Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Goruriennes (Patrick Cintas)
On donne beaucoup pour limiter les effets de la bite des Grands Enculeurs

[E-mail]
 Article publié le 4 novembre 2013.

oOo

Ça m’rendait inoffensif comme si les mouches m’avaient jamais fait chier pendant la sieste.

*

Ya plus d’Iraniens sur la Terre, John. La bombe leur a pété dans les doigts. Ça sentait la rose et le pied de mollah. Vous trouverez ces échantillons significatifs au Musée de la Connerie Humaine. C’est gratuit pour les infirmes…

*

Refaire le chemin avec moi, depuis ce jour où j’ai perdu les pédales parce que je jouais à la belote pour la première fois et pour pas me distinguer des autres que papa lançait à ma poursuite comme une meute de chiens qui jouaient aussi à la marelle s’il y avait des filles au dessert.

*

Au bord d’une langue qui se cherchait encore des raisons de pas servir la patrie au-delà du raisonnable, voire du supportable raisonnablement.

*

Il était limité dans le temps, comme une horloge à ressort ou à pile. Il avait d’ailleurs cet air vertical qui sert à combler un vide au bout du couloir. Quand j’y pense, je m’suis montré beaucoup moins servile durant toute mon existence et plus utile aussi.

*

Les branches annexes compliquaient mon arborescence, à tel point qu’on pouvait se demander comment le système avait estimé que ma candidature n’était pas en contradiction avec le phénomène du remplacement sécuritaire. J’en savais rien moi-même. J’avais pas caché mon enfance ruinée par la santé mentale d’un père qui buvait avec joie au détriment du bonheur familial et par les activités clandestines d’une mère qui lessivait au lieu de se laisser embarquer dans des amours ancillaires que papa n’aurait pas appréciées en dehors de la pratique du boulevard.

*

En attendant, j’étais malheureux comme un oison tombé du nid, piaillant au pied de l’arbre, voyant distinctement le nid et les frérots et incapable de comprendre ce qui m’était arrivé : j’avais été poussé, oui ou non ?

*

Je pouvais voir la Seine et un pont qui l’enjambait sous les coups de pied des passants pressés d’en finir avec les apparences.

*

On voyait son profil sur l’écran. Il avait un nez gonflé par d’innombrables interventions chirurgicales qui constituaient le fil d’Ariane de sa vie secrète, un peu comme ma main droite avait subi tous les écrasements possibles et imaginables, ce qui expliquait la phobie des interstices de ma vie d’adulte.

*

J’enfilai une combinaison de service dans le sas. Un jouet à deux trépignait de l’autre côté de la paroi transparente. J’avais jamais piloté un truc aussi petit. Ils avaient dû inventer un moyen de faire entrer là-dedans deux types costauds qui ménageaient pas la bonne bouffe et le météorisme qui leur collait à la peau qu’ils voulaient sauver à tout prix de l’ennui et de la banalité. Ah ! J’étais pas bien parti pour rigoler avec les autres !

 

*

Zaimez pas le duty free ? Ils sont chics, ces bicots : ils vous demandent pas d’y croire, seulement de payer. Profitez-en avant que la Réalité nous revienne comme une balle lancée contre le mur de l’adversité. Achetez-vous des chaussettes à la mode ou n’importe quoi pourvu que ce soit à la mode. Vous finirez par vous moquer de vous-même, vous verrez. On est pas chien à Shad City ! Ouah ! Ouah !

*

Il avait acheté des trucs qui se mangent seul, jamais en compagnie, ce qui me mettait un tas d’puces à l’oreille.

*

À quoi vous pensez, John ? À des cochonneries ? J’ai la tête pleine de cochonneries moi aussi. Faut trouver la femme que ça fait marrer et qui voit pas d’inconvénient à être payée pour ça. C’est pas tout rose, les vacances. Si j’vous racontais !

*

J’ai perdu de vue tous mes amis d’enfance. On les retrouve jamais, John, ou alors c’est pour se raconter des histoires raccourcies comme des frapes à la noix. L’existence est un tribunal qui s’achève par la pratique du simulacre. On reconstruit rien après avoir déconstruit au lieu de détruire carrément. Ah ! C’que je peux être amer, des fois.

*

Moi, les contestations, ça m’inspire pas. J’ai toujours cette impression que je ferais mieux de la fermer et de me livrer à d’obscurs sabotages qui pourrissent par exemple les transports en commun ou le renseignement médiatique.

*

Je pénétrai dans la boutique pour chier le Monde sans me faire remarquer. Sauf que la mécanique qui me porte n’est pas d’aussi bonne qualité que les distributeurs de café. J’avais d’la p’tite monnaie, des kopeks à une face qui valaient encore quelque chose dans ce Monde de yuans. J’en glissai quelques-uns dans la fente et le compteur se mit à débiter le menu avec la voix d’Issac Hayes qui salivait sur les touches parce qu’yavait quelqu’un sous son piano. J’avais droit à une boulette et à une boisson chaude à condition de compléter le choix des ingrédients. Ces distributeurs chinois parlent russe si on les gave de kopeks et japonnais si on fait crédit.

*

Les nouvelles n’étaient pas bonnes à cause de la « crise ». Ça crisait dans tous les domaines de l’activité humaine. J’ai jamais compris que des minables qui se mettent au service des entreprises et des institutions font chier le Monde avec des revendications qui augmentent leur dépendance alors que leur intelligence devrait les pousser à se sortir du carcan identitaire. Ils se montraient à la télé avec un nez rouge et des signes de guerre fantaisistes tracés au doigt sur leurs joues. Ou alors je m’gourrais et j’confondais avec une partie de fous-le-bol.

*

On sait tous que les prisons sont remplies d’une majorité de connards qui ont commis une erreur et d’une minorité de véritables causeurs de troubles, des mecs qui ont un peu exagéré avec la lecture entre les lignes du Code pénal, alors que les connards n’ont jamais lu les résumés pathétiques de l’Instruction Civique.

*

Kol Panglas était blasé depuis si longtemps qu’il s’rappelait plus pourquoi il avait choisi le Droit et pas la Science. Sans doute parce que le Droit n’est pas une Science, mais une religion de la Révélation, du Compromis et des Usages établis une bonne fois pour toutes par des bandits des grands chemins de l’existence qu’avaient même pas idée de c’que c’est une expérience scientifique. Dans cette merde de société qui détruit avant la mort tout ce qui lui tombe dans les mains, on confie le Droit à des guignols incapables d’envisager le raisonnement scientifique sans passer clairement pour des cons — et l’Ordre au rebus de l’échec scolaire, des marioles qui entrent dans l’uniforme sans sortir de leurs carences intellectuelles et créatives.

*

J’étais nerveux et incapable de suivre une conversation destinée à faire passer le temps sans l’épuiser. J’en avais marre de caresser le mur et de me faire enculer. J’avais envie d’une tangente à défaut de trouver la formule magique du passe-muraille. J’ai vraiment pas idée de ce qu’il faut donner pour se sentir heureux une bonne fois. Pourtant, on donne beaucoup pour limiter les effets de la bite des Grands Enculeurs. Mais c’est pas c’qui va m’pousser à descendre dans la rue pour faire la manche syndicale et proposer un trou du cul artificiellement rétréci par application de la sagesse populaire. J’veux bien remplacer, mais dans les limites de l’illusion, pas plus.

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -