnations fines :
communiquer et s´arrêter voilà la loi ;
Mais la beauté se nippe d´italiques le
barman est dans le ciel de son torchon laïque
manuterge piqué d´étoiles écrasées
par l´énorme otarie de son rêve intraitable
au bord du Finisterre buté des pourboires.
— « Ell´me dit d´la traiter comm´un´chienne en chaleur
et de boire la moule ouverte de sa chatte
ah c´que j´me suis poilé : le fruit d´mer de sa chatt´
le miaou d´son mollusque ! J´en ai dégusté

Extrait

Les peintures qui parcourent le livre sont de Francine Sidou.

 

Page de Gilbert Bourson

 

Parutions du mois de février:

 

Chant de la lime sur les barreaux
Poésie - Tristan LEROUX

PVP : 16,00 Euros
96 pages - 150X210
Lire un extrait

« Pourquoi des vers ? » Pourquoi des mots. Affutés comme des armes, précis comme des engrenages, surprenants comme des révélations. Parce que, inexplicablement, l’homme est le roi de son destin, de ses hantises et même de ses fugitifs bonheurs, pourvu que les mots en les transfigurant les rendent supportables, en les faisant passer vers cet autre mode de sentir et de plonger dans l’être que, faute de mieux, l’on nomme poésie. Ce que disait Edmond Rostand à propos du soleil, on peut le dire à propos de la poésie, « sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont ». Les mots, ces fleurs de l’esprit, peuvent pousser même de la boue du quotidien et en faire une musique. Et parce que, en nos temps d’incertitude, la rigueur est plus que jamais l’étincelle qui peut faire jaillir de l’indicible l’illumination poétique, certains ressentent le besoin des contraintes de forme qui obligent à plonger toujours plus profond dans le sens. Tel ce naufragé qui lime, qui rime son évasion, qui « passe en passager, comme la brise sur les blés », à travers le monde ambigu et son destin d’homme, semant ses mots comme des fleurs, pour faire de ses souvenirs et de ses instants de grâce ou d’horreur ces moments purs où s’arrête le temps, le temps d’un poème et de son intemporelle irradiation à travers les racines de l’être. Comme le dit de lui Laurent Terzieff, « chaque poème est un vertige maîtrisé par le pouvoir des mots. Monsieur Leroux est un vrai poète à la recherche de quelque chose d’innomé, de quelque chose d’incommunicable, mais que l’on arrive à communiquer quelques fois par le filtre de la poésie, et qui n’est pas réductible à la rationalité. » Entrons dans ce « pays d’oubli » où le mot dévoile et délivre.
Pascale Bourgain - Professeur à l École des Chartes - Spécialiste en poésie médiévale
Tristan-LEROUX

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Mardi soir.

Seule. Encore un soir dans une chambre d’hôtel à penser à toi. Toi qui m’a accompagné toute la journée alors que notre guide nous faisait visiter la ville pour les repérages de demain. Toi que j’imaginais me sourire au détour d’une rue. Toi que je reconnaissais parfois dans la foule. Je suis si heureuse de faire ce reportage, d’incruster sur pellicule ces traces de toi que je suis seule à deviner. Toi que je voudrais encore sentir blotti contre moi. Abandonné, tout à moi. Ce soir, c’est moi qui me sens abandonnée, seule, désespérément seule. Avec cette absence au creux de mon ventre qui me poignarde et m’empêche de trouver le repos. Je ne peux pas dormir. Je vais prendre un cachet. Ou plutôt deux car un seul ne me fait plus d’effet. Je vais fermer les yeux et penser à nous. Si fort que tu vas me rejoindre, t’étendre à mes côtés, rapprocher tes lèvres de mon oreille, tendrement de ton index dégager les cheveux qui la couvrent et me murmurer nos moments heureux.

DIDIER DAGUE
Rêves de femmes

Extrait

 

Il y a aussi, dans le quartier de Lecoutrac où se trouve l’épicerie, deux mamies qui y habitent. Ce sont réellement des personnages. A tel point que je leur ai dit : " Vous mériteriez d’avoir chacune votre statue. " Elles m’ont répondu, malicieuses : " Oui, pour servir d’exemple aux générations futures ! "

J’ai tout de suite pensé à une statue dans le style de celle d’Asnières. Tu te rappelles ? Tu tenais absolument à ce qu’on allât vois là-bas une pièce de théâtre ; c’était une création à partir des lettres de Tchékov (et tu as bien eu raison d’insister pour qu’on la vît, j’en garde un très bon souvenir). En sortant de la salle on avait vu une sculpture étonnante, très juste dans ce qu’elle voulait représenter. Il s’agissait de de-Gaulle et de Malraux ; ce dernier expliquant quelque chose au Général. Malgré nous, on avait tendu l’oreille pour essayer de comprendre… La statue des mamies serait dans ce réalisme-là. Il faudrait l’ériger à côté du magasin, après la petite rue qui descend, en face du cinéma. C’est là qu’il y a le "Café Central" dont je t’ai déjà parlé (M. Houmidoubar). Il y a une terrasse très étalée, et très fréquentée aux beaux jours. Nos mamies y sont constamment dès que le soleil paraît. Elles n’y vont pas pour boire, non, plûtot pour discuter, mater, faire les commères : parler d’untel en bien (ce qui est rare), le plus souvent dire du mal de l’autre, pester contre la jeunesse, dénigrer la modernité, mépriser tout ce qui bouge trop vite, trop fort, trop haut, et trop souvent. L’une de ces mamies est surnommée Mamie-Néné. Rien à voir avec des lolos en bonne et due forme : c’est un raccourci familer de son nom de famille. Bref, c’est elle que je préfère. Elle est assez marrante. Elle se promène toujours avec ses chiens. Deux petits chiens. Caniches or something like that. Ils font pour ainsi dire partie du personnage. C’est une extention de personnalité. Les enfants jouent avec. Parfois ils grognent, mais ils ne sont pas méchants. C’est juste pour s’amuser à faire peur. Alors Mamie-Néné les rabroue en gascon : " N’es pas braï, milo dious ! Qué soun pecs aquelos cans, ou qué ? "

 

ABEL BOURGUET
Rien du tout gascon

Extrait

 

Le concours Le fleuret poétique de Midi-Pyrénées est géré par l´association Chant Poésie Étoile de l´aube. Son but est de rendre hommage à l´art. La poésie sous toutes ses formes : contée, chantée, lue. Elle a été fondée par madame Marie Soumeillan en avril 1998 et a apporté, par l´intermédiaire de la poétesse, son soutien à la manifestation annuelle Salon de la poésie, d´abord dans le cadre du « Printemps des poètes » à Villematier. Association Chant Poésie Étoile de l´Aube - 241, route de Raygades - 31340 Villematier.

L’anthologie 2009, éditée par Le chasseur abstrait, est disponible chez l’éditeur. Joindre un chèque de 38 euros (port compris) à la commande.

Le fleuret poétique
de Midi-Pyrénées 2009

Extrait

 

 

Parutions du mois de janvier:

 

Né à Pavillons sous Bois (Seine-saint-Denis), Pascal Leray développe un « programme » poétique autour d’un mot, le signifiant « série ». Au sérialisme de Darmstadt, il tente de répondre par des « structures sérielles dérivées » et par une « histoire sérielle du signifiant série ».

Tant que l’oeuvre de Pascal Leray demeurait inédite à cause d’un monde éditorial voué au commerce et à ses usages, on ne pouvait guère en mesurer l’ampleur qu’en se rendant sur l’Internet pour explorer les "forums" où cet excellent écrivain allait jusqu’à manger de l’homme. Puis il se mit à développer dans la RAL,M une activité créatrice originale et d’une exceptionnelle maîtrise. Depuis peu, Le chasseur abstrait a entrepris de publier ces livres tous hors du commun et surtout capables d’explorer le langage sous toutes ses formes : roman, poésie, théâtre, musique, chant, peinture, critique, etc. Un pareil effort sur le Monde est autre chose qu’une simple palette. C’est une oeuvre. Et comme cet homme sait jouer de son visage et de son rire, ces textes proposent une sérieuse physionomie de la littérature avec des échappées d’un humour parfaitement ravigotant.

 

PASCAL LERAY

 

Extrait

Le sens des réalités est un bien précieux qu’il faut savoir garder en toute occasion. Je connais des gens de di ?érents milieux qui l’ont perdu récemment. Et pas des gens fragiles ! Des gens respectables, en pleine possession de leurs moyens. Sans doute ces gens pensaient-ils exercer un contrôle infaillible sur chaque parcelle de leurs esprits. Ce temps est fini – pour eux en tout cas. Ils ne savent plus même l’heure qu’il est, le temps qu’il fait : l’esprit constamment orageux, la pensée ne fait que bégayer. Ils ne parviennent plus à articuler les termes d’une réalité constante, persistante, durable et cohérente, leur rêve d’autrefois. Parfois, je me dis que tout pourrait peut-être s’arranger avec le temps mais l’exode de la raison se poursuit. La perte de la raison est un voyage qui se prolonge indéfiniment et qui amène sa clientèle abusée en divers points qui se ressemblent tous sans se rejoindre de façon convenable. Personne ne les rejoindra, ce qui me rend triste.

oOo

Extrait

L’interrogatoire est minutieux, méticuleux. Il draine une énergie invraisemblable. À des moments, le meurtrier ne s’entend plus répon-dre. Il prononce des mots réflexes aux questions des policiers qui ne comprennent pas grand-chose à ses réponses. Il ne sait pas combien de jours il a déjà passé dans cet hôtel mais, dit-il, il y a eu « plusieurs nuits par jour » et il essaie peut-être d’expliquer ces nuits multiples à son auditoire mais les deux hommes de loi ne comprennent rien à rien et agitent les bras régulièrement, quand ils entendent des paroles aber-rantes et suspectes. Le meurtrier s’égare dans le détail des nuits liquides, sinon des pluies de nuit, de ces autres qu’on dit pulvérines, qui peuvent causer des asphyxies momentanées et des décharges d’hallucinations, sans même parler des nuits acides, corrosives pour la peau. « Est-ce là la raison de cette altération constante mais irrégulière de votre visage ? »

oOo

Extrait

C’est dans des pyramides urbaines et dans des cinémas an-tiques qu’on a éprouvé les premiers syndromes de mort. Je hurlais au-dehors de toute lumière à cette heure et j’avais presque perdu le sens des réalités. Je me disais : « Dévaste, dévaste – et tout ira mieux ». Le huitième cercle de l’enfer m’ouvrait les bras. […] Ce n’était que le prélude à d’autres catastrophes : j’avais un cou curieux qui me rendait furieux et fou, j’étais partagé entre le cholère et la colère, je devais encore prendre un train pour Iglotoir ! Train qui est devenu mon o ?ertoire. J’entrais dans le treizième hiver du tableau qui m’avait frappé, bouleversé, Avec l’arc noir. Ses images n’en finissaient pas de muter, esquissaient des bestiaires et des pastorales obscènes. Un calibrage complet de ma machine mentale me semblait nécessaire. Je prenais des notes mais elles n’avanceraient en rien. Un carnet aphasique, au final, résulterait de ces essais institués à la lumière de l’abat-jour. Une tonne de nuit s’est abattue sur moi.

 

Chronique de Charles Hectorne

Page Pascal Leray

Et téléchargez gratuitement UNE SÉRIOGRAPHIE.

 

Comme les kangourous, mère possède une poche. Tu y logerais
le bocal à poissons et donnerais un coup de pied pour la crever.
L’eau sortirait avec le sang.
Elle te serre sur son ventre, le petit ange te voit.
Tu sais que l’ange a vu.

À cause du soleil, on a tiré les volets. Sur la table, une poule rôtie.
Couronne de riz. Tu vois les deux places vides.
Grand-mère t’apporte une boîte de cubes. Un garçon en habit
bleu joue au cerceau. De l’autre côté, une fille en robe rouge
saute à la corde. Et les arbres ont la même couleur.
Le vin a une couleur sombre. Tu en remplis ton verre.

Pâle lumière, parle une voix. On cherche à te vendre.
La terre imite une toupie. Au fond d’un puits, tu tombes.

 

MARIE SAGAIE-DOUVE
À distance.

Extrait

Espace de Marie Sagaie-Douve

 

une autre nuit
 
étendu maladroitement sur mon lit
en lisant à haute voix Bukowski Adonis ou Khayyam
de ma fenêtre la poussière tisseuse assidue habillait( les feuilles blanches éparpillées les mots mornes
les émotions fiévreuses devant l’effigie décadente du cimetière
les boîtes de bière qui servent
j’imagine encore le cœur innocent
de cendrier pour les moribonds
les cigarettes fumées seulement à moitié
qui brûlent encore pendantes aux lèvres des pendus
sous le regard attendri des araignées)
de poésie
étendu sur mon lit le tumulte des idées noires
qui chaque soir
avec une tendresse piégée
me tient malicieusement en vie
narguant le dédain des femmes
en lançant à leurs cœurs des mots de feu
 
à ma façon j’aime secrètement à la folie

et je déteste verbalement toujours à ma façon
solitaire
lire à haute voix Bukowski Darwish ou Khayyam

 

SAID ESSANI - NOUVEAUTÉ
Les émotions impures.

Extrait

 

 

Parutions du mois de décembre:

 

Brelan de clefs à l’aplomb de l’occiput -, retenu en l’air par une ficelle élimée, un trousseau discord tintinnabule à l’envi. La clef solitaire, très exactement placée au long de ce crâne brutal, en lui ?même engoncé, est-elle la bonne ?

Un pan de rideau aux replis calculés voile et dévoile une colonne à demi obscurcie. Le livre des rôles est ouvert, la réplique placardée. Mais qui a jeté une faucille rouillée en travers des feuillets ?

Le vin, le vin, l’esprit a pétillé en ce cône de cristal. Choisir la savante et double rosette enserrant un clou tors ou le fondant de la rose-pompon ? Le verre est vide. Informe, insonore, sans couleur, il ne nous reste qu’un petit caillou, - scrupule.

Bientôt chez Amazon.fr

Visitez la page de Serge Meitinger :

Page Serge Meitinger

 

L’abandon et la désolation font à présent tomber sur ce village fantôme une sorte de malédiction qui contamine gravement toute l’atmosphère jusqu’à la lumière diurne. Quatorze heures à peine et on dirait que le voile nocturne tombe pesamment sur nos interrogations.De mystérieux reproches nous sont adressés par les murs décrépis de toutes ces maisons tombées en déshérence ; par les quelques bouses de vache qui se détachent de l’asphalte comme des galettes trop cuites. Le désœuvrement aidant, je me mets à caresser les rails polis par les infatigables frottements que leur font subir les roues métalliques du locataire des lieux. Contact épidermique qui fait dissoudre mes chairs dans cette innommable matière composite. Nous sommes convaincus maintenant que tout en ce territoire mythique semble nous tendre ce piège du voyageur à la croisée des chemins, celui-là qui hésite sur la direction à prendre et qui sait pertinemment qu’il ne pourrait jamais toutes les emprunter. Et quand bien même les emprunterait-il toutes, il en demeurerait toujours une qu’il lui faudrait inventer. Moi aussi, devrais-je me courber et adresser une prière aux âmes réfractaires ? Celles qui se sont désolidarisées de la chaîne humaine ? Jadis j’écoutai volontiers ma terre ancienne quand un matin elle se fut ouverte en un déchirage aussi harmonieusement exécuté que la frondaison de la main.On me fit ouvrir certaine fois cette même main pour m’y faire lire les lignes de vie.On me dit qu’elles furent inégales,frondeuses et noueuses quand elles ne prirent pas tout bonnement l’aspect de mon champ en ses nombreuses anfractuosités.Ma main fut mon champ de bataille, ma guerre première. Elle fut pleine de fourrage,de verdure ; elle se prélassa dans mes ruisseaux à l’eau fratricide. Je plaquai mon oreille et entendit un geignement, pareil à celui-là. Ma terre se fractura et se mua en autant de frontières,de rivages inabordables.Je criai mon amour qui se fit perdre, puis répéter à l’infini. Mon amour me revenait amplifié ; il partait et revenait tel un boomerang qu’on n’attendait pas de recevoir en pleine figure. Je riais à me torde. Je riais de cet amour infidèle et empli de concussion.Revenu à la source,je ne m’appartins que lorsque je fus animal, et que j’hurlais au loup au milieu de mes chèvres philosophes.

Bientôt chez Amazon.fr
Extrait

Visitez la page de Nacer Khelouz :

Espace d’auteur : Side effects

 

La condition des cendres
Poésie - Philippe-Jonathan CÔTÉ

PVP : 14,00 Euros
76 pages - 150X210
Lire un extrait

La vérité cherche à s’expulser
des entailles aux dimensions de grottes
le jour de mon corps est trop immense
Par mes lambeaux de foi
déchirés au stade du paraître
mille bouches produiront
le sifflement apaisé de mes erreurs

Survivre à moi-même
éblouissant comme une maquette
de tueries intimes et miniatures
Philippe-Jonathan-COTE

Livre papier broché :
Acheter chez Amazon.fr (livre) -5% + port gratuit.
 Vente aux professionnels diffusion Le chasseur abstrait.

 

 

Parutions du mois de novembre:

 

La poésie d´Hanétha réveille en nous cette ardeur que nous avons perdue. Elle nous dit le monde dans une langue recomposée, modelée, bigarrée, réinventée, contestée, chamaillée et, somme toute, proche de ce qui nous manque aujourd´hui : la Parole tentaculaire. Un livre qui nous parlera longtemps. Parce qu´il s´agit d´une parole-projectile, celle d´Hanétha Vété-Congolo. - Alain Mabanckou.

Mot et Parole, voilà les termes clés qui président au geste générateur par lequel Hanétha obéit à l´impératif d´établir le lien qui l´installe dans le monde, qui lui permet de le saisir, de l´appréhender, de le nommer. Pour elle, le mot n´est pas seulement une suite de sons ayant un sens, mais il revêt une dimension fondamentalement « matricielle » où nous nous aventurons à découvrir une sorte d´identi ?cation bien féminine reliée à la capacité potentielle de toute femme à engendrer. - Laura López Morales.

Image de couverture : Pearls de Elise Ansel

Tantôt simple et familière, tantôt érudite et remplie d´allusions classiques, de ré-férences historiques, de proverbes, de chansons populaires traditionnelles, la poésie de Vété-Congolo, nourrie d´une vision intérieure, glisse sans heurts d´un registre à l´autre, et même d´une langue à l´autre. Lexique et images suivent le même modèle, passant de la nature au quotidien, du monde de tous les jours à la mythologie classique. Avec une aisance saisissante elle entremêle les langues, tissant ou plutôt, dirions-nous, « métissant » français, créole, anglais et espagnol. - Elizabeth (Betty) Wilson.

Extrait - Avoir et Etre

 

[ … ] Un cri à égorger l’aube retentit dans la nuit glacée. Max se tint coi, l’œil rivé sur le silence dé-sordonné qui s’en était suivi. La nuit frémissait, toute respiration dehors, peuplée d’êtres invisibles qui furetaient dans les décombres.
Il venait d’écrire de fort belles pages. Il était content, fatigué, exalté, et tremblant comme la lumière vacillante de sa lampe de fortune, une lampe à pétrole ra ?stolée à la hâte, quand il s’était agi d’avoir de la lumière pour écrire depuis les restrictions intervenues quelques jours après les premiers bombardements. La terre tremblait régulièrement la nuit, il entendait le siffement des bombes, l’impact sourd, lointain, mais puissant au point de faire trembler la maison, ce modeste pavillon entouré d’un jardinet hérité de ses parents. Il y avait trouvé refuge dès les premiers jours du conflit. On ne l’avait pas mobilisé. Une tuberculose insidieuse le tenait à distance. On n’avait pas voulu de lui.
[ … ]

La question du vivre ensemble, la question de la communauté, la question éthique ont une importance cruciale pour moi. Ces questions sont toutes portées par la question de l’écriture : que veut dire produire du sens et comment le rendre sensible ? Entre mathème et poème, il y a place, je crois, et c’est toute l’ambition de mes essais, pour une pensée rig-oureuse et aventureuse à la fois qui ne se referme jamais sur des réponses définitives. L’amour de la vérité et la vérité de l’amour, portés par la liberté : voilà qui pourrait être le centre de mon questionnement.

Extrait - A Voix Presque Nue

 

Poète aux îles multiples - Avec Les îles en accents aigus, Anderson Dovilas nous propose par la magie de ses images, la musicalité de ses vers, une complicité avec le perpétuel dédoublement des îles qui l´habitent et qu´il habite à son tour comme par réciprocité.

Le caractère insulaire de ce recueil n´échappera pas au lecteur, poésie où chacun est une île et chaque île une autre, poésie où les îles crèvent d´amour sans accent, sans acte de sang qui circonflexe le quotidien du poète, à aiguiser à bras ouverts des phrases en liquéfaction. - Fred Edson Lafortune, auteur de « En nulle autre » - Le chasseur abstrait éditeur

Extrait - Les îles en accent aigu

 

 

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Qui publions-nous ? Des écrivains, pourvu que, dans le « créneau » où ils ont choisi de s’exprimer, ils excellent : de la chanson à la poésie la plus difficile d’accès, du roman traditionnel aux compositions complexes de la modernité, de la réflexion pragmatique aux pensées les plus aventureuses - nous n’avons de limites que le talent et l’honnêteté intellectuelle.

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3º) La plupart des manuscrits que nous recevons sont médiocres et ne méritent évidemment pas d’être publiés chez un éditeur. Nous vous adressons alors une lettre de refus type, car nous n’avons pas le temps d’entrer dans des détails que vous pourrez mieux régler chez un prestaire tels que Publibook, Manuscrit.com, L’Harmattan, Lulu.com, etc., chez qui vous pourrez librement pratiquer l’autoédition (vous serez alors à la fois auteur et éditeur).

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La RAL,M commença le 1er avril 2004 par être une simple revue en ligne chargée, comme mille autres, de publier les refusés. Chemin faisant, elle est devenue le Portail du Chasseur abstrait. Entre temps, cette maison d'édition s'est donné pour tâche de diffuser les auteurs qui le souhaitent.

On a vite distingué ceux qui déclarent tenter l'aventure totale - publier une oeuvre - et ceux qui ne souhaitent pas aller plus loin qu'une publication ponctuelle. Les premiers, nous avons mis à leur disposition un outil complet : publication des livres "en papier"; collaboration active au site (articles, espaces d'auteurs, numéros spéciaux, blogs personnels). Aux seconds, nous leur avons demandé d'acheter quelques livres pour pallier le manque d'engagement et de participer presque librement au Portail du Chasseur abstrait.

Autrement dit, deux types de contrats: l'auteur cède ses droits et s'engage moralement à publier une oeuvre complète - rien ne lui est demandé, sauf de participer le plus activement possible au Portail;

l'auteur ne cède ses droits que pour un an et il s'engage à acheter quelques exemplaires de son livre, ce qui ne le prive en aucune manière des outils mis à sa disposition par le Portail.
Voilà comment nous travaillons. On ne peut pas être plus clair. Et avec beaucoup de travail, on sera de plus en plus efficace.

Voir [Manuscrits] pour de plus amples explications.
Voir l'[accueil] pour accéder aux numéros spéciaux. Il s'agit de numéros dont le sommaire évolue en fonction des ajouts et des changements qui l'affectent. Ainsi, le numéro spécial consacré à un auteur ou à un ouvrage est le meilleur moyen d'accéder au travail de cet auteur ou à l'évolution d'un ouvrage.

En plus de la possibilité de mettre en ligne des textes dans le site (Textes & Prétextes) et de celle de publier des livres dans les collections du Chasseur abstrait, l'auteur dispose de trois outils: - les [espaces d'auteur] - où il organise un sujet et s'exprime en toute liberté de forme, de fond et de composition;

- les [numéros spéciaux] - qui permettent au lecteur d'appréhender le travail de l'auteur dans sa totalité, y compris ses publications;

- les [sites officiels] - blog ou site plus complexe - où l'auteur présente ou fait présenter son oeuvre.
Publier chez Le chasseur abstrait, c'est disposer d'outils de communication et de publication sérieux, sans compter les salons auxquels nous participons, notamment le Salon du livre de Paris grâce à la bienveillance du Centre Régional des Lettres de Midi-Pyrénées.
Quelles nouveautés Nouveautés ce mois-ci ?

— Une ambaulie pulmonaire !
— Avec la faute d'orthographe ?
— Avec !
— Le prochain épisode en avril ?
— Si ya pas d'complications...

On peut lire tout ça gratuitement si on veut:

Site personnel de Patrick Cintas
bientôt rénové...
Il faut... parce que ça travaille... là!

Site de Gor ur lui-même, pas avare...
généreux même...
pénard.

 

 

 

 

Valérie Constantin, Marta Cywinska, Andy Vérol, Nacer Khelouz, Pascal Leray, Paul de Maricourt, Serge Meitinger, Marie Sagaie-Douve, Patrick Cintas, Benoît Pivert, Oscar Portela, Robert Vitton.

Ces auteurs ont bien voulu animer des espaces plus proches de leurs préoccupations que le sommaire de la RAL,M toujours un peu généraliste. Ces espaces constituent du même coup le coeur de la revue et leurs projets respectifs nous rapprochent nettement d’une revue qui serait pleinement assumée.

Voir [Espaces d'auteurs]

 

Nouveautés

 

 

 

De rêve en rêve…
Jean-Michel Guyot

En pleine action, la part de rêve s’estompe : ne comptent que le but, le dessein qui soutient le but et l’enchaînement des actes qui portent l’action jusqu’à son terme. C’est sans fin, l’action, en cela, proche du rêve qu’elle ignore superbement.

Deux mondes s’ignorent en s’interpénétrant, mais c’est le monde du jour qui l’emporte en dignité : personne n’accepterait de penser sérieusement que les rêves nocturnes informent les actions du jour, et pourtant…

Une chose est sûre : les rêves, suaves ou cauchemardesques, banals ou exubérants mettent en scène des pensées, des souvenirs, des impressions et des émotions à peine esquissées au cœur de l’action, oubliées, occultées aussitôt qu’entrevues pour les besoins de l’action qui ne tolère aucune surcharge : le monde de l’action n’aime pas la dispersion, l’association d’idées telle que la pratique le dormeur en plein rêve.

Des idées, des images, des mots forment une matière souterraine donc, mais souveraine, laissée en friche le jour, retravaillée durant la nuit qui porte conseil : les rêves, je le sens intimement, nous disent quelque chose de nous, de nous au milieu des autres en mélangeant tous les temps et tous les modes.


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Mon domaine
Jean-Michel Guyot

-1-

Tu te promènes tranquillement au milieu des vignes. Ce sont peut-être les tiennes ou bien celles d’un ami ou d’un proche parent…

Peu à peu, tu dois le sentir, ton regard est comme élargi. Il embrasse bientôt l’immensité bleue, pourtant tu as les yeux posés – posés, mais non fixés – sur la vigne bien ordonnée, et tu sens une légère brise, elle te caresse les joues, tu plisses les yeux un peu, tu as le regard embué légèrement.

Tout ce bleu te monte à la tête, il fait si beau aujourd’hui. C’est l’automne, déjà, et c’est presque encore l’été. Le fond de l’air est chaud et la brise qui te caresse les joues apporte ce rien de fraîcheur qui annonce, sans crier gare, le changement de saison ou bien alors, c’est l’inverse – mais qu’importe ! – ce rien de fraîcheur, qui te frôle les joues, le voilà qui lutine le fond de l’air encore chaud pour la saison. 

Au fond, c’est tout comme, c’est comme si le monde laissait en suspens quelque temps ces contraires trop bien faits pour venir de Dame Nature.


Lire la suite [...]

 

 

 

Panthéonade
Robert Vitton

Ce gâteau de Savoie ayant Hugo pour fève,
Le Panthéon classique est un morne tombeau.
Pour moi j’aimerais mieux – que le Diable m’enlève –
Le gésier d’un vautour ou celui d’un corbeau.
 

Georges Fourest (1867-1945)

 

Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle - nos frères dans l’ordre de la Nuit... Entre ici, Jean Moulin ! Entre… La porte, merde ! Je suis Jean Moulin. Vous pouvez m’appeler Max. Je suis né à Béziers en 1899, je suis mort dans le Paris-Berlin, à la hauteur de Metz, en 1943. Vous en avez un beau chapeau, dites donc ! On vous a inhumé au Père-Lachaise en 1944. Vous en savez plus que moi. Si nous sommes en 1964, vous en avez mis du temps ? Un de ces quatre, on nous ramène en poids et en volume l’Alexandre Dumas avec ses mousquetaires, vous verrez. Que ces forts en gueule livrent quelques bas-bleus pour dégeler mes locataires. Entrez ici, la Gouges, la Sand, la Colette, la Noailles, la Sévigné, la Ségur… Ce n’est pas la châsse de la sainte Geneviève qui les revigore. Qui va à la châsse perd sa place. Vous me l’avez enlevé de la bouche. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ! Putain, ils ne manquent pas de culot, les salauds ! On se casse l’échine pour la gloriole, peut-être ? Le lieu de repos des grands esprits honorés par la République ! J’en ai qui se retourne toutes les nuits dans leur tombeau. Je voudrais les y voir tous ces tresseurs de lauriers, tous ces bricoleurs d’auréoles, tous ces salueurs de couleurs à cul ouvert, tous ces coqeriqueurs à cocarde, tous ces triacleurs tricolores… Je voudrais les y voir ! La République ! Je vous en sers de la République ! Marie ! Anne ! La République est naît d’une chanson ! Marianne, c’est la fille du cordonnier sans-culotte le plus mal chaussé de Puylaurens. Le cordonnier-poète Guillaume Lavabre ? En chair et en os. Paraît-il, il écrivait d’arrache-pied, sans prendre sur son manger, ni sur son boire, ni sur sa sieste. La Poésie ne le lâchait pas d’une semelle, c’est le cas de le dire. A table ! Au lit ! En 1792, le Midi chantait La garisou de Marianno. La guérison ! Vous avez illustré Tristan Corbière… Le dessin humoristique, satirique… Un joli crayon ! Je peins des paysages… L’Autriche, la Prusse et la Russie ! À trois empereurs, opposons trois dates : le 14 juillet, le 10 août, le 21 septembre. Le 14 juillet a démoli la Bastille, et signifie Liberté ; le 10 août a découronné les Tuileries et signifie Égalité ; le 21 septembre a proclamé la République et signifie Fraternité. Liberté, Egalité, Fraternité, ou la mort, Victor ! Vous prendrez quelque chose, Jean ? Quelque chose derrière les fagots, sur les barriques en perce, entre les faisceaux de fusils, sur les canons… Si nous sommes en 1871, le drapeau rouge flotte sur le dôme ! Les Tuileries incendiées ! Vous avez travaillé le bois, remué de la terre… Menuisier, terrassier… J’ai même été téléphoniste. Agriculteur à Saint-Andiol… J’ai tenu une galerie d’art à Nice. Mais ça… Jean, des nouvelles de la République ? Ses torchons mensuels brûlent, ses hebdomadaires chargés de sable et de sel traversent des déserts, ses quotidiens nous font la vie dure… République ! Tu saignes discrètement à la une. Une bananeraie dans la raie entre deux males semaines ! Tes blancs-seings, tes seins blancs à la finance, à la soldatesque, à la flicaille… Des pavés publicitaires et des pavots ! Tu te pavoises comme une nave ; comme une Notre-Dame ! Dans tes tripots, tu tripotes mes friperies et mes macédoines littéraires, mes affaires de bibus, mes canevas effilochés, mon style de mauvais aloi, les fruits blets de mes hasards… Dans tes tripots, fais-tu cas de ma peau, de mes tripes ? Assise sur le seau hygiénique de l’Etat, elle répond à travers son bonnet, la Gueuse, la Semeuse de cornes ! Dreyfus, un point commun entre votre père et Zola. J’ai marché sur ses pas. Ma mère, elle, elle enseignait l’Histoire et la Géographie. Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau… Gavroche ! Je ne suis pas notaire, c’est la faute à Voltaire… Gavroche ! Je suis petit oiseau, c’est la faute à Rousseau. Gavroche, laisse Victor tranquille ! De temps en temps, il aimerait dormir sur ses deux oreilles. C’est mon fils. Trois longs jours sans école. Les enfants, on prépare leurs voies. Pile ou face ? Le prendre ou le laisser ? Saint-Exupéry, dessine-moi un pince-sans-rire ! Ma femme est de Besançon, la ville où Victor Hugo dit ses premiers mots. Gavroche, c’est pour ça. Moi, je suis du côté d’Aix… Aix-en-Provence où Zola passe enfance et adolescence. Si une fille nous vient, ce sera Nana. Maintenant, l’air natal, je le prends dans mes songeries… Des andains de lavande, des bourriches d’algues, des couffes d’ail, des amphores d’huile d’olive, des mistralades… Ma moitié, je l’ai rencontrée au Musée des Monuments Français. Nous y avons débuté notre carrière. Le chiffon, le plumeau, le balai… La poussière des siècles. La voir requinquer un gisant en cinq secs… Ni une, ni deux, j’ai demandé sa main. Sans parler des bas-reliefs, ni des colonnes. Et puis, on m’a proposé cette place au grand Temple du Quartier latin. Eglise, temple de gloire, église, temple de la nation…

 


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« MOBILE »
Stéphane Pucheu

de Michel Butor ( L’Imaginaire - Gallimard 1962 )

LU ET... APPROUVÉ

Le format du livre, c’est déjà les États-Unis, ce vaste continent qui s’étire, un continent très large, comme la lecture de la page, dans le sens strictement rectangulaire qui nécessite le soulèvement du papier, la première surprise de l’ouvrage. Le texte apparaît comme un concentré d’indications rassemblées sur une carte dont on fait défiler les nombreuses pages, plus de cinq cents au total.

Michel Butor nous propose un voyage loin des considérations politiques, en ce début des années 60 où, pourtant, les idéologies étaient particulièrement structurées. Il nous fait même oublier que les États-Unis, c’est la patrie du capitalisme sauvage dont les origines sont à retrouver à la fin du XVllème siècle, lorsque plusieurs bateaux de détenus, de protestants et de pauvres hères fuyant la famine européenne ont créé les fameuses treize colonies, au nord-est du pays.

La terre provisoire est devenue la terre promise.

Dans les années 50 et 60, l’Amérique est encore un continent où la nature domine. C’est ce que l’écrivain nous fait sentir à travers les multiples et disparates descriptions de paysages, à la manière d’un géographe, d’un poète, d’un voyageur inspiré. Sans chronologie, ce voyage semble improvisé et toujours en mouvement. Michel Butor évoque souvent la faune et la flore, dans un style très aérien. La phrase « whites only » revient fréquemment, pour signaler qu’en toile de fond, les Noirs ne sont pas au même rang.

Des extraits de discours politiques fondateurs, des apostrophes, des marques de voiture, des enseignes... et soudain, apparaît Washington, une ville grande, si grande qu’on dirait un continent dans le continent, une ville architecturalement très ordonnée, épicentre des Etats-Unis, et soudain apparaît son plan, sa majesté, pendant une dizaine de pages.

Puis, le voyage reprend, les Indiens et leurs légendes réapparaissent, accentuant le caractère sauvage de cet immense pays, ainsi que son mystère. C’est toute la culture américaine qui jaillit, finalement, avec le far-west, le blues, le rock et ses icônes, tels que Jim Morrison dont les textes et les chansons, quelques années plus tard, rappelleront aux Américains leurs racines indiennes.

Ensuite, surgit la figure du Christ, d’abord suggéré par le paysage religieux que sont les Etats-Unis et leurs innombrables congrégations, tout à coup réapparaît la présence du christianisme à travers les origines de la foi. Et là, force est de reconnaître, même si l’on est athée ou agnostique, les traits révolutionnaires d’une pensée multi-millénaire, d’une pensée qui accompagne l’histoire de l’Occident, jusqu’à sa destination géographique terminale matérialisée par l’Amérique, un pays irrigué par la foi, un pays illuminé... Et c’est comme si le Christ lui-même incarnait la vie du self-made man, un homme capable de renverser des montagnes.

A la fois traversée et survol, « Mobile » exprime cet intérêt français pour la liberté et non le système. C’est donc en voyageur sensible à la nature et au charme quotidien de certains gestes et rituels que Michel Butor évoque un grand pays, sauvage et mystérieux. Dès lors, on est plus à même de comprendre le peuple américain. Qu’il nous fascine ou qu’il nous irrite.

 

 

 

 

Nous recevons beaucoup de textes à publier, de livres à chroniquer, de manuscrits à insérer dans nos collections, sans compter la masse incroyable des Communiqués de Presse.

Et pourtant, il faut tout publier, tout ce qui vaut la peine de l'être - il faut parler des livres de nos confrères et des auteurs autoédités, il faut faire circuler les informations. Sans ce travail de fourmis, ce site n'aurait plus de raison d'être.

Nous allons donc nous organiser. Et si vous souhaitez nous aider à gagner du temps, tachez de nous remettre, toujours par email et en pièce jointe:

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T & P Nº 58.

la version "papier" du sommaire.

Format 20x25 cm - 154 pages.
avec 16 illustrations couleur pleine page de Ghislaine Valadou
présentées par Gilbert Bourson.

Dos carré collé.

avec
Josaphat-Robert Large - Cecilia Ambu - Benoît Pivert - Bernard Deglet - Gilbert Bourson - Carmén Váscones - Cécile Commergnat - Christiane Prioult - Daniel de Culla - Daniel Villermet - Paul Aimé Ekoumbamaka - Elkotfi Abd Elkabir - Éric Bertomeu - Fednel Alexandre - Fernando Ruiz Granados - Jean-Paul Gavard-Perret - Jean-Michel Guyot - Françoise Huppertz - Jalel El Gharbi - Jean-Michel Bollinger - Kacem Loubay - Saint-John Kauss - Liliana Celiz - Parviz Abolgassemi - El Hadji Malick Ndiaye - Serge Meitinger - Victor Montoya - Pablo Poblète - Patricia Scholtes - Rolande Scharf - Stéphane Prat - Thomas Vinau - Ulises Varsovia - Patrick Cintas - Francisco Azuela - Ghislaine Valadou.

Prix : 15 euros.
Port inclus en France métropolitaine.
Ailleurs, nous consulter.
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Textes & Prétextes
12 rue du docteur Jean Sérié
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Et il en sera ainsi chaque trimestre (janvier, avril, juillet, octobre)

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*À paraître en mai*

 

RALMag nº 4

 

Au sommaire :

 

NOTE : Le RALMag nº 4 aurait dû paraître en février. Un "cas de force majeure" l’en a empêché. Nous nous en excusons. Nous reprenons donc la série en mai avec un trimestre de décalage que nous ne rattrapperons sans doute jamais. Ce n’est pas bien grave...

 

 La collection

Plus de détails ici.

 

20x25 cm. Dos carré collé. 125 pages couleur + CD.
Présentation de la nouvelle collection NOIR
avec Valérie Constantin, Gilbert Bourson, Pascal Leray et Patrick Cintas
Abonnement (mai, novembre [nº double], février) : 60 euros.
Le numéro : 15 euros (mai et février) - 30 euros (novembre).
Port inclus en France métropolitaine.
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Nº 1 - texte intégral.
Sommaire nº 2-3

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Le numéro 5 en mai prochain.

 

T & P Nº 58.

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Format 20x25 cm - 154 pages.
avec 16 illustrations couleur pleine page de Ghislaine Valadou
présentées par Gilbert Bourson.

Dos carré collé.

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Josaphat-Robert Large - Cecilia Ambu - Benoît Pivert - Bernard Deglet - Gilbert Bourson - Carmén Váscones - Cécile Commergnat - Christiane Prioult - Daniel de Culla - Daniel Villermet - Paul Aimé Ekoumbamaka - Elkotfi Abd Elkabir - Éric Bertomeu - Fednel Alexandre - Fernando Ruiz Granados - Jean-Paul Gavard-Perret - Jean-Michel Guyot - Françoise Huppertz - Jalel El Gharbi - Jean-Michel Bollinger - Kacem Loubay - Saint-John Kauss - Liliana Celiz - Parviz Abolgassemi - El Hadji Malick Ndiaye - Serge Meitinger - Victor Montoya - Pablo Poblète - Patricia Scholtes - Rolande Scharf - Stéphane Prat - Thomas Vinau - Ulises Varsovia - Patrick Cintas - Francisco Azuela - Ghislaine Valadou.

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Sans oublier le chantier des
Contenu : Réflexion et création. Numéros thématiques, anthologiques ou consacrés à un auteur, leur objectif est de communiquer le travail des auteurs publiés ou non par le Chasseur abstrait.

 

La RAL,M c'est maintenant

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Le Portail du Chasseur abstrait a commencé il y a plus de dix avec les sites de ses créateurs :

[Valérie Constantin] & [Patrick Cintas]

Ces deux sites sont en constante évolution. On peut les consulter [ICI].

Valérie Constantin & Patrick Cintas ont été rejoints il y a peu par Pascal Leray qui entretient un blog richissime que nous vous proposons de découvrir. Vous pouvez y participer librement.

À noter que les auteurs publiés par Le chasseur abstrait peuvent disposer de notre hébergement pour installer leurs sites officiels s'ils le désirent.
Galerie de Valérie Constantin
! Auteur du Chasseur abstrait !
Consulter le Catalogue

Dans tous ces livres, la caractéristique commune est le rejet de l´illustration, au sens traditionnel du mot, c´est à dire une illustration servile et littérale, qui a pour fonction principale celle d´adapter l´écrit au lecteur.

Ici, l´illustration est parallèle au texte. Le texte et l´image vont de pair. Ils sont associés de telle manière que l´on ne lit pas l´un sans regarder l´autre. C´est leur globalité qui s´offre au regard du lecteur.

C´est ce que je cherche quand je mets en image un écrit.

Lorsque une lecture m´émeut, me bouleverse, m´ensorcèle, j´ai besoin de la traduire, de l´écrire avec les mots qui sont les miens : la ligne, le point, la couleur.

Cette rencontre avec un autre artiste va générer toute une angoisse liée à la création même : les tâtonnements, les inquiétudes, les détours, les directions, les découvertes. Jusqu´à trouver les matières, les rythmes, les couleurs, la composition. Jusqu´au moment où ça y est, c´est ça... où l´objet-texte est devenu l´objet-œuvre... où l´image dit ce que le texte suggère... où l´osmose est créée... où le texte illustré peut être proposé à l´écrivain, au poète. Alors une autre histoire commence...

Ce que je recherche dans ma démarche de peintre illustrant (au bon sens du terme), c´est que mes images rendent l´œuvre nécessaire.

Valérie CONSTANTIN

 

Blog de Pascal Leray
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La princesse néantiste me fait de grands signes, m'invitant à l'écouter. Je me prends avec elle à imaginer une femme (elle lui ressemble assez, d'ailleurs) qui se tord de douleur sur un banc, à un rond-point, le journal de la veille sur les genoux. « Comment se peut-il qu'une fraction de l'univers, si infime soit-elle, puisse rester dans l'ignorance de telle autre, pour éloignées qu'elles paraissent ? » Car l'univers est un, un comme la vérité est une, n'est-ce pas ? La princesse rit de sa voisine, qu'elle appelle Aine, je crois. Or, le journal relate ce jour-là un fait dont elle a été le témoin quelques jours auparavant. Un accident dont il lui était assez pénible de se souvenir. Mais la réalité de l'article et celle de la photographie ne correspondent en rien à ce qu'elle a vu elle-même. Le jour et l'heure ne sont pas les mêmes, d'autres détails divergent. « L'accident relaté dans le journal ne doit pas être le même que celui dont j'ai été le témoin », se dit-elle. La princesse nous mime majestueusement les attitudes embarrassées de sa voisine, nous nous tordons de rire ! Mais l'accident relaté dans le journal ne peut pas être un autre que celui auquel elle a assisté. Alors, elle lit l'article en boucle, tout en cherchant à se rappeler ce qu'elle a vu. Chaque détail qui lui revient en mémoire, elle le soumet à une critique rigoureuse, puis cherche de cet élément une trace dans l'article pour comparer les deux versions.

Extrait de L'accident récursif L'oeuvre de Pascal Leray a fait l'objet d'un "numéro spécial". On y trouvera sa participation évolutive à la RAL,M et le catalogue de ses oeuvres publiées par Le chasseur abstrait :

 

Blog de Patrick Cintas
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L'idée d'enfermer le monde dans un bocal pour que les autres puissent le contempler à travers les imperfections de transparences héritées de choses aussi bornées que la langue, la littérature, est sans doute la première qui vient à l'esprit quand le moment est si mal choisi d'annoncer qu'on a décidé de devenir écrivain. Annonce faite à soi-même d'abord, rarement avec autant de sincérité auprès des autres, leur farouche opposition est un avertissement. L'effort d'abstraction venait de cette lutte où l'allégorie servait de prétexte à l'analyse qui détectait en vous une ironie prometteuse de conflits sinon insurmontables du moins destructeurs et par conséquent mesurables. Que de temps passé encore à appliquer des lois apodictiques aux gouttes de sang versées dans ces inutiles mais inévitables conversations de tous les jours! Le prix fut exposé sur la porte de votre chambre. Vous n'entriez plus dans les lieux de votre chance sans calculer la croissance phénoménale de cette nouvelle existence. Il s'agissait bien de raconter une histoire qui ne fût pas seulement la vôtre.

Le Portail du Chasseur abstrait héberge d'autres sites d'intérêt : Galerie Artistasalfaix - galerie d'art actuellement indisponible pour cause de maintenance.

Bortek - site de théâtre en attente de propositions sérieuses.

Dictionnaire philosophique de Voltaire - un des grands succès de notre site (plus de 3000 téléchargements quotidien) - On peut lire cet énorme ouvrage en ligne et télécharger l'oeuvre intégrale au format PDF.

Sur Blogg.org - un blog de nouvelles pour diffuser aussi sur d'autres canaux moins spécialisés.
Voir le [Accueil].
Nous vous invitons à découvrir ce mois-ci le Dictionnaire philosophique de Voltaire (lecture en ligne et téléchargement gratuits).
Dictionnaire philosophique
de Voltaire
Le philosophe n'est point enthousiaste, et il ne s'érige point en prophète, il ne se dit point inspiré des dieux; ainsi je ne mettrai au rang des philosophes, ni l'ancien Zoroastre, ni Hermès, ni l'ancien Orphée, ni aucun de ces législateurs dont se vantaient les nations de la Chaldée, de la Perse, de la Syrie, de l'Égypte et de la Grèce. Ceux qui se dirent enfants des dieux étaient les pères de l'imposture; et s'ils se servirent du mensonge pour enseigner des vérités, ils étaient indignes de les enseigner; ils n'étaient pas philosophes: ils étaient tout au plus de très prudents menteurs.[...]

Distinguons dans tout auteur l'homme et ses ouvrages. Racine écrit comme Virgile, mais il devient janséniste par faiblesse, et il meurt de chagrin par une faiblesse non moins grande, parce qu'un autre homme, en passant dans une galerie, ne l'a pas regardé: j'en suis fâché, mais le rôle de Phèdre n'en est pas moins admirable.[...]

Voir aussi Wikipedia

Services gratuits
Les outils de communication du Portail du Chasseur abstrait sont très utilisés en ce qui concerne: [S'inscrire à la newsletter] [Recommander le site] [Contact]. Voir le [menu en haut de page], dernière ligne. Ces outils sont en effet communs à tous les sites. On a l'habitude de s'en servir et on en mesure très bien l'utilité.

Une explication s'impose :
Communiqués de Presse [Communiqués de Presse]
Le CP, communiqués de Presse, est sans doute l'outil de communication le plus efficace et le moins onéreux. Ce qui explique sa très fréquente utilisation par tous ceux qui souhaitent communiquer des informations publicitaires ou autres.

Nous recevons nous-mêmes par email quelques dizaines de CP chaque jour - sans nous plaindre de cet assaut quotidien qui ne constitue en rien un abus à nos yeux. C'est bel et bien de la communication venant d'éditeurs et d'auteurs qui souhaitent à bon droit faire passer une information sur le média inconstestable qu'est notre Portail du Chasseur abstrait.

Hélas, nous ne pouvons assumer la tâche considérable qui consisterait à mettre en ligne, chaque jour, ces nombreux et utiles CP.

Nous mettons donc à la disposition de ceux qui souhaitent faire passer leur message un outil facile d'utilisation et efficace en toute liberté - à savoir notre système de "Publication libre"...

 

Le mois prochain
Nouveautés de la RAL,M
Pas un mois ne passe sans cette hyperactivité qui caractérise Le chasseur abstrait et ses amis auteurs et lecteurs. Des années qu'on s'échine et qu'on s'organise dans une joyeuse confusion...! Personne ne peut dire qu'on n'a pas fait du chemin...! C'est le genre de la maison...!

 

Nouvelle RAL,M

Chaque mois, une page éditoriale

Octobre 2010. La nouvelle RAL,M est née. Qu'est-ce qui a changé? Et bien le Chasseur abstrait a maintenant son propre site. Les catalogues et les nouvelles des auteurs publiés sont donc transférés dans ce nouveau site. La RAL,M revient a sa vocation première : la publication en ligne et les revues "papier". Et redevient entièrement le chantier littéraire et artistique dont les auteurs, quels qu'ils soient, ont besoin. Et c'est aussi l'endroit où Le chasseur abstrait rencontre ses futurs auteurs. Pour plus d'informations, consulter la nouvelle ligne éditoriale de la RAL,M :

Ligne éditoriale : 

 

2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

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